Société : Le Xinjiang reste chaud

Au Xinjiang, immense désert (deux Turquie, 22 millions d’habitants dont 9 millions de musulmans sunnites de langue turmène), ces dernières années, de graves incidents n’ont cessé d’arriver. 

Le dernier eut lieu le 26/06 à Lukqun, 30.000 habitants en plein désert, à 90% Ouighours. Des centaines de paysans se sont jetés sur les commissariats, la mairie, un chantier, tuant au gourdin ou au couteau, tout en incendiant édifices et voitures de police, jusqu’à ce que du renfort n’arrive pour imposer une paix de plomb. Dernier bilan : 36 morts ! 

Le même schéma s’était vu ailleurs au Xinjiang le 21 avril 2013 (21 morts), 15 autres égorgés à Yechang (Kashgar) en février 2012, 14 tués à Hotan en juillet 2011, 17 en août 2008 à Kashgar, et surtout 197 assassinés à Urumqi en juillet 2011… Une même référence « culturelle » semble se reproduire à travers ces attaques : celle de l’intifada où des fidèles extrémistes acceptent le martyr pour entraîner dans leur disparition un nombre d’occupants Han. 

Pourtant, la Chine ne compte pas ses efforts d’investissements pour équiper la province, l’éduquer et la développer par l’agriculture (coton, fruits, blé) et surtout par l’exploitation des énergies (charbon, hydrocarbures). Les Ouighours se voient offrir des postes dans les universités, l’administration. L’islam est respecté—pour peu que l’imam soit formé au séminaire officiel, la paroisse déclarée, tout comme ses activités. 

Mais comme au Tibet, la critique n’est pas tolérée, même au nom de la spécificité ethnique. Des conflits surgissent, sur la croissance des écoles coraniques que la Chine ne sait pas endiguer ; sur le contrôle des bonnes terres, de l’eau, du pétrole, ou des crédits qui invariablement reviennent à l’ethnie Han. Pakistan et Kazakhstan proches, offrent refuges à ceux qui ont enfreint la loi. Et les cadres semblent parfois avoir du mal à enjamber le fossé qui les séparent de la population autochtone, tel ce vice-gouverneur provincial Shi Dagang qui considère (mai 2013) les Ouighours « trop occupés à chanter et danser pour penser à se révolter ». 

Tous ces signes semblent suggérer que le Xinjiang lui aussi, avec nostalgie profonde, reste dans l’attente de cette stratégie de réconciliation vers la quelle Pékin apparaît sur le point de s’engager, au bénéfice du Tibet voisin !

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