Pol : Poznan : La Chine dans l’arène ‘verte’

ENVIRONNEMENT   – 环境

Poznan : La Chine dans l’arène « verte »

Quoique elle-même réticente à forcer ses usines à réduire leurs émissions de CO², la Pologne accueille ces deux semaines (1-12 /12) le grand sommet de la lutte contre le réchauffement global : 9000 délégués, 190 nations siègent à Poznan pour convenir de la feuille de route de l’accord dit «Kyoto-II» (applicable après 2012), d’ici la signature espérée à Copenhague pour décembre 2009. En tête d’attelage, l’Union Européenne s’engage à réduire ses rejets de moitié d’ici 2050, par rapport à ses émissions de 1990. L’élément neuf dans cette équation planétaire est le jeune Président Obama, qui veut d’ici 2020 ramener la pollution de son pays au niveau de 1990. La Chine a une position insolite. Ardent défenseur de Kyoto-II, elle accepte de partager «très sérieusement» l’effort futur, et de s’imposer des quotas contraignants, une baisse absolue de ses émissions. Mais elle n’en est pas moins en 2007 émettrice des deux tiers de tout CO² nouveau, et 1er pollueur mondial. Elle exige aussi que les pays riches, « les responsables » fassent le plus dur, et l’aident dans son propre effort, en transfert gratuit de leurs meilleures technologies, à concurrence de 1% de leurs PIB. En attendant, à Poznan, elle partage avec l’Inde une stratégie opportuniste : dénoncer l’objectif d’Obama comme insuffisant (au nom du principe : « les absents ont tort ». Elle attend des Etats-Unis le double (40% de réduction d’ici 2020)… Mais la Chine se fait aussi respecter, au sommet vert, pour ses réalisations, tels ces 310M² dépensés depuis 2001 en biogaz rural, ou son imminente réforme annoncée des prix de l’énergie.

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Presse : le changement vient du Shanxi

Le 20/09 à Hongdong (Shanxi), un mineur décède dans sa mine. Le 22/09, il est enterré, sans que l’accident ait été déclaré par l’entreprise, qui veut s’épargner les 200.000¥ de dommages à la famille et l’amende d’1M¥. Puis les 24-25/11, un grand nombre de reporters se présentent, pour collecter leur « cachet de silence ». Sauf l’un d’eux, Dai Raojun, du Journal de l’Ouest (de Taiyuan), qui poste son reportage sur son blog : repris à Pékin par le Journal de la Jeunesse et une centaine d’autres media, il marque le début d’une affaire au démérite de toute la presse locale.

L’enquête de la GAPP, la General Administration of Press and Publication, l’organe de tutelle, suit le jour même. En deux jours, elle épingle 58 journalistes dont 4 officiels, 26 de maison, et 28 free lance sans carte de presse. 23 medias voient leur om impliqué, dont les plus grands, tels la TV nationale éducative, radio et TV-Shanxi, le magazine Loi Gouvernementale.125.000¥ ont ainsi été versés en «frais de publicité», dont 39.500 à un pigiste de haut vol, autant au bureau local du Journal de la Loi.

Puis l’orage se déverse sur l’homme par qui le scandale arrive. Professionnel expérimenté (42 ans, 20 ans de métier), Dai savait ce qui l’attendait : un porte-parole de son journal précise qu’il n’est pas journaliste officiel (正式记者), suggérant ainsi que le media ne défendra pas son envoyé. Dai et sa famille reçoivent aussi des appels anonymes de menace —surtout après son passage à Pékin sur les ondes de diverses chaînes comme Phoenix TV (Hong Kong).

Des sanctions ont suivi à l’encontre de certains coupables: les montants touchés ont été confisqués et les journalistes marrons, mis à l’amende. Le Journal de la Loi voit son bureau provincial fermé… Mais l’aspect le plus remarquable dans cette affaire, tient au fait qu’une dénonciation de la base a forcé l’Etat à intervenir.

Pour comprendre le tournant qui se dessine, il faut comparer cette affaire avec celle de la mine de Jiliao dans le Henan, en août 2005. Seule différence : le nombre de morts bien plus lourd ici – au point d’être resté secret aujourd’hui encore. A Jiliao aussi, des dizaines de reporters avaient défilé pour toucher leur enveloppe. Sauf Fan Youfeng, du Henan Business News, qui publia l’affaire de corruption, avec le soutien de son chef, Ma. Résultat à l’époque : un officiel du Département de la propagande descendit pour rétablir la discipline. L’article fut déclaré «faux, inapproprié». Fan fut « averti », et Ma, son chef, poussé à la retraite. Trois ans après, le débat est ouvert et -pour l’instant- la tutelle joue le jeu. L’enjeu de cette affaire très suivie, est le grand nettoyage du métier, et la liberté de la presse—l’un par l’autre. Le rôle de la crise, dans cette évolution soudaine, étant indiscutable : l’Etat, fragilisé, ne pouvant plus se permettre une perte d’image supplémentaire.

 

 

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