Politique : Au Guizhou, le véritable goût du Maotai

Dans la province du Guizhou, pionnière en lutte anti-pauvreté, en stockage des big data et souvent tremplin politique de leaders, l’anti-corruption s’active comme jamais. Et la chute de très hauts cadres publics fait un effet domino dans le secteur privé.

En avril, le vice-gouverneur Wang Xiaoguang est exclu du Parti et démis de sa charge. Accessoirement accusé de lire des titres étrangers « politiquement incorrects », il est inquiété pour délits d’initié, et d’avoir mené une vie hédoniste (il s’offrait des orchidées – sa passion – jusqu’à 150.000 $ la plante) et dissolue. Les yeux se tournèrent alors vers Maotai, célèbre producteur d’alcool de sorgho. Trente jours après la chute de Wang tombait Yang Renguo, PDG du groupe depuis 2011, forcé par la commission disciplinaire à quitter ses fonctions. Il venait d’être précédé par trois autres dirigeants de l’entreprise, le DG-adjoint, le vice-secrétaire du Parti et un 3ème membre du conseil d’administration. L’enquête venant d’être relancée le 7 décembre, le procès de Yang semble n’être plus qu’une question de temps, mettant au jour ses liens avec Wang Xiaoguang, l’ex-gouverneur adjoint. Il pourrait aussi apporter des explications sur les cas de fausses bouteilles de Maotai (7,488 saisies en janvier à travers le pays).

Suite à la chute de Wang Xiaoguang, un nouveau vice-gouverneur provincial, Pu Bo, était nommé. Mais à peine 102 jours après sa nomination, Pu tombait à son tour. Le 2 novembre, la vidéo de sa confession était diffusée par la CCID, précédant son inculpation le 28 novembre pour corruption, ayant « monnayé son influence via les jeux d’argent » au mah-jong. Au cours de sa carrière dans le Sichuan, il aurait entretenu des liens étroits avec le groupe Taihe Health Technology de Chengdu, second poids lourd de l’agro-business (14,5 milliards de $) dans la région, dont le PDG Wang Renguo a « disparu » plusieurs fois depuis le début de l’année… Pourtant, Pu était souvent considéré comme un cadre modèle, ardent soutien du développement local et manquant rarement les réunions de la commission de discipline.

A l’échelle nationale, 350.000 cadres ont été sanctionnés depuis le début de la campagne d’austérité et anti-corruption lancée par Xi Jinping il y a six ans. En 2018, elle attrapait dans ses filets 25 « tigres » de rang provincial ou ministériel tels que Wang Xiaoguang, Pu Bo, ou encore Meng Hongwei et Nur Bekri. Une liste à l’évidence appelée à s’allonger dans les temps à venir…

Avec Alex Payette

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