Transports : Deux liaisons ferrées « électorales »

En lignes de chemin de fer, le 13ème Plan est richement doté avec 30.000 km de voies à créer d’ici 2020. 

Quoique ne mesurant que 126km, la ligne Pingtan ( Fujian) – Taipei ( Taiwan) prendra du temps (prévue pour 2030) et sera coûteuse — si jamais elle voit le jour. C’est qu’elle ambitionne de relier par tunnel « la partie continentale du pays à sa région insulaire ». Zhang Zhaoming, Président de la zone expérimentale de développement de Pingtan, se targue de cet axe qui sera le plus long du monde (plus du double de celui sous la Manche). Les études de faisabilité menées depuis 10 ans, sont achevées côté chinois : on n’attend plus que la réponse de la partie insulaire…

Elle risque de tarder. En effet, dans la présentation, il manque la mention du prix – en dizaines de milliards d’euros – et sa déclinaison technique : les rames chargeront-elles camions, voitures et fret, ou seulement des passagers ? Et surtout, manque dans l’évaluation l’opinion taïwanaise, à commencer par celle du DPP indépendantiste, et de sa leader Tsai Ing-wen, qui succédera le 20 mai au Président sortant Ma Ying-Jeou, du Kuo Min Tang, grand perdant aux élections de janvier. Si le projet apparaissait comme mûr, un débat vif s’engagerait dans l’île, sur la réunification – pour l’instant, il suscite l’incrédulité. 

Autre projet inscrit au 13ème Plan, une deuxième ligne de chemin de fer vers le Tibet. Après la première ligne ouverte en 2006 entre Golmud (Qinghai) et Lhassa, la nouvelle liaison Chengdu-Lhassa, plus directe, franchira 1630 km en 15 heures (au lieu de 3070 km en 44 heures). Dans les deux cas, le parcours sur un relief fragile (permafrost) et extrême (à des altitudes dépassant les 5000m) est tourmenté, exigeant de coûteuses infrastructures. Padma Choling, vice-secrétaire du territoire, promet un respect total de l’environnement. Pour Chengdu, tête de pont vers le Tibet, l’axe permettra de prolonger vers l’Inde et le Bengladesh, dans le cadre du plan « une ceinture, une route ».

À noter : Tibet comme Taiwan sont les régions sur lesquelles le pays exprime la plus forte sensibilité nationale. Pas par hasard, elles héritent d’un investissement fort, destiné à renforcer l’arrimage à la Chine, et à les enrichir. Dans le débat au Parlement, le régime a réitéré ses positions : pour la réunification au plus vite (avec Taiwan), et contre le Dalai Lama (au Tibet). « Business as usual ! »

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