Editorial : Session de l’ANP – un Congrès en grisaille

Un plenum inquiet ouvre ses portes à Pékin (5/03), aux 2987 édiles des provinces et de l’armée – l’APL.

Paradoxe, malgré ses succès (JO, exploits à l’export), le régime garde un profil bas, déstabilisé par la conjoncture, tant nationale—l’hiver d’une rigueur inouïe, face auquel l’appareil a laissé éclater ses insuffisances, que par la crise économique mondiale : la chute de la bourse et des banques, l’explosion du coût du panier de la ménagère.

Pour le Comité Central (270 membres/suppléants), réuni les 25-27/02, le défi est historique: l’avenir dépend de paramètres incontrôlables, et Pékin aura bien du mal à s’accorder sur des mesures, faute de savoir quoi prévenir—une récession, ou une surchauffe, tout en commençant à intégrer à sa réflexion les cours mondiaux des titres et des matières 1ères.

Autre contradiction du plenum : la politique monétaire que Pékin dit resserrer, mais qu’elle rouvre en janvier, pour les besoins de la reconstruction après le grand blizzard. Troisième contradiction : la levée de boucliers des industriels, face à la loi des contrats, qui les gêne.

Le Comité Central a approuvé deux plans encore secrets, l’un, de réforme « intégrale » du Conseil d’Etat et de réforme politique, plan sur 12 ans qui devrait garantir « équité sociale, justice et droits démocratiques du peuple ». Il doit aussi accélérer la fusion de 28 ministères en 21 super ministères, puis en 15 – certains, comme celui de l’énergie, font l’objet d’une fronde.

Si ces mesures, à l’examen, s’avèrent diaphanes, elles rappellent au moins la ligne retenue par l’homme fort, Hu Jintao : « pas de remise en cause de la politique de réforme », et « tout pour l’égalité sociale ». Elles rappellent aussi les difficultés rencontrées dans leur application, face à une opposition de cadres conservateurs bloquant tout au niveau intermédiaire.

La principale activité du plenum, risque donc de consister à parer les critiques de couloir d’une base inquiète, et de distribuer les promotions de la 2ème législature du Prsdt Hu Jintao. Amoindri par les crises financière et climatique, Wen Jiabao 1er ministre sauve son 2d mandat, tout comme Hui Liangyu son portefeuille «agriculture», Wu Bangguo, son perchoir au Parlement, et Jia Qinglin, sa place de patron du CCPCC preuve de la survie de l’influence de Jiang Zemin.

Parmi les promus, Li Keqiang, futur n°2 en 2013, passera vice 1er ,comme Wang Qishan la superstar (ex-maire de Pékin, qui gérera finances, commerce extérieur et invests), Liu Yandong, (ex-patronne du Front uni ) et Zhang Dejiang (l’ex-Secrétaire de Canton, formé à la mode de Corée du Nord) : ces 4 promus, sont tous hommes de Hu Jintao. La plus haute promotion revient à Xi Jinping, auquel Hu s’est tactiquement rallié : à 54 ans, pressenti vice Prsdt de la République et de la Commission militaire centrale (CMC).

La presse publie sans conviction les appels de Hu Jintao, d’une administration « pour et par le peuple». Un règlement est imminent, pour interdire aux agents de sécurité de molester les citoyens. Le salaire minimum montera au 1er avril dans «certaines villes» de 18% – c’est déjà fait au Tibet, +50%. Tout cela ne satisfait pas la soif de changement, mais ressemble à des gestes d’attente…

 

 

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