La France décidément, a la cote en Chine. Depuis les crises des années ‘90, ces temps sont révolus : de longue date, la météo est au beau fixe, permettant aux diplomates des avancées significatives dans des domaines modestes, mais changeant la vie pour leurs bénéficiaires, et ces progrès tous ensemble faisant le printemps bilatéral.
Ainsi, 600 profs de gym chinois, d’ici décembre, suivront une formation de formateurs de football à Toulouse - dans le cadre d’un plan national chinois pour créer 50.000 clubs en Chine en 10 ans. Parallèlement, un réseau se crée à Pékin, pour faire assister 15 000 Chinois à l’Euro 2016 de football, dans les 10 villes de France devant accueillir le tournoi. 15 000 billets, c’est peu, par rapport aux 2,5 millions mis en vente, mais ces fans dépenseront au moins 1500€ par personne.
Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères était les 15 et 16 mai entre Pékin et Tianjin. Il est convenu avec la vice-Premier ministre Liu Yandong, que les deux pays échangeront désormais 1000 stagiaires par an, réglant ainsi le vieux problème des visas pour les jeunes venant s’initier quelques mois en entreprise. Pour autant, les entretiens ont aussi ont permis de préparer la visite du 1er ministre Li Keqiang en France fin juin (à Paris et à Toulouse), et d’avancer dans des domaines aussi divers que la prévention de la violence conjugale, ou la coopération en matière d’urgence-santé. Les universités ne sont pas à la traîne : la Chine, sous 5 ans, financera les études de 10.000 jeunes en France, pour leur faire franchir la barre des 50.000 « avant 2020 », dit Fabius.
Un dossier important concerne la préparation du sommet mondial climatique COP-21, à Paris fin novembre. La coopération s’emballe, avec pour L. Fabius deux rencontres en deux semaines avec Xie Zhenhua, le négociateur chinois au COP (à Pékin le 16/05, puis à Petersberg, Allemagne, avec A. Merkel). Pour ce sommet qui vise la signature d’un traité mondial de réduction des émissions de CO2, la Chine doit remettre avant l’été ses offres de coupes contraignantes. Pour L. Fabius, pas de doute, la Chine, premier pays émetteur avec 30% du total mondial, est prête à prendre des mesures « courageuses et rapides », et elle est volontaire pour aider la France à réussir « son » sommet. D’ici l’ouverture du COP-21, les échanges vont s’intensifier entre Chine et ses autres grands partenaires climatiques (USA, Union Européenne, Inde etc), à tous niveaux – présidentiel, ministériel, et des ambassades, entre autres. Dans ce ballet diplomatique, la France aura le premier rôle, en tant que pays-hôte du sommet, responsable ultime du succès ou de l’échec.
Un des fruits de ce beau temps bilatéral, est le voyage organisé de 6400 touristes du groupe privé Tiens (cf photo), de 4 jours entre Paris et la Côte d’Azur, moyennant une masse de records battus au livre Guinness : 20 millions d’€ de rentrées estimées, 140 hôtels à Paris (79 à Cannes et Nice), des soirées « privées » au Louvre et aux Galeries Lafayette, 146 bus, 84 avions…
L. Fabius annonce un autre groupe de 4000, pour septembre. Mais dès maintenant, ce tourisme chinois de masse, en entreprise, s’enflamme comme feu de poudre, avec (14-26 mai) à Pattaya (Thaïlande), 12 700 invités du groupe Infinitus, qui promet d’en faire venir 20.0000 l’an prochain ! C’est peut-être un signe de temps nouveaux et gigantesque, pour offrir la planète à une Chine désormais capable de se l’offrir.
Sommaire N° 19 (XX)