Vent de la Chine : Trois livres, regards du dehors

Trois livres, regards du dehors

Le Vent de la Chine vous présente trois livres dédiés à la Chine, ses professionnels, ses pratiques d’affaires, et ses anecdotes.

« Les nouveaux éclaireurs de la Chine »

« Les nouveaux éclaireurs de la Chine », d’Edith Coron et Anne Garrigue (éditions Manitoba/Les Belles Lettres) traite de l’interculturel, observant comment les milieux professionnels chinois et étrangers s’hybridisent par la découverte des modes de fonctionnement respectifs.
On y retrouve le métier d’Edith Coron qui a « coaché » des centaines d’experts et techniciens expatriés et chinois pour les aider à mieux vivre ensemble.
Anne Garrigue, est l’auteur de plusieurs livres sur l’Asie où elle a vécu pendant plus de 20 ans.

Elles ont passé 5 ans à enquêter et interviewer en Chine, des profils on ne peut plus divers, de tous métiers et de tous âges qui décrivent leurs vécus, leurs opinions, leurs espoirs, leurs déceptions – sur cet univers pluriculturel. Ils sont Chinois ou Français, mais aussi Japonais, Coréens ou Américains. On croise parmi eux une journaliste chinoise, partie étudier à l’étranger, qui ne se retrouve plus dans ce métier de retour en Chine ; le manager américain devenu président de Huawei ; le « returnee » des Etats-Unis, fondateur de Sina.com ; un ancien n°1 du groupe Michelin en Chine…

Le style journalistique est celui de l’observation au quotidien. A tous ces êtres, les auteurs demandent de confier leur regard sur l’Autre. 

En épilogue, le livre tente une définition de l’hybridation : pour les auteurs, c’est la planète en cours de mondialisation ultrarapide, qui découvre à travers l’éveil chinois, la complexité infinie de sa société, ses différences, et qui les « digère ». Les hommes étant passés par l’expérience interculturelle peuvent alors « se penser hybrides, se choisir et se revendiquer comme tels ».

« International Business Ethics-Focus on China »

« International Business Ethics-Focus on China » (Springer Verlag) de Stephan Rothlin et Dennis McCann est un ouvrage universitaire, traitant des brûlantes questions d’éthiques, gardant en filigrane cet axiome : le « bon comportement » est le plus court chemin vers la réussite, dans le monde, comme en Chine. 

Citoyen helvétique, Stéphane Rothlin SJ est Directeur de l’Institut Ricci de Macau et PDG d’une entreprise de consulting en RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), enseignant dans des écoles de commerce de Chine, dont l’UIBE. Il anime aussi une revue de droit des affaires éthiques, et un master en chinois sur internet, comptant 5000 étudiants. 

La force de l’ouvrage, fruit de 20 ans de recherche, est de mettre en résonnance des concepts de l’économie mondialisée, d’autres de la sagesse chinoise antique, et des situations tirées de l’actualité la plus brûlante. Le thème de la fraude est introduit à partir du scandale de la FIFA, et compare les dégâts d’une carambouille géante, à la déchéance d’un Sepp Blatter. 
Ici, l’économie entière est vue comme un jeu avec terrain, ballon, équipes en lutte. Historiquement, le jeu est la pensée stratégique et le fondement de la stratégie commerciale. En philosophie antique, Mencius voit dans ce jeu une forme de « culture de soi » développant le sens de la propriété (比 bi), de l’intelligence (知 Zhi) et de la bonté (仁 ren). Mais il y a des limites morales, et légales, contraignantes pour les joueurs, pour rester dans le jeu, et gagner : c’est le vieil adage de Confucius de la Voie (道 dao), « ce que tu ne veux pas souffrir pour toi même, ne l’inflige pas aux autres ».

À travers cette trame, le livre analyse dans une perspective chinoise les différents éléments du jeu : la technologie de l’information, la philanthropie, les coopératives de crédit, la responsabilité sociale d’entreprise ; l’éthique face à la protection de l’environnement, et la taxe Tobin envisageant de ponctionner comme outils de gouvernance les profits spéculatifs.
A travers tous ces horizons, les auteurs n’oublient pas de rappeler discrètement leur propre message, ce que la Bible a à dire sur ces sujets…

Pour McCann et Rothlin, en ce sport propre que doivent les affaires, apparaît un personnage idéal : le « top notch manager », chef d’entreprise hors pair capable de concilier une compétence technique sans faille et un leadership moral incontesté. 

« Pop-corn et Chine pop »

Après ces deux plats de résistance, le lecteur se verra proposer un petit dessert d’une légèreté bien appréciée : « Pop-corn et Chine pop », par Anne Depaulis (auto-édition, c/o depaulisanne@gmail.com) est le récit d’un semestre d’études en 1986 à l’université Beida de Pékin, avant l’explosion consumériste de la Chine du XXIème siècle. 

Ce petit livre regorge d’anecdotes charmantes sur cette époque où tout manquait, le thé comme l’eau chaude dans les douches ; sur le resto « U » où chacun prend ses baguettes dans un pot commun et les rend après usage, sans les laver. Et le grand hall de l’hôtel Pékin « sombre, vieillot, à l’odeur de musc »…. Une Chine dont on ne peut être que nostalgique !

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