A la loupe : Portrait : Wang Yang, le chevalier blanc

Un des fils spirituels de Hu Jintao, Wang Yang, s’est imposé comme le chef de file de la réforme et de l’Etat de droit.
Il est fils d’ouvrier. Sa province, l’Anhui est une contrée où l’on nait plutôt démuni. Né en 1955 à Lingbi, il est ado quand décède son père. Intelligent, capable, il s’impose à 17 ans chef d’atelier en usine, et entre au Parti à 20 ans. Il part 1 an à Pékin à l’Ecole du Parti, « l’ENA chinoise » (études de Communication), puis entre à la Ligue de la Jeunesse. Laquelle le renvoie dans l’Anhui en 1981, « faire ses armes ». 

Il s’y lie avec Hu Jintao, « compatriote » et patron de la LJC. De passage dans l’Anhui, à Tongling en 1992, Deng Xiaoping dénotera le « talent exceptionnel » de Wang, maire de l’époque. Ainsi adoubé, Wang passe vice-gouverneur en 1993. En 1999, il monte à Pékin, n°2 à la NDRC (National Development and Reform Commission). En 2003, il est n°2 du Secrétariat du Conseil d’Etat, puis reçoit les rênes de Chongqing. En 2007, Hu le place au Politburo et Secrétaire du Guangdong.

Dès son arrivée, Wang Yang teste et expérimente, en quête d’un nouveau souffle pour la vieille région industrielle. Il taille dans la jungle de la paperasserie, étend les prérogatives des patrons, gère les crises ouvrières. En 2010, il ose publier le budget de la province, hier secret d’Etat. Puis (fin 2011) vient la crise de Wukan : spoliés des terres communales, les paysans résistent depuis 3 mois aux gangs mafieux lancés contre eux. Plutôt que de briser la sédition dans le sang, Wang destitue les caciques, impose des élections libres, nomme un des « dissidents » secrétaire du Parti. Une décision applaudie par le « Quotidien du Peuple ». « Time Magazine » le classe parmi les 100 personnalités influentes mondiales de 2012, avec Xi Jinping.

Dès janv. 2011, il lance un slogan improbable : le « bonheur de Canton » (幸福 广东, xìngfú Guǎngdōng). 
Le Parti communiste chinois doit avoir la main non plus « rouge » mais « verte » pour fournir au peuple « lumière », « terreau », surtout « espace » : telle une fleur, la société doit y pousser et trouver son bonheur. « Le bonheur du peuple n’est pas un cadeau du Parti et du gouvernement », ose-t-il (09/05), le peuple a le droit de le rechercher par lui-même. Le rôle du pouvoir est de le laisser explorer ses propres voies ». 

Et Wang de joindre l’acte à la parole en ouvrant aux ONG la vente de services sociaux : leur offrant à la fois reconnaissance légale et financement, toutes choses bannies depuis 60 ans au nom du monopole du Parti et de la dictature du Prolétariat.
Auréolé des succès de sa dernière campagne anti-corruption, Wang est aujourd’hui pressenti pour la direction de la Commission centrale de contrôle de la discipline, au sein du directoire suprême : un des sept futurs maîtres du pays.

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