Hong Kong : L’ancien chef de la police John Lee, probable successeur de Carrie Lam

L’ancien chef de la police John Lee, probable successeur de Carrie Lam

C’est officiel : l’impopulaire cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam, ne se représentera pas pour un second mandat. Si Mme Lam invoque « des raisons familiales », il semblerait plutôt qu’elle ait perdu les faveurs de Pékin, après un mandat miné par des manifestations historiques et par une 5ème vague de Covid-19 ayant causé plus d’un million d’infections et 8000 décès.

Le fait que le gouvernement central ne commente pas le départ de Mme Lam comme il l’avait fait lors de celui de son prédécesseur, suggère que son bilan n’a pas été à la hauteur des espérances. Même si le leadership avait souhaité qu’elle décroche un second mandat, il aurait eu beaucoup de mal à justifier ce choix alors que des cadres sont limogés chaque jour sur le continent pour seulement quelques centaines de cas de Covid…

Cette révérence devrait profiter à son chef de cabinet, John Lee (Li Jiachao, 李家超) qui a donné sa démission deux jours après l’annonce du retrait de Carrie Lam. L’homme de 64 ans a passé presque toute sa carrière dans la police, avant d’être nommé n°2 à la sécurité en 2012 sous l’ancien Chief Executive C.Y Leung, puis secrétaire à la sécurité en 2017 sous Mme Lam.

Il serait l’une des personnalités à avoir poussé pour l’adoption de la fameuse loi d’extradition qui a mis le feu aux poudres en 2019, puis aurait orchestré la violente répression policière des gigantesques manifestations prodémocratie qui s’ensuivirent. Il a pour cela été sanctionné par les États-Unis. Enhardi par l’adoption de la loi de sécurité nationale, John Lee a également mené la charge contre plusieurs personnalités politiques de l’opposition et plusieurs médias comme l’Apple Daily. En guise de « récompense », il était promu secrétaire général de l’administration de Carrie Lam en juin 2021. Une première pour un ancien représentant des forces de l’ordre. Cet avancement laissait déjà entrevoir qu’il était dans les bonnes grâces de Pékin. 

L’ancien chef de la police est ainsi le premier à avoir officialisé sa candidature depuis le début de la « campagne » le 3 avril. Sera-t-il le seul ? Si le secrétaire aux finances Paul Chen ou encore la « dame de fer » Regina Ip, ont un temps été pressentis, ils ne se sont toujours pas déclarés… Il semblerait que Pékin ne veuille pas voir d’autres candidats, de manière à éviter toute controverse inutile et rivalité au sein du camp pro-establishment.

Si ce format électoral « à la mode » de Macao se confirme, cela indiquera que Pékin ne souhaite pas s’embarrasser avec un semblant « d’élection » et désire exercer un contrôle total sur le vote. Seules la loyauté et la capacité à gérer des crises comptent aux yeux de Pékin, pas la perception du public. Des experts soulignent néanmoins que cette décision pourrait nuire à la légitimité de la future administration et à l’allégation que la ville est encore semi-autonome

Dans ces conditions, le comité électoral de 1463 membres n’aura d’autre choix que de désigner John Lee le 8 mai. Le nouveau chef de l’exécutif prendra ses fonctions le 1er juillet, jour du 25ème anniversaire de la rétrocession à la République populaire de Chine de l’ancienne colonie britannique. Pour l’occasion, le Président Xi Jinping devrait faire le déplacement, ce qui témoigne de l’importance du rendez-vous.

« Loyauté, discipline et sécurité nationale » seront les mots d’ordre d’un gouvernement dirigé par M. Lee, estime Ivan Choy, politologue à l’Université chinoise de Hong Kong. En choisissant John Lee, le gouvernement central ne fait pas mystère que la reprise en main politique de la RAS sera la priorité n°1. Cela signifie que le leadership craint encore que l’île soit utilisée par des « puissances extérieures » pour déstabiliser Pékin, même après l’impitoyable répression qui a décimé le camp prodémocratie. Cette « fuite en avant sécuritaire » est également observable sur le continent depuis dix ans. Mais à Hong Kong, elle sera difficilement conciliable avec son statut de place financière internationale.

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