Promise au statut de ministère de l’environnement, la SEPA (State Environmental Protection Administration) poursuit sa course, seule contre l’inconscience industrielle : elle marque des points, déterminée à prouver aux firmes, par des leviers financiers (taxation, imposition, tarifs), qu’elles n’ont plus d’alternative à un effort de production respectueuse de la nature.
En 2007, 12 grosses usines polluantes se sont vu retarder l’entrée en bourse (pour l’une, jusqu’à ce jour). Actives en biochimie, colorants, papier, construction, ou batteries, elles comptaient des noms prestigieux tels Anhui-Conch (ciment), China Coal (n°2 Nat’l du charbon) ou Zijin (mine). Le feu rouge à Ch. Coal fut très remarqué : retardée à janvier, son entrée à Shanghai permit de lever 3,6MM$, mais depuis octobre, la place s’était effondrée de 30% et le 1er jour de cotation, la prise de gains plafonna à +32%, une des pires performances depuis 12 mois.
De même, en accord entre la SEPA et la tutelle boursière CSRC (China Securities Regulatory Commission), toute entrée en bourse, pour 13 secteurs sales, devra dorénavant être précédée d’une obligation de bilan environnemental. De même, toute firme notoire énergivore et/ou polluante, et toute firme déjà en bourse, devra présenter son bilan vert annuel, offrant ainsi aux investisseurs une meilleure image du risque -une firme polluante, étant considérée comme non-durable.
Encore : selon l’amendement (28/02) à la loi de gestion des effluents, les patrons de firmes lourdement pollueuses perdront jusqu’à 50% du salaire de l’année précédente, et la firme assumera jusqu’à 30% des frais de réparation des dommages: dissuasion bien plus crédible que les 100.000² max., infligés jusqu’alors.
La SEPA a aussi bloqué 187 projets polluants, et tenté d’obtenir des banques le refus de prêts aux bêtes noires industrielles. Sans succès pour l’heure: apparatchiks et industriels locaux, membres du même « club », n’ont rien à se refuser. Mais la tentative de frein commence à être soutenue par des firmes étrangères : Morgan Stanley, Goldman Sachs et Citi se sont associés à des électriciens et ONG vertes pour fixer des critères écologiques communs, pour l’octroi de prêts aux centrales thermiques à l’avenir.
La SEPA se lance à présent dans une autre aventure : faire interdire 141 produits parmi les pesticides, batteries et l’arsenic. Et en attendant, faire supprimer leur privilège de taxation.
Apparaît aussi un vaste plan du Conseil d’Etat : 100M²/an de subsides verts aux projets immobiliers utilisant géothermie, énergie solaire ou celle des déchets. Il s’agit d’assurer que les 2MMm² de surface bâtie/an (50% du monde) soient aux normes et que jusqu’à 15MMm² du parc existant (environ un tiers) soit rénovés d’ici 2020. Or, ici, la banque IBC (International Bancshares Corporation), filiale de l’Int’l Finance Corp, IFC vient en aide au pouvoir, offrant aux PME du Fujian, 150M² en prêts d’optimisation énergétique…
Sommaire N° 8