Le lieu est si secret que le journaliste a été prié de ne pas en trahir l’adresse. Serrées les unes sur les autres, les 4 tours noires aux murs blindés ont peu de fenêtres (d’ailleurs, fines comme des meurtrières), et n’exposent que leur largeur, comme pour réduire leur vulnérabilité à une attaque terroriste : le Bocog ne prend pas de risques !
Au 10ème, se trouve le laboratoire d’Atos Origin (AO), la société française élue pour intégrer les 10.000 ordinateurs, 50 logiciels et 1000 serveurs des JO. Atos Origin est le chef d’orchestre des 15 partenaires logistiques, tels Omega (écrans), Kodak (photos), Lenovo (serveurs), Panasonic (Audio/TV/video), Samsung (Wifi), Netcom (tel fixe), China Mobile (portables) et Sohu (site internet).
Le risque de « hackers » semble éradiqué à la source : aucun message entrant n’est toléré, et toute tentative d’accès au réseau, après trois erreurs de mots de passe, déclenche une alerte. La tâche semble titanesque et complexe : avec 180 informaticiens chinois et étrangers sur place et 5000 à travers les sept villes des jeux, Atos Origin doit préparer 200.000 accréditations, fournir les CV de 10500 athlètes, présenter les résultats de 302 épreuves en temps réel, les imprimer et distribuer (25M de feuillets /semaine). Tout en fournissant les horaires des bus et métros, la météo, l’agenda des événements, afin d’atteindre les 4MM de téléspectateurs attendus. Tout cela en 3 langues bien sûr (français, anglais et chinois).
Mais Atos fait le poids : depuis Salt Lake City en 2002, il a gagné l’appel d’offres pour tous les JO, y compris Vancouver (hiver 2010) et Londres (2012). Ses logiciels sont éprouvés, GMS pour tout service, IDS pour toute info sportive: «d’un JO sur l’autre, nous reprenons 50% de l’acquis précédent », dit Marie-Tatiana Collombert, « Directrice communication », vice Présidente du groupe.
Pour prévenir tout crash (malicieux, ou accidentel), Atos Origin offre jusqu’à quatre systèmes miroirs délocalisés, prêts à relayer à la seconde tout réseau ou serveur défectueux. Personnels, équipements et logiciels sont soumis à la « torture », notamment durant les « générales » de mars et juin, qui simuleront 4 jours des Jeux Olympiques (parmi les plus intenses), avec accidents imprévus et compression des 24 heures normales, en 7h. En 4 ans de préparatifs, le système ainsi créé aura subi 200.000 heures de tests, avec 100 à 180 techniciens actifs, jour et nuit…
« La sécurité n’est pour nous qu’un risque parmi d’autres », conclut Patrick Adiba, le vice Président. Nous avons plutôt besoin de solutions qui marchent, sans besoin de penser: quand arrivent les Jeux, il est pour cela trop tard! »
Sommaire N° 8