Politique : Anticorruption – En un combat douteux

Après près de deux ans, la campagne anticorruption perd de la vapeur. La dernière arrestation d’un tigre, Zhao Liping (n°2 à la CPPCC de Mongolie Intérieure) remonte à mars. Signal négatif, le procès de Zhou Yongkang, l’ex-patron de toutes les polices et figure de proue des princes rouges sous les verrous, se voit reporté : il aurait rétracté ses aveux, pour certains. Mais pour d’autres, ses puissants acolytes tel Jiang Zemin parviendraient à bloquer la procédure. 

Faute de pouvoir coincer des hauts personnages, la CCID, police interne du Parti s’attaque à des agences. 63 bureaux locaux de l’Environnement sont mis sur la touche, accusés d’être soudoyés par les industriels. De même, elle dénonce une « nouvelle corruption » qui est en fait la paralysie administrative et la grève du zèle, pour éviter d’être punis. Après sa visite au Zhejiang (8-10 mai), Wang Qishan, président de la CCID (et fidèle de Xi Jinping) accuse ses agents de rechigner à procéder aux arrestations, et finit par comparer, en un soupir, la CCID à « un chirurgien qui s’opère lui-même ». Autre signe d’autodéfense : les conglomérats évitent l’arrivée des inspecteurs financiers en enquêtant « spontanément » sur la corruption en leur sein : Baidu, le moteur de recherche, débarque ainsi trois directeurs de département.
Dans la presse, faute de spectaculaires arrestations, on publie des chiffres de corruption, extravagants mais d’époque déjà révolue : China Railway Construction Corp est convaincu d’avoir grillé 135 millions de $ en 2012, en frais d’« hospitalité d’affaires ». 

Sur cette toile de fond morose, la bataille enregistre au moins un succès : Li Huabo, n°2 sur la liste des 100 transfuges à l’étranger (cf photo), en cavale depuis 2014 avec 94 millions de ¥ de la caisse de sa « danwei » (détournés pour une folle nuit de jeu à Macao), rentre au pays menottes aux poignets, extradé de Singapour. Mais la ficelle est un peu grosse : c’est un écran de fumée, pour redonner moral aux troupes.
Ainsi, la bataille fait rage, à l’issue incertaine. Et Xi Jinping, « chevauchant le dos du tigre », ne peut plus faire marche-arrière, l’échéance du XIX Congrès en 2017 clignotant à l’horizon.

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