Le Vent de la Chine Numéro 8

du 3 au 9 mars 2008

Editorial : Session de l’ANP – un Congrès en grisaille

Un plenum inquiet ouvre ses portes à Pékin (5/03), aux 2987 édiles des provinces et de l’armée – l’APL.

Paradoxe, malgré ses succès (JO, exploits à l’export), le régime garde un profil bas, déstabilisé par la conjoncture, tant nationale—l’hiver d’une rigueur inouïe, face auquel l’appareil a laissé éclater ses insuffisances, que par la crise économique mondiale : la chute de la bourse et des banques, l’explosion du coût du panier de la ménagère.

Pour le Comité Central (270 membres/suppléants), réuni les 25-27/02, le défi est historique: l’avenir dépend de paramètres incontrôlables, et Pékin aura bien du mal à s’accorder sur des mesures, faute de savoir quoi prévenir—une récession, ou une surchauffe, tout en commençant à intégrer à sa réflexion les cours mondiaux des titres et des matières 1ères.

Autre contradiction du plenum : la politique monétaire que Pékin dit resserrer, mais qu’elle rouvre en janvier, pour les besoins de la reconstruction après le grand blizzard. Troisième contradiction : la levée de boucliers des industriels, face à la loi des contrats, qui les gêne.

Le Comité Central a approuvé deux plans encore secrets, l’un, de réforme « intégrale » du Conseil d’Etat et de réforme politique, plan sur 12 ans qui devrait garantir « équité sociale, justice et droits démocratiques du peuple ». Il doit aussi accélérer la fusion de 28 ministères en 21 super ministères, puis en 15 – certains, comme celui de l’énergie, font l’objet d’une fronde.

Si ces mesures, à l’examen, s’avèrent diaphanes, elles rappellent au moins la ligne retenue par l’homme fort, Hu Jintao : « pas de remise en cause de la politique de réforme », et « tout pour l’égalité sociale ». Elles rappellent aussi les difficultés rencontrées dans leur application, face à une opposition de cadres conservateurs bloquant tout au niveau intermédiaire.

La principale activité du plenum, risque donc de consister à parer les critiques de couloir d’une base inquiète, et de distribuer les promotions de la 2ème législature du Prsdt Hu Jintao. Amoindri par les crises financière et climatique, Wen Jiabao 1er ministre sauve son 2d mandat, tout comme Hui Liangyu son portefeuille «agriculture», Wu Bangguo, son perchoir au Parlement, et Jia Qinglin, sa place de patron du CCPCC preuve de la survie de l’influence de Jiang Zemin.

Parmi les promus, Li Keqiang, futur n°2 en 2013, passera vice 1er ,comme Wang Qishan la superstar (ex-maire de Pékin, qui gérera finances, commerce extérieur et invests), Liu Yandong, (ex-patronne du Front uni ) et Zhang Dejiang (l’ex-Secrétaire de Canton, formé à la mode de Corée du Nord) : ces 4 promus, sont tous hommes de Hu Jintao. La plus haute promotion revient à Xi Jinping, auquel Hu s’est tactiquement rallié : à 54 ans, pressenti vice Prsdt de la République et de la Commission militaire centrale (CMC).

La presse publie sans conviction les appels de Hu Jintao, d’une administration « pour et par le peuple». Un règlement est imminent, pour interdire aux agents de sécurité de molester les citoyens. Le salaire minimum montera au 1er avril dans «certaines villes» de 18% – c’est déjà fait au Tibet, +50%. Tout cela ne satisfait pas la soif de changement, mais ressemble à des gestes d’attente…

 

 


Temps fort : JO – ATOS-Origin, chef d’orchestre digital discret

Le lieu est si secret que le journaliste a été prié de ne pas en trahir l’adresse. Serrées les unes sur les autres, les 4 tours noires aux murs blindés ont peu de fenêtres (d’ailleurs, fines comme des meurtrières), et n’exposent que leur largeur, comme pour réduire leur vulnérabilité à une attaque terroriste : le Bocog ne prend pas de risques !

Au 10ème, se trouve le laboratoire d’Atos Origin (AO), la société française élue pour intégrer les 10.000 ordinateurs, 50 logiciels et 1000 serveurs des JO. Atos Origin est le chef d’orchestre des 15 partenaires logistiques, tels Omega (écrans), Kodak (photos), Lenovo (serveurs), Panasonic (Audio/TV/video), Samsung (Wifi), Netcom (tel fixe), China Mobile (portables) et Sohu (site internet).

Le risque de « hackers » semble éradiqué à la source : aucun message entrant n’est toléré, et toute tentative d’accès au réseau, après trois erreurs de mots de passe, déclenche une alerte. La tâche semble titanesque et complexe : avec 180 informaticiens chinois et étrangers sur place et 5000 à travers les sept villes des jeux, Atos Origin doit préparer 200.000 accréditations, fournir les CV de 10500 athlètes, présenter les résultats de 302 épreuves en temps réel, les imprimer et distribuer (25M de feuillets /semaine). Tout en fournissant les horaires des bus et métros, la météo, l’agenda des événements, afin d’atteindre les 4MM de téléspectateurs attendus. Tout cela en 3 langues bien sûr (français, anglais et chinois).

Mais Atos fait le poids : depuis Salt Lake City en 2002, il a gagné l’appel d’offres pour tous les JO, y compris Vancouver (hiver 2010) et Londres (2012). Ses logiciels sont éprouvés, GMS pour tout service, IDS pour toute info sportive: «d’un JO sur l’autre, nous reprenons 50% de l’acquis précédent », dit Marie-Tatiana Collombert, « Directrice communication », vice Présidente du groupe.

Pour prévenir tout crash (malicieux, ou accidentel), Atos Origin offre jusqu’à quatre systèmes miroirs délocalisés, prêts à relayer à la seconde tout réseau ou serveur défectueux. Personnels, équipements et logiciels sont soumis à la « torture », notamment durant les « générales » de mars et juin, qui simuleront 4 jours des Jeux Olympiques (parmi les plus intenses), avec accidents imprévus et compression des 24 heures normales, en 7h. En 4 ans de préparatifs, le système ainsi créé aura subi 200.000 heures de tests, avec 100 à 180 techniciens actifs, jour et nuit…        

« La sécurité n’est pour nous qu’un risque parmi d’autres », conclut Patrick Adiba, le vice Président. Nous avons plutôt besoin de solutions qui marchent, sans besoin de penser: quand arrivent les Jeux, il est pour cela trop tard! »

 

 

 


Pol : Gisement gazier iranien — course de vitesse?

Union Européenne— un lent chemin

Les 23-25/02, le commissaire européen P. Mandelson, à Pékin, négociait avec son collègue Chen Deming un futur mécanisme d’arbitrage des conflits commerciaux.

Outil bien nécessaire, alors que les échanges atteignaient 356MM$ en 2007 (+27%). Les partenaires affirment avoir « progressé », mais de lourds obstacles demeurent – qui forcèrent en janvier le responsable de la concurrence, à ajourner l’allégement de l’arsenal communautaire anti-dumping.

[1] Exemple éclatant, ce tarif qui vient d’être voté (29/02) pour deux ans contre les compresseurs chinois, suite à une plainte de Fiac et Nu Air, constructeurs italiens -également présents en Chine, d’ailleurs. L’enquête avait confirmé que la Chine exportait sous de son coût de production. Mais la taxe envisagée coûterait plus aux usagers (30M²/an) qu’elle ne rapporterait aux industriels : pour cette raison, un 1er vote avait débouté la plainte. Cette fois, les deux PME ont obtenu gain de cause par un « chantage à l’emploi » : elles ont promis de recentrer tous leurs emplois soit en Italie, soit en Chine, selon le résultat du nouveau vote. Mauvais présage, pour les nombreuses autres actions anti-dumping qui se préparent à Bruxelles, sur les vis, les câbles d’acier, les bougies, les infos financières

[2] Pour le CIC, nouveau fonds souverain chinois doté de 200MM$, P. Mandelson, conformément à sa sensibilité libérale, plaide qu’il puisse investir librement dans les 27 Etats membres, moyennant acceptation « volontaire » d’un «code de conduite», qui garantisse une gestion «commerciale» et «transparente ». Pour la Chine, Wen Jiabao ne dit pas autre chose. Mais avant que ne se réunisse et se mérite le capital de confiance nécessaire à telle coopération, il faudra des années…

Gisement gazier iranien — course de vitesse?

Tel le monstre du Loch Ness, l’accord géant entre Cnooc et l’Iran pour développer le gisement de Pars (North) vient de réapparaître le 27/02, quand le ministre iranien du pétrole promit depuis Téhéran, d’en signer le contrat. Cnooc paierait 16MM$, dont 5MM en développement d’exploitation et 11MM en une station de liquéfaction, et recevrait pendant 25 ans 12Mm3/jour -assez pour nourrir trois terminaux GNL en Chine. Cet accord fait suite à des années de palabres-une déclaration d’intention avait été signée dès 2005. Mais l’annonce intervient à une semaine de probables sanctions contre l’Iran par l’AIEA, pour refus d’interrompre son programme de recherche nucléaire qu’il affirme «pacifique». Comme pour prendre les Occidentaux de vitesse… Aussi, le projet semble farci de chausse-trappes qui entachent sa crédibilité.

Déjà sous ses sanctions actuelles, l’Iran a bien du mal à trouver les capacités de liquéfaction, que seul l’Ouest peut vendre. Les Départements d’Etat et du Trésor préparent déjà des rétorsions contre la Cnooc, si le projet devait se concrétiser. Et pourquoi l’Iran, 2d détenteur mondial de la ressource, devrait-il renoncer à faire jouer la concurrence de l’indienne ONGC, de Total ou de Shell, également intéressés par Pars North, et qui attendent l’avènement d’une administration américaine moins bornée?

Enfin, ce contrat dont on sait peu, apparaît éminemment politique : le même jour (comme par hasard), aurait aussi été signé l’autre immense et vieux projet avec Sinopec, pour développer le gisement pétro-gazier de Yadaravan, un contrat à 100MM$… Sous réserve d’inventaire !

Des progrès au Tibet?

Nouvelle encourageante au Qinghai tibétain. La nuit du 21/02, à Rebgong, pour la fin du Nouvel an lunaire Tibétain, des milliers de personnes de l’ethnie minoritaire se sont affrontés à la police. Une centaine a été arrêtée, dont 90 relâchés. Une seconde manifestation eut lieu le lendemain, tandis que le monastère local interrompait le festival : les autorités locales prirent alors la décision rarissime de libérer les derniers fauteurs de troubles, permettant aux festivités de reprendre dans le calme.

Ce que Robbie Barnett, expert de la région, interprète comme le fruit d’une politique intelligente de tibétisation des cadres dans cette province (plus avancée qu’au Tibet-même, ou au Sichuan), permettant de désamorcer des conflits par une gestion prudente et au bon moment.

 

 


Argent : Vers l’Amérique, la fin du ‘Low cost China’

Vers l’Amérique : la fin du « Low cost China »

Vice Président de Wal-Mart, Michael Duke prétend qu’en croissance des ventes en 2007, son groupe a dépassé en Chine toute concurrence. Il l’a fait, grâce à la reprise de 35% (pour commencer) de la chaîne locale Trust-Mart aux 101 supermarchés : lui permettant d’atteindre 101 unités dans l’année (+30). Nouvelle plus insolite : comme d’autres groupes, Wal-Mart approvisionne depuis la Chine ses 4000 dépôts aux US (y compris sous le label Sam’s Club). Duke affirme que par gain en productivité, ses fournisseurs parviennent à gommer l’effet de l’inflation et de la hausse du ¥ sur leurs prix, qui restent constants. Ainsi cette année, il affirme acheter en Chine autant que l’an dernier, au même prix -9MM$.

Pourtant, Outre-Pacifique, le son de cloche est inverse : depuis octobre 2007, le prix de l’habillement monte, jusqu’à 7,3% chez les femmes. C’est un tournant par rapport aux 10 dernières années, où l’inflation a atteint 31%, mais où l’habit/chaussure a baissé de 10%, grâce à la Chine. Une cause est bien connue—les hausses généralisées des coûts du producteur. Mais on voit aussi cet effet imprévu, l’écrasante et ancienne domination du made in China : la Céleste chaussure occupait 53% du marché US en 1993, et 73%, 15 ans après : avec de tels chiffres, la concurrence disparaît !

Finances : brouillard, orage en formation

Défiant les pronostics, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale, a sauvé son poste, tandis que Wang Qishan devenait un «super ministre» des finances.

Avec ces hommes, la Chine va poursuivre à étapes forcées sa politique d’appréciation du ¥ et de restriction du crédit—options qui ne font pas l’unanimité.

Les banques s’en plaindront, mais elles peuvent compter sur leurs énormes profits engrangés l’an dernier, avec +60% déjà annoncés chez ICBC et BoComm. Pour l’avenir, Jiang Dingzhi, n°2 à la CBRC (tutelle bancaire), avertit les banques (29/02) contre les prêts aux «trois hauts», le foncier à prix extravagant, l’usine polluante, ou gaspilleuse d’énergie : vu les mesures environnementales juste prises (cf p2), ces invests ont plus de chance de passer en «pertes» qu’en «profits». Or, selon Fitch Ratings, le foncier occupe jusqu’à 33% des créances des banques et à Shanghai, le double de 2006 (2MM¥).

On note en bourse un jeu étrange : défiant la tendance à la baisse (-4% le 25 /02), les groupes se ruent vers la « corbeille », telle la banque Pudong Development Bank prétendant à 3,5MM$ (21/02) ou l’assureur Ping An, 17MM$. La tutelle boursière CSRC suggère déjà qu’elle va barrer ces «tentatives d’épuiser malicieusement le marché» (sic). Enfin, la même CSRC s’apprête à recevoir un nouveau n°2 : Yao Gang, 46 ans, banquier d’affaires formé à Tokyo (Sanyo Securities, Société Générale), secondé par Zhu Congyu, 43 ans— l’ex Président de la bourse de Shanghai : remue ménage à l’horizon !

 

 


A la loupe : Qiu He, le retour des ’empereurs’

Qiu He, 51 ans, suscite en Chine un débat passionné. La TV (Point Focal) et la presse (Nanfang Zoumo) l’ont baptisé « le cadre à personnalité ». Comme pour ne pas trahir sa légende, Qiu, juste nommé Secrétaire à Kunming (Yunnan), le 18/02, a publié les n° de tél. des 438 conseillers municipaux (sauf les militaires), et le 23, il a forcé un cadre de banlieue à démissionner, après l’avoir surpris à dormir durant un meeting. Deux décisions qui font électrochoc…

Dans le genre ruer dans les brancards, Qiu He n’en est pas à son coup d’essai. Après des brillantes études d’agronomie ponctuées par 8 mois de stage aux USA (université du Maryland), cet être très doué débute par la voie royale, dans des centres de recherche du Jiangsu, puis est muté en 1996, à 39 ans, Secrétaire à Muyang, canton déshérité, endormi dont personne ne voulait.

Il s’attaqua d’abord aux routes de son terroir mal desservi. Il dessina les futurs axes, et imposa aux paysans 8 jours de service civil par an, comme cantonniers. Les travaux furent financés par une taxe de 10% sur les salaires des cadres—même pensionnés, et par une « incitation » aux résidents, à investir 5MM¥.

Pour attirer les investisseurs, il congédia 30% des ronds de cuir et attaqua en justice 240 corrompus. Tous les commissaires ripoux se retrouvèrent à la rue. Face à cette tornade, miraculeusement, l’appareil judiciaire s’arracha à une léthargie séculaire : en 1997, 4656 affaires étaient résolues—un record national.

Au passage, Qiu He avait trouvé le temps de vendre tous les actifs publics, usines, écoles et hôpitaux—pour ces derniers, le ministère de la santé désavoua Qiu deux ans plus tard, en 2003.

Mais quoique choquantes, ces pratiques parlaient d’elles mêmes : en 2005, le réseau routier du canton, rallongé par Qiu He de 600km asphaltés, comptait parmi les plus avancés de la province. La scolarisation avait doublé (de 48 à 89%), dépassant la moyenne provinciale. La santé coûtait 26% de moins, et le PIB, par rapport aux 20MM¥ de 2000, avait presque doublé à 38MM.

L’Etat a récompensé l’étoile montante, le nommant vice gouverneur du Jiangsu (’06), puis à Kunming. Mais des intellectuels, tel Lu Ning, politologue, croient que la promotion est moins due à ses résultats, qu’à son fier rejet de toute démocratie : depuis 20 ans, la voie du pouvoir a été presque toujours réservée aux conservateurs, créant au sommet un vide artificiel : pas de libres penseurs parmi les décideurs. Pour lui, le « phénomène Qiu He » est une exception (qui ne peut se reproduire) et un ersatz de réforme en Chine, qui disparaîtra le jour où un dialogue politique sera instauré entre base et sommet. Vrai ou faux? Débat stimulant, en tout cas !

 

 


A la loupe : Environnement – un printemps d’idées vertes

Promise au statut de ministère de l’environnement, la SEPA (State Environmental Protection Administration) poursuit sa course, seule contre l’inconscience industrielle : elle marque des points, déterminée à prouver aux firmes, par des leviers financiers (taxation, imposition, tarifs), qu’elles n’ont plus d’alternative à un effort de production respectueuse de la nature.

En 2007, 12 grosses usines polluantes se sont vu retarder l’entrée en bourse (pour l’une, jusqu’à ce jour). Actives en biochimie, colorants, papier, construction, ou batteries, elles comptaient des noms prestigieux tels Anhui-Conch (ciment), China Coal (n°2 Nat’l du charbon) ou Zijin (mine). Le feu rouge à Ch. Coal fut très remarqué : retardée à janvier, son entrée à Shanghai permit de lever 3,6MM$, mais depuis octobre, la place s’était effondrée de 30% et le 1er jour de cotation, la prise de gains plafonna à +32%, une des pires performances depuis 12 mois.

De même, en accord entre la SEPA et la tutelle boursière CSRC (China Securities Regulatory Commission), toute entrée en bourse, pour 13 secteurs sales, devra dorénavant être précédée d’une obligation de bilan environnemental. De même, toute firme notoire énergivore et/ou polluante, et toute firme déjà en bourse, devra présenter son bilan vert annuel, offrant ainsi aux investisseurs une meilleure image du risque -une firme polluante, étant considérée comme non-durable.

Encore : selon l’amendement (28/02) à la loi de gestion des effluents, les patrons de firmes lourdement pollueuses perdront jusqu’à 50% du salaire de l’année précédente, et la firme assumera jusqu’à 30% des frais de réparation des dommages: dissuasion bien plus crédible que les 100.000² max., infligés jusqu’alors.

La SEPA a aussi bloqué 187 projets polluants, et tenté d’obtenir des banques le refus de prêts aux bêtes noires industrielles. Sans succès pour l’heure: apparatchiks et industriels locaux, membres du même « club », n’ont rien à se refuser. Mais la tentative de frein commence à être soutenue par des firmes étrangères : Morgan Stanley, Goldman Sachs et Citi se sont associés à des électriciens et ONG vertes pour fixer des critères écologiques communs, pour l’octroi de prêts aux centrales thermiques à l’avenir.

La SEPA se lance à présent dans une autre aventure : faire interdire 141 produits parmi les pesticides, batteries et l’arsenic. Et en attendant, faire supprimer leur privilège de taxation.

Apparaît aussi un vaste plan du Conseil d’Etat : 100M²/an de subsides verts aux projets immobiliers utilisant géothermie, énergie solaire ou celle des déchets. Il s’agit d’assurer que les 2MMm² de surface bâtie/an (50% du monde) soient aux normes et que jusqu’à 15MMm² du parc existant (environ un tiers) soit rénovés d’ici 2020. Or, ici, la banque IBC (International Bancshares Corporation), filiale de l’Int’l Finance Corp, IFC vient en aide au pouvoir, offrant aux PME du Fujian, 150M² en prêts d’optimisation énergétique…

 

 

 


Joint-venture : Automobiles, toujours des places à prendre

Automobile – toujours des places à prendre

Le marché automobile de ce pays reste incandescent. Comme si les gros constructeurs s’apprêtaient à dévorer les 10aines de petits que les provinces ne pourront plus subventionner, et les marchés des rivaux incapables de suivre le poker de l’investissement.

[1] Grâce à sa Tiida entre autres, Nissan a vendu 270.000 véhicules en 2007 (5% du marché), et compte en placer 500.000 en 2008, grâce à trois modèles dont la Qashqai (Xiaoke), mi-4×4, mi-pickup.

[2] 5ème producteur et 10ème vendeur, dont les modèles vieillissants avaient causé la chute en 2007 (231.000 ventes,-20%), Hyundai investit à tout-va pour retrouver sa gloire d’antan: nouvelle usine de 200.000 puis 300.000 voitures /an, trois nouveaux modèles et une forte campagne de pub olympique dans Pékin, sa ville d’accueil.

[3] Geely, 8ème constructeur (200.000 ventes), et Yinlun (Zhejiang) s’associent à Yuchai (Singapour), n°1 du diesel en Chine, en deux JV de ces moteurs moins gourmands et moins polluants. Geely fournira la technologie, et avance 30% du capital (Yinlun 18%, Yuchai 52%). Les deux usines produiront 300.000 à terme. Geely achètera toute la production, destinée à un futur modèle.

Marina chinoise pour la Grenade

Grenade, île Caraïbe ex-britannique (102.000 habitants), reconnut Taiwan jusqu’en 2005, moyennant un stade et autres petits cadeaux de développement.

Jusqu’en 2005, où Pékin entreprit de surenchérir pour ramener une à une dans son giron ces ambassades à roulettes. Dès février 2007, un stade de cricket chinois voyait le jour, 20.000 places pour 14M$ prêtés par la pékinoise Ex-Imbank, oeuvre de 560 maçons chinois. Comble de gaffe, à l’inauguration, devant l’ambassadeur chinois, le Royal Grenada Police Band interpréta l’hymne national… de Taiwan – force de l’habitude! Le malentendu dissipé, Pékin poursuivant ses largesses, offre 83M$, de quoi bâtir sur la côte nord une marina de plusieurs condominiums, d’un centre commercial et de 50 postes d’accostage de yachts.

Ainsi, les petits Etats Antillais ramassent les miettes du banquet des 2 Chine : à St Kitts & Nevis, Taiwan finance un stade à 21M$. Mais il attaque Grenade devant un tribunal de New York, pour évasion du prêt qu’il lui avait consenti pour le stade précédent, victime des fureurs d’un cyclone en 2004.

 

 


JO : Jour J – 158

Le football chinois taxé de 4500$ par la Fédération est-asiatique, le 20/2 à Kunming suite à une plainte de l’équipe nippone. Les rouges avaient pris 4 cartons jaunes durant le match. Un de moins que la semaine précédente, lors du match contre les sud coréens. Violences qui n’ont empêché l’équipe de perdre les deux matchs.

ª Après avoir achevé les tests, les techniciens chinois affichent la sérénité: la torche olympique ne s’éteindra pas en mai sur l’Everest, même par fort vent et peu d’oxygène. La perspective d’un tel incident était insupportable – perte de face qui sera évitée.

ª Le canal Sud-Nord, Yangtzé-Fleuve Jaune est achevé. D’un coût en MM$, ce travail d’Hercule ouvre en avril, à temps pour les Jeux (Pékin recevra 300Mm3 d’ici décembre). Mais An Qiyuan, cadre du Shaanxi, prévient : sa province spoliée doit être compensée, sous peine de catastrophe écologique, et de colère sociale.

ª Le “dragon”, Terminal 3 de l’aéroport de Pékin vient d’ouvrir. Signé Norman Foster, il a sa gare métro, 64 restaurants, 90 boutiques, et une capacité de 40M passagers/an sur ses 100ha. Colonnes rouges et plafond d’or (symbole impérial)…

ª Revers pour Yaoming, le surdoué du basketball au Houston Rockets, qui s’est cassé le pied gauche, et sera immobilisé quatre mois. Pourra-t-il faire les JO? Les fans angoissent…

 

 


Petit Peuple : Hong Kong – Prince Charles aux yeux bridés

A Hong Kong, le scandale autour de la famille Kwok fut étouffé après trois jours. Prudente face à ses milliardaires, la presse du "rocher" fit un miel trop rapide de cette saga, avant de passer à autre chose, gaspillant ainsi une belle occasion d’observer une dynastie d’habitude cachée, rendue enfin visible par la tourmente!

A 57 ans, Walter Kwok Ping Sheung venait d’être invité par un conseil de famille à s’offrir des vacances et avait été écar-té de la barre du vaisseau amiral de la famille -Sun Hung Kai, 1er groupe immobilier de la Région administrative spéciale. Ce congé faisait suite à sa tentative manquée d’intégrer Ida Tong son amante, au conseil d’administration. Qu’il partage depuis 25 ans sa vie avec Wendy, sa pâle épouse, ne jouait aucun rôle en la matière : le problème tenait plutôt à la dévorante personnalité d’Ida, qui exigeait cette promotion. Peu avenante mais opiniâtre, cette avocate de formation exerçait sur son amant une emprise irrésistible, et faisait sur Sun Hung Kai la pluie et le beau temps.

En septembre, sous sa férule, Walter avait acquis un bien à Kowloon, pour 2,07 MM HK$, prix exorbitant qui avait fait lever les bras au ciel à Raymond et Thomas, ses cadets. Mais n’en démordant point, Ida ne vendait aux clients qu’à condition qu’ils lui donnent du Mme Kwok. Insidieusement, l’intrigante renforçait le contrôle de l’empire familial, «volait les poutres et changeait les piliers» (偷梁换柱 tou liang huan zhu) : aux postes-clé, elle remplaçait les lieutenants par ses propres fidèles.

Kwok l’aîné n’avait pas toujours été si mou -sa pusillanimité fut sans doute provoquée par un accident de la vie. En 1997, Cheung le mafieux, dit «le flambard» avait enlevé et frappé 5 jours le nabab, avant de le relâcher brisé -délesté de 600 M HK$. Pour la petite histoire, Cheung fut exécuté 2ans après à Shenzhen, pour avoir enlevé un autre fils de riche, Richard Li, dont le père Li Ka-shing réclama et obtint vengeance auprès de Jiang Zemin. Walter cependant, ne s’en était pas remis: depuis, ses frères et belles-soeurs régentaient tout, ne lui laissant que le decorum.

C’est alors qu’Ida était réapparue dans sa vie, lui susurrant qu’elle l’aiderait à récupérer ses pouvoirs perdus.

L’affaire du Conseil d’administration, fut le pas de trop : sommée de protéger les intérêts du clan, Xiu-Hing la reine-mère réunit le 18/02 le conseil de famille, qui  vota de mettre Walter sur la touche, «le temps qu’il revienne à la raison». Lequel Walter, trois semaines avant, avait porté la guerre sur un autre terrain en créant un nouveau groupe au nom presque identique. La presse ne dit pas quelle parade la dynastie trouva pour parer ce coup hasardeux. 

Enfin, comme dans les charades à tiroirs, l’histoire révèle un volet caché : 30 ans plus tôt, le jeune Walter avait voulu épouser Ida -choix refusé par Tak-seng le patriarche, qui l’avait contraint à prendre Wendy à sa place. C’est que chez ces gens-là, on n’épouse pas n’importe qui. Ida était bien issue du gratin de la ville, mais les rapports des enquêteurs étaient vraiment trop mauvais, la demoiselle se laissant courtiser par deux hommes à la fois, à l’insu l’un de l’autre…

A cette société insulaire avide de potins, et nostalgique de l’Angleterre, il n’en fallait pas plus pour trouver d’instinct la comparaison qui s’imposait : à l’instar de Londres, Hong Kong compte désormais son propre héritier sur la touche, mal marié pour les besoins de la lignée – son prince Charles aux yeux bridés, avec Ida dans le rôle de Camilla !

 

 


Rendez-vous : A Canton, des Salons en série: eau, pompes, automation, emballage, enseignes

3-5 mars, Shanghai SPORTEL Asia, sur le sport à la TV

3-6 mars, Tianjin : CIME Salon des équipements et technologies pour la métallurgie

4-6 mars, Canton : Salon LED et SIGN– signalisation, enseignes

4-7 mars Canton: Salons Water China – eau, Sino Pack – emballage, Chifa – automation, PVP – pompes, valves et tuyaux