Temps fort : Chine –Japon, en quête d’autres rôles !

Après la tempête politique entre Chine et Japon, ayant effacé des années d’efforts mutuels de construction de la relation, les deux pays semblent plongés dans la perplexité sur le prochain pas à faire, vu la force des enjeux.
Pour limiter les dégâts, Pékin émousse l’offensive –sans la stopper. La fête de commémoration des 40 ans de liens eut finalement lieu, au petit pied (27/09, Pékin) entre dignitaires tels Jia Qinglin, Président de la CCPPC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois) et Yohei Kono, ex-Chef de Cabinet. Les 1ers ministres, Y. Noda et Wen Jiabao convinrent de laisser les ministres des Affaires étrangères échanger des messages –secrets – de félicitation. 

Depuis le 1er octobre, sourds aux appels des vis-à-vis nippons, les garde-côtes chinois sont de retour dans l’archipel Diaoyu-Senkaku, l’objet du litige.
Les «4 Soeurs» bancaires ICBC, CCB, BdC et ABC déclarent forfait pour un forum financier cette semaine à Tokyo, sous l’égide du FMI et de la Banque Mondiale et pour une conférence interbancaire à Osaka. Mais les officiels devraient être présents, afin de limiter les dégâts d’image pour la finance chinoise, suite à ce boycott d’un meeting international. D’ailleurs, Christine Lagarde, patronne du FMI avertissait (30/09) « les deux pays » de « régler un litige que l’économie mondiale ne pouvait pas se permettre ».

On comprend le souci chinois de calmer le jeu : alors que les investissements régressent de partout en 2011, ceux du Japon sont seuls à avoir monté (+16%), à 12,6MM$. Aussi, l’on s’interroge sur les mobiles réels de la Chine, pour une réaction qui lui sera si dommageable—déjà Toyota, ayant perdu 56% de son marché en septembre, annonce une révision de ses postes de travail sur le continent.
Une explication est la théorie de l’APL, l’armée chinoise, des «défenses océanes», qui voit dans les Diaoyu-Senkaku un maillon d’un « corset » implanté par les USA, bloquant à la Chine la route du Pacifique, comme un mur qu’il faudrait percer pour assurer l’expansion du pays. Une autre théorie désigne un bras de fer interne, sorte d’ultime effort pour sauver Bo Xilai dans l’imminence du XVIII. Congrès. Témoins les slogans entendus dans les manifestations de septembre, « les Diaoyu sont à la Chine, et Bo au peuple ».

Au Japon H. Yonekura, Président du Keidanren, (syndicat des patrons) réclame le dépôt du litige territorial devant la Cour Internationale de Justice –Pékin a déjà accusé devant l’ONU Tokyo de «vol» des îles.
Mais voilà, très bizarrement, le 1er ministre Noda refuse de le faire, alléguant que « la dispute n’existe pas ». En curieux parallélisme d’attitude avec la Chine, il estime que ces îles sont du ressort «des affaires intérieures », même si ce choix revient à priver le Japon d’une source sérieuse de légitimité. En même temps, lui aussi tente de mitiger les dégâts, en remaniant son cabinet : M. Tanaka, nouvelle ministre de l’éducation, veut moderniser les cours d’histoire contemporaine, dans un sens moins nationaliste – manière pour Tokyo de suggérer que le Japon ne campe pas sur ses positions.

À Manille, se tenait (3-5/10) un Forum Maritime de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est). Manille dénonçait la construction à étape forcée d’une ville chinoise, Sansha, sur une île que les Philippines revendiquent comme la leur. Elle dépêchait aussi, à toutes fins utiles 800 « Marines » sur une île voisine. 
Vietnam et Philippines, à ce forum, se rapprochaient du Japon et de la Corée, comme nations en butte aux exigences de la Chine… laquelle pratiquait en retour la « diplomatie du chéquier », offrant 463 millions de $ à l’organisation. Les USA rappelaient leur absence de tout désir de « contenir » la Chine, et le Japon prêchait pour la paix… Bref, c’est la cacophonie, et pour longtemps encore !

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