Vers l’Amérique : la fin du « Low cost China »
Vice Président de Wal-Mart, Michael Duke prétend qu’en croissance des ventes en 2007, son groupe a dépassé en Chine toute concurrence. Il l’a fait, grâce à la reprise de 35% (pour commencer) de la chaîne locale Trust-Mart aux 101 supermarchés : lui permettant d’atteindre 101 unités dans l’année (+30). Nouvelle plus insolite : comme d’autres groupes, Wal-Mart approvisionne depuis la Chine ses 4000 dépôts aux US (y compris sous le label Sam’s Club). Duke affirme que par gain en productivité, ses fournisseurs parviennent à gommer l’effet de l’inflation et de la hausse du ¥ sur leurs prix, qui restent constants. Ainsi cette année, il affirme acheter en Chine autant que l’an dernier, au même prix -9MM$.
Pourtant, Outre-Pacifique, le son de cloche est inverse : depuis octobre 2007, le prix de l’habillement monte, jusqu’à 7,3% chez les femmes. C’est un tournant par rapport aux 10 dernières années, où l’inflation a atteint 31%, mais où l’habit/chaussure a baissé de 10%, grâce à la Chine. Une cause est bien connue—les hausses généralisées des coûts du producteur. Mais on voit aussi cet effet imprévu, l’écrasante et ancienne domination du made in China : la Céleste chaussure occupait 53% du marché US en 1993, et 73%, 15 ans après : avec de tels chiffres, la concurrence disparaît !
Finances : brouillard, orage en formation
Défiant les pronostics, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale, a sauvé son poste, tandis que Wang Qishan devenait un «super ministre» des finances.
Avec ces hommes, la Chine va poursuivre à étapes forcées sa politique d’appréciation du ¥ et de restriction du crédit—options qui ne font pas l’unanimité.
Les banques s’en plaindront, mais elles peuvent compter sur leurs énormes profits engrangés l’an dernier, avec +60% déjà annoncés chez ICBC et BoComm. Pour l’avenir, Jiang Dingzhi, n°2 à la CBRC (tutelle bancaire), avertit les banques (29/02) contre les prêts aux «trois hauts», le foncier à prix extravagant, l’usine polluante, ou gaspilleuse d’énergie : vu les mesures environnementales juste prises (cf p2), ces invests ont plus de chance de passer en «pertes» qu’en «profits». Or, selon Fitch Ratings, le foncier occupe jusqu’à 33% des créances des banques et à Shanghai, le double de 2006 (2MM¥).
On note en bourse un jeu étrange : défiant la tendance à la baisse (-4% le 25 /02), les groupes se ruent vers la « corbeille », telle la banque Pudong Development Bank prétendant à 3,5MM$ (21/02) ou l’assureur Ping An, 17MM$. La tutelle boursière CSRC suggère déjà qu’elle va barrer ces «tentatives d’épuiser malicieusement le marché» (sic). Enfin, la même CSRC s’apprête à recevoir un nouveau n°2 : Yao Gang, 46 ans, banquier d’affaires formé à Tokyo (Sanyo Securities, Société Générale), secondé par Zhu Congyu, 43 ans— l’ex Président de la bourse de Shanghai : remue ménage à l’horizon !
Sommaire N° 8