Temps fort : Paulson entonne en Chine son chant du Poenix

Avec l’Union européenne soudain, les rapports sont à l’orage.

On avait vu l’annulation du Sommet de Lyon (cf VdlC n°38) : Pékin voulait «punir» la rencontre Dalai-Sarkozy (6/12). Depuis lors, la presse des deux bords ne tarit pas de critiques mutuelles entre Pékin et Paris. Puis une série d’incidents dégrade la relation proverbialement paisible avec la Belgique. Le 27/11, l’annonce du passage à tabac d’un reporter flamand qui enquêtait sur le Sida au Henan, ne reçoit du pouvoir, qu’un démenti «étonné» – la Belgique demande des éclaircissements. Puis Pékin réclame une impossible compensation pour son assureur Ping An, suite à son désastreux investissement dans le groupe Fortis : le premier ministre belge Y. Leterme refuse. Leterme, qui vient de recevoir le Dalai-lama (3/12), ce qui a valu à Bernard Pierre, son ambassadeur, trois convocations en deux semaines. Puis c’est au tour du Parlement européen (4/12) de recevoir le pontife lamaïste. Dans l’hémicycle, des élus brandissent le drapeau blanc/jaune tibétain, mais personne l’étendard chinois : c’est un symbole criant de la perte d’une image durement gagnée en des années d’efforts. De part et d’autre, le courant ne passe plus : la Chine dénonçant des promesses non tenues, l’Europe se disant pressurée. Tout cela, il y a trois mois, n’existait pas : servant de révélateur, la crise a tout changé !

Avec les Etats-Unis, le climat est à l’autre extrême du baromètre : courtois et nostalgique. « Hank » Paulson, secrétaire au Trésor, venait (4-5/12), ancrer son héritage du Dialogue Économique Stratégique inventé par lui en 2006, réunissant depuis lors la moitié des deux cabinets chaque semestre. Une institution à grand succès, ayant permis de nombreuses institutions et projets mixtes, telle l’entrée dans le programme nucléaire chinois, jusqu’alors chasse gardée européenne.

Durant cette 5ème session on parla bien sûr du vieux sujet qui fâche, le Yuan trop bas, monté de 21% depuis 2005, mais redescendu de 3% juste avant la tenue du dialogue éco stratégique. Mais on avançait aussi dans les programmes d’économie d’énergie (autre dossier d’avenir), où Washington subventionnait de 0,56M$ un programme dans deux villes, de formation à l’architecture économisant l’énergie… Et contre la crise, Paulson et  Wang Qishan, vice 1er, nouveau « pape » de l’économie chinoise convenaient de dégager chacun 10MM$ de crédits des ExImbank respectives, pour financer les projets communs à l’avenir.

De l’avis d’un conseiller américain, ces accords étaient un «cadeau de départ» à Paulson, très apprécié de ce côté du Pacifique. Comme ses collègues, le secrétaire d’Etat prépare sa seconde vie (dans 43 jours), laissant entendre qu’il cherche un poste « en rapport avec la Chine, quoiqu’il ait du mal avec sa langue » (sic). Dans ce climat, Paulson et ses interlocuteurs, vécurent un sommet élégiaque, en vieux complices, contemplant leur oeuvre du passé, et leurs options pour l’avenir !

 

 

 

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