Agriculture : Cris d’orfraie au Henan

Branle-bas de combat au Henan en plein scandale du blé. Sinograin, monopole du stockage, achète les récoltes, les stocke et les revend. Il les paie au dessus du cours mondial, dans le but louable de garantir à la nation un approvisionnement correct et au paysan, un revenu décent. Mais le système ouvre la porte à toutes sortes de « magouilles » sur la qualité ou l’origine des céréales.
S’interposant entre producteur et marché, Sinograin encourage aussi le paysan à faire du volume sans viser la qualité. Au final, les silos croulent sous des stocks invendables, et la réserve nationale dépasse de loin les 15% d’une récolte – ce qui est la norme de la plupart des pays développés.

En 2010, Sinograin dut confier, faute de place disponible, 16.000 tonnes de blé à Jinshuo, stockeur privé. De qualité incertaine, ce blé resta longtemps sans preneur. Testé en 2014, il fut trouvé impropre à la consommation : il ne pourrait plus aller qu’en aliment du bétail, ou distillé.
Enfin après 12 mois, Sinograin finit par trouver acheteur. Mais en un coup de théâtre, Jinshuo refusa alors de déstocker : il attendait le défraiement de son service, dépassant un million de yuans par an. On note au passage que Sinograin disposait pour ce stockage, d’un budget de 70¥ la tonne, mais avait réussi à négocier avec Jinshuo 50¥/tonne. Ainsi, même en versant son dû au groupe de silos, il aurait réalisé des profits sans lever le petit doigt.

Toujours est-il qu’aucun accord n’a été trouvé. Plutôt que de payer, Sinograin préféra tergiverser. Jinshuo alors, qui maintenait 24h/24 ce stock sous ventilation et fumigation anti-vermine, arrêta les frais… 18 mois plus tard, en avril, Sinograin finit par obtenir en justice une injonction à Jinshuo de libérer le blé : ce fut bien sûr pour le retrouver moisi, infesté de charançons !

Mais qui paiera les pots cassés ? Le stockage de Jinshuo et ces 16.000 tonnes de blé de Sinograin disparues corps et bien ? Chaque partie accuse l’autre  de violation de contrat. Les internautes aussi s’indignent, pensant aux temps du grand bond en avant où par millions, on mourait de faim.

D’autres questions suivent, inévitables : comment associer à l’avenir le paysan à la gestion du marché, l’intéresser à produire dans les volumes et qualités attendus ? Comment mettre un terme à de tels incidents ? Jusqu’à 35 millions de tonnes de céréales seraient perdues chaque année, au grand bonheur des oiseaux, des rongeurs et de la vermine… Un bon début de solution pourrait consister à considérer que Sinograin a fait son temps, et déréguler en Chine le commerce du grain.

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1 Commentaire
  1. severy

    J… j… j’v…j’vois… un’ sol… un’ sol… un’ solution à c’… à c’… à c’problème…
    Y suff… y suff… y suffit d’… d’… d’ distiller… les gr… les gr… les grains
    p… pour en f… pour en f… pour en faire d’… d’… d’l’eau d’… de l’eau d’…
    d’l’eau d’vie!

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