Politique : Nur Bekri— La chute d’un emblème ouighour

Le 20 septembre, un vol spécial en provenance de Moscou, atterrissait à Pékin, de retour d’une visite à Vladimir Poutine. En descendait Nur Bekri (57 ans), chef de la NEA (Agence Nationale de l’Energie), emmené par la NSC, Commission Nationale de Supervision. Nur est accusé de « sérieuses fautes disciplinaires… ayant nui au secteur de l’énergie ».

Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant de la NEA est arrêté, l’agence ayant sonné le glas de nombreuses carrières. Depuis sa fondation en 2009 (auparavant ministère de l’Energie), onze de ses hauts cadres ont chuté, dont Liu Tienan, prédécesseur de Nur, condamné à la perpétuité fin 2014.

La NEA ferait-elle tourner les têtes, avec ses contrats en milliards de $, afférents à des projets prioritaires aux 4 coins du pays, pouvant donner aux cadres l’impression fallacieuse d’être au-dessus des lois ?

D’origine ouighoure, la carrière de Nur semblait prometteuse, le faisant dès 2007 Président (gouverneur) du territoire autonome du Xinjiang. En 2012, 9 cadres de la « 6ème génération » (nés après 1960), dont Nur Bekri, étaient élus au Comité Central. En 2014, il poursuivait son ascension à Pékin comme Président de la NEA et n°2 à la NDRC. Cependant les ennuis ne tardèrent pas : à Urumqi peu après son départ, deux de ses proches collaborateurs (son chef de cabinet Alimjan Mehmet Emin, son n°2 de terrain Li Jianxin) étaient limogés et mis sous enquête pour corruption, probablement sous l’impulsion de Chen Quanguo, le nouveau Secrétaire du Parti. Puis en novembre 2017, lors du 19ème Congrès, Nur perdait sa place au Comité Central—indice d’une mise à l’écart.

 En l’absence de toute précision sur les charges pesant sur lui, on en est  réduits aux conjectures. Une accusation de corruption est probable—elle serait bien conforme à la ligne de Xi Jinping, de tolérance zéro envers les « tigres », hauts cadres s’étant mis en délicatesse vis-à-vis de la loi.

Mais la chute de Nur représente une perte sévère pour le régime : il est le fruit de décennies d’investissements de Pékin pour intégrer l’élite ouighoure à son gouvernement. Pour un régime se revendiquant multi-ethnique, désireux d’intégrer un corps de fonctionnaires locaux, compétents et loyaux, c’est un échec.

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0.28/5
18 de Votes
Ecrire un commentaire