Société : Deuxième enfant… mais pas trop vite !

Depuis l’entrée en vigueur du planning familial révisé le 1er janvier 2016, une question hante les couples chinois d’âge fertile : faire ou non un second enfant

La question est stratégique pour le planificateur, qui escompte de cet assouplissement 3 millions de bébés en plus par an.

Mais du rêve au berceau, le chemin est parsemé d’embûches. La première n’est autre que… le premier enfant ! Lui ventant l’affaire comme l’offre d’un petit compagnon, les parents sollicitent son avis… et tombent sur un « niet » catégorique, qui enterre souvent le projet pour de bon. Pour des raisons troubles, cette génération de parents semble considérer son enfant-roi détenteur d’une opinion adulte, plus valable que la leur. 

Due à l’âge, aggravée par diverses formes de pollutions (chimique, sonore, stress), la baisse de fertilité est un autre souci. Elle peut se combattre en cliniques spécialisées : actuellement, 700.000 interventions ont lieu par an en Chine, mais le chiffre va augmenter, avec les 90 millions de femmes désormais éligibles à un deuxième enfant, dont la moitié quadragénaire. 

À l’Assemblée, Ma Xiaowei, vice-ministre du Planning, promet à partir de 2017 dans chaque province, au moins un centre d’obstétrique pour grossesses tardives.

Autre problème, en tout et pour tout, les hôpitaux chinois n’ont que 93.400 pédiatres. Pour les experts, il en faudrait le double ! Le déficit en pédiatres, impose à ceux en place des cadences démentielles, devant traiter jusqu’à 180 petits patients par jour, à cinq minutes la « consultation » ! 

Pour les parents, c’est un calvaire, ponctué de disputes et de frustrations. Pour le pédiatre, c’est un enfer stressant, mal payé de surcroît, ce qui torpille les vocations. Depuis 1999, cette spécialité (pourtant charmante) était rayée du premier cycle d’études des facultés chinoises de médecine. L’erreur vient d’être corrigée par l’Etat qui, pour pallier la pénurie, encourage également les généralistes à suivre une formation express sur 10 mois – ils peuvent aussi tout bonnement, assurer le service au pied levé…

Dernier obstacle au second enfant, et sans doute le plus important : le coût. Un enfant coûte cher, 600.000¥ dans les villes de second rang, le triple à Pékin ou Shanghai. Le train de vie en souffre – les vacances disparaissent. Face à cette dure réalité, Lou Jiwei, ministre des Finances, n’a pour l’instant qu’une révision de la fiscalité à offrir, favorisant les foyers avec deux enfants, et défalquant du revenu un prorata des frais spécifiques (emprunt immobilier, frais scolaires, personne âgée à charge…).

Les experts appellent les autorités à s’inspirer des politiques natalistes étrangères les plus performantes : comme la Suède ou le Japon, qui ont réussi à briser la spirale de la dénatalité, avec un savant mélange non seulement de mesures financières (allocations…) mais aussi sociales (congés parentaux rallongés, garderies en entreprise…) – conditions pour une « revanche des berceaux » chinoise réussie !

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