Argent : Crise : ‘Quand le PIB va, tout va’ !

Crise : « quand le PIB va, tout va ! »

A sa sortie en octobre, le plan chinois anti-crise avait été salué par le monde entier comme audacieux. Un mois plus tard cependant, tout bien réfléchi, les industriels l’estiment «insuffisant» pour rassurer l’acteur n°1 – la population, le consommateur !

De fait, l’Etat semble le reconnaître, en publiant (3/12) un autre plan, dit « en 9 points ». Son but avoué: relancer l’immobilier, dont dépendent 77M jobs, et sauver en 2009 une croissance de 8 à 9%, démentant les lugubres 7,5% prédits par la Banque Mondiale.

Parmi les actions annoncées figurent [1] 100MM¥ de crédits aux banques sectorielles (la banque de la communication BoComm, la banque de l’agriculture,ABC, ExImbank) ; [2] d’autres coupes des taux d’intérêt et des réserves bancaires, qui permettront (par exemple) à la China Construction Bank d’augmenter ses prêts de 13-15% en 2009 à 400-500MM¥, dont la moitié en infrastructures ; [3] une hausse du plafond imposable (aujourd’hui 2000¥) ; [4] la poursuite des hausses salariales pour cadres des provinces pauvres, tels ces 300¥ /mois que vient juste de toucher le rond-de-cuir du Henan : [5] Valeur sure, le plan de prime à l’électroménager pour paysans sera reconduit en 2009, subvention de 13% sur l’achat de TV, frigos, GSM et micro-ondes made in China. Moyennant 920M¥ du trésor public, la mesure permettra d’écouler des millions d’appareils «low cost » invendus : [6] L’Etat envisage de réintroduire ce plan testé de 1998 à 2003 à Shanghai : une grâce d’impôts, partielle ou totale, aux acquéreurs de logement : [7] Pour prévenir la panique, il annonce une assurance sur les dépôts bancaires, jusqu’à 2000¥ – pour commencer, et [8] les provinces sont encouragées à investir dans les Cies d’assurance-crédit : [9] Sans doute à titre de test des marchés monétaires, le Yuan baisse de 3% (1/12), et [10] les prix des denrées alimentaires sont libérés…

Voilà donc une grosse Bertha de mesures « tout pour les affaires » -mais l’envers de la médaille finit par apparaître. – Le plan enterre ce principe sacré depuis 2006, de la protection des terres arables. Pour assurer le PIB, dit Lu Xinshe, ministre des ressources foncières, il faut faire vite. Le chantier peut débuter sans certificat d’utilisation du sol, et même sur des parcelles classées en  «utilisation agricole protégée». Par rapport au mot d’ordre de Wen Jiabao en 2003, «la qualité, plutôt que le volume», c’est un recul. – Dix économistes chinois dénoncent la faiblesse du plan au chapitre “bourse”. L’Etat rachète des parts, pour enrayer la chute, et espère lancer dès que possible son marché secondaire à risque. Et c’est tout—et à vrai dire, il ne peut faire rien d’autre, sauf “laisser faire la nature”. Mais de la sorte, il ne convaincra pas ces 70M d’actionnaires, qui viennent en 12 mois de perdre 69% de leur épargne : échaudés, ils se calfeutrent, face à un très long hiver !

 

Mélamine  – effet « boule de neige »

La Chine n’en finit pas de souffrir de sa fraude du lait à la mélamine. Soucieux de se réconcilier avec les chiffres, le gouvernement triple le bilan des victimes, à 294.000 bébés malades, dont 154 dans un état sérieux et 6 morts. Face à l’étranger, les dégâts sont inouïs : rapportés à un an, 92% des exports d’octobre  ont disparu. La publication d’un plan d’assainissement et d’une liste d’additifs bannis n’arrête pas la débâcle: l’Union Européenne ostracise ses laits de soja pour bébés, dont elle importait 68.000t l’an dernier. La France saisit 300t de tourteaux de soja mélaminés (50 fois le plafond). HK détecte un 3ème lot d’oeufs chinois (deux fois le plafond). Plus curieux, l’Arabie Saoudite croit avoir décelé le poison dans le lait en poudre de Nestlé qui, dès son entrée en Chine en 1987, s’était interdit tout recours à des intermédiaires dans sa chaîne d’approvisionnement, et donc demande à voir. Au moins, ce climat déprimé peut aider les investisseurs étrangers à pénétrer un marché qui se passait jusqu’alors d’eux : KKR, fonds d’investissement américain, reprend pour 300M$ Modern Farm, aux trois centres d’élevage de plus de 10.000 vaches. Investissement pour un tiers sur fonds propres, et deux tiers en crédit d’une banque locale encore tenue secrète. Passer filiale, permettra au groupe de réaliser 3 à 4 autres de ces méga-fermes. Encore secret, le client de ce lait devrait être Mengniu, le 1er laitier chinois, qui est jusqu’à présent son client exclusif.

 

 

 

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