Energie : Solaire, éolien – l’incroyable énergie vitale des industries chinoises

Après l’annonce des taxes anti-dumping de l’Union Européenne sur les panneaux solaires (12%, voire le quintuple à partir d’août, à moins de trouver accord d’ici là), les industriels chinois dévoilent leur « plan B » pour continuer à fournir l’Europe… en délocalisant ! C’est une réaction générale, qui laisse deviner qu’elle a été coordonnée. 

Canadian Solar veut produire entre Asie, Afrique du Sud, Arabie Saoudite et Turquie. Sunergy produit déjà à Istanbul. Jinko Solar bâtit en Afrique du Sud et au Portugal. Trina Solar (n°2 mondial), Yingli (n°1) et Suntech ne se sont pas encore dévoilés.

Rassuré par la perspective de pouvoir contourner les taxes de l’UE, le ministère chinois du Commerce attend au chaud, sans rien céder. Au contraire : à ses rétorsions contre l’automobile de luxe et le vin, il ajoute (27/06) une taxe pour 5 ans, sur la chimie de l’UE : 19,6 à 36,9% sur l’import de toluidine, produit d’usage courant dans les colorants, les pesticides et la pharmacie. Un message est perceptible : en cas de conflit commercial généralisé, c’est l’UE qui aurait le plus à perdre…

En fait, ces géants du solaire et Pékin n’ont pas le choix. En 2013, les groupes d’équipements en énergies renouvelables ont 3,5 milliards $ de dette à rembourser sous peine de faillite.

Pendant ce temps, après des années de croissance échevelée, Sinovel, n°3 chinois des éoliennes, est rattrapé par la justice. Ce groupe pékinois avait fait sa place en 10 ans, soutenu par New Horizon Capital, groupe de Wen Yunsong, fils de l’ex-1er ministre Wen Jiabao. En 2011, Sinovel équipait ses turbines en micro-PC fournis par American Superconductor (AMSC). Or depuis l’Autriche, D. Karabasevic, ingénieur serbe du groupe, avait secrètement accepté de livrer le code source de cet équipement à Sinovel, moyennant un contrat d’ embauche, 1,7 million de $ et d’autres privilèges. Puis Sinovel avait vendu, y compris aux USA, 1000 turbines équipées du matériel piraté.

C’est ici qu’entre en jeu le mécanisme d’espionnage planétaire dévoilé par E. Snowden, le transfuge de la NSA. En interne, AMSC aurait d’abord retrouvé des centaines d’emails entre Karabasevic et ses interlocuteurs chez Sinovel, Su Liying et Zhao Haichun. Puis le FBI, par son accès illimité aux archives de Google et Yahoo, aurait détricoté le reste. 

Résultat : le 27/06, le ministère fédéral de la Justice inculpe, pour espionnage industriel, la firme et ses 2 cadres, décrivant leur conduite comme « tentative préméditée…d’assassinat d’une entreprise ». Estimant son préjudice à 1,2 milliard de $ et à 500 emplois perdus, AMSC poursuit trois actions en justice et un arbitrage à Pékin. Aux USA, la sanction max. pour les 3 chefs d’inculpation peut atteindre 4,8 milliards de $ d’amende. 

A Pékin, le torchon brûle pour Sinovel, qui vient de perdre son second Président en 2 mois, et qui est entendu par la Cour Suprême sur la plainte en Chine d’AMSC. Il est aussi visé par la CSRC, tutelle financière, pour avoir falsifié ses profits de 2011. Il admet déjà les avoir exagéré de 20%, à 598 millions de ¥. La vraie dégringolade avait eu lieu en 2012, où sa part des commandes nationales avait chuté de moitié, à 10%. Elle s’accentue au 1er trimestre 2013 avec un chiffre d’affaires à moins 41%, à 684 millions de ¥. Pas de doute, après avoir mangé son pain blanc, le groupe entame à présent son pain noir !

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