Chiffres de la semaine : « 3000 Starbucks, 27 morts, 10 livres, condamnés à la peine capitale avec 2 ans de sursis » 

« 3000 Starbucks, 27 morts, 10 livres, condamnés à la peine capitale avec 2 ans de sursis » 

3000 : c’est le nombre de cafés que Starbucks envisage d’ouvrir à travers 300 villes chinoises d’ici à 2025, soit une inauguration toutes les 9 heures en moyenne. Cette offensive du leader américain vise à reprendre des parts de marché à ses concurrents locaux comme Luckin Coffee qui a déjà ouvert 7 100 points de vente dans le pays. Si la chaîne de Seattle réussit son pari, elle affichera au total 9 000 établissements en Chine, autant qu’aux États-Unis (hors franchises). Pour rappel, il a fallu 23 ans à Starbucks pour ouvrir ses premiers 6 000 points de vente dans l’Empire du Milieu, qui était aussi – du moins jusqu’à hier – le royaume du thé.

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27 : c’est le nombre de personnes décédées dans un tragique accident de bus sur une autoroute de la province du Guizhou dans la nuit du 17 au 18 septembre. Les 47 passagers, classifiés comme des cas contacts indirects, étaient envoyés dans un centre de quarantaine à plus de 200 km de leur domicile. Cette violation de l’interdiction de rouler entre 2 heures et 5 heures du matin dans ces régions montagneuses au nom de la stratégie « zéro Covid » a suscité l’indignation du public, accusant les dirigeants locaux d’être responsables du décès de ces personnes. Cet accident est d’autant plus inacceptable aux yeux de la population que le virus n’a officiellement fait que deux morts dans la province de 38,5 millions d’habitants depuis le début de la pandémie en 2020. Sur les réseaux sociaux, le commentaire « nous sommes tous à bord de ce bus » est devenu viral, soulignant que chacun peut se retrouver un jour victime de ces mesures sanitaires arbitraires et excessives.

Comme lors de chaque polémique touchant à la politique « zéro Covid », ce sont les autorités locales qui portent le chapeau, le leadership préférant ignorer les risques systémiques liés à la poursuite à tout prix d’une telle stratégie. Ainsi, des responsables de la ville de Guiyang ont présenté leurs excuses et trois d’entre eux ont été limogés. Mais la menace d’être sanctionné en cas de résurgence épidémique est si grande que les petits cadres continueront à faire passer au second plan la sécurité ou les besoins élémentaires de la population.

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10 : c’est le nombre de livres qui ont été publiés au nom du Président Xi Jinping depuis le mois de juin. Le dernier en date est consacré aux théories du leader sur la « construction d’une civilisation socialiste spirituelle ». Il fait suite à quatre ouvrages relatant l’expérience du dirigeant lorsqu’il était en poste au Hebei, au Fujian, au Zhejiang et à Shanghai, ainsi qu’à quatre autres traitant de la « pensée de Xi Jinping » (son corpus idéologique) sur la gouvernance du pays, l’économie, la civilisation écologique, le monde rural, en plus d’un recueil sous forme de questions/réponses sur le renforcement de l’armée. Ceux qui doutent encore que le Secrétaire général du Parti décroche un troisième mandat au mois d’octobre en sont pour leurs frais.

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Condamnation à mort avec 2 ans de sursis : c’est la lourde peine infligée le 23 septembre à Sun Lijun, ancien vice-ministre de la Sécurité publique (2018 à 2020) et à son acolyte Fu Zhenghua, ex-ministre de la Justice (2018 à 2020). Leurs sentences devraient être commuées en perpétuité au bout de deux ans d’emprisonnement. Au delà du prétexte de corruption, ils sont surtout coupables d’avoir « nourri de grandes ambitions politiques », de s’être « arbitrairement opposés aux politiques du gouvernement central » et d’avoir œuvré à la « formation de cliques et de cabales pour prendre le contrôle d’un département clé du Parti ». En clair, s’être opposés à Xi Jinping. Quelques jours plus tôt, trois responsables de la police de Shanghai, de Chongqing et du Shanxi, étaient eux aussi condamnés pour avoir fait partie du « gang de Sun Lijun ». Ces condamnations représentent la fin de la plus grosse purge de l’appareil de la sécurité publique des cinq dernières années. Elles envoient aussi un avertissement clair à quiconque souhaiterait se dresser contre le Secrétaire général du Parti, à trois semaines de l’ouverture du XXème Congrès.

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