Editorial : Six pays au chevet de Pyongyang, malade indocile!

Chargé d’énigmes – bien dans l’atmosphère de ce mystérieux pays- le Sommet international pour la Corée du Nord (27-29/08, Pékin) semble un échec : Kim Yong Il le négociateur stalinien refusa de signer le Communiqué final, et brandit la menace que Pyongyang se déclare puissance nucléaire et procède à un test. Malgré les apparences, le sommet cache les progrès réels accomplis, et -peut-être- un tournant dans l’histoire!

Enigmes :

Pourquoi Kim Jong-il, le leader stalinien accepta-il de rompre son silence de quatre mois (cf  VdlC  n°13) ? Pourquoi Chine, US et Corée du Nord jusqu’alors contents de garder leur débat à huis clos, l’ouvrirent-ils à Russie, Japon et Corée du Sud?

Progrès :

• Pyongyang retourna au tapis vert, poussé par la faim. Suite à l’annonce (oct. 2002) de la reprise de son programme atomique, Pyongyang a vu fermer le robinet de l’aide alimentaire mondiale : la santé en Corée est faible, et le prochain hiver n’est plus loin.

• L’élargissement du débat est dû à G.W. Bush: enlisé dans l’ornière irakienne et devant bientôt entrer en campagne électorale, il est désormais disposé à partager les responsabilités de gendarme du monde !  

• Un délégué avait observé que vu les méfiances, le succès serait  acquis si les Nord Coréens ne claquaient pas la porte : ce fut le cas.

• Au contraire, les six pays convinrent de reprendre le débat d’ici oct.

• Pour contraindre Pyongyang à abandonner la voie hostile, ses  partenaires renforcèrent leur unité. Russie, Corée du Sud et Japon entamèrent (18/8) d’historiques manoeuvres navales, et Chine et Japon en annoncèrent d’autres. Sous l’égide des US (Proliferation Security Initiative), 10 pays convinrent de traquer les bâtiments coréens soupçonnés de contrebande

Mais le rôle le plus net fut tenu par Pékin qui, sortant de 20 ans de non-interventionnisme (dogme de Deng Xiaoping), avertit Pyongyang de ne plus compter sur elle pour la soutenir dans son errance : depuis avril, trois émissaires de Hu Jintao se sont succédés à Pyongyang pour y dire que Pékin ne la soutiendrait plus, sauf dans la voie du développement pacifique. Et pour forcer le loup hors du bois, l’oléoduc vers la Corée était coupé – avec pour conséquence immédiate, l’incapacité de la Corée à se chauffer—la Chine assure 80% des imports coréens en vivres et fioule… 

Ainsi, après 20 ans d’aveuglement, la Chine et ses voisins sont alliés face au risque coréen : base d’un règlement enfin possible!

Mais demeurent, pour assurer l’avenir, deux incertitudes :

• L’unité tiendra t’elle face aux rivalités de l’influence et de la reconstruction future?

• Les US fourniront-ils enfin le traité de non-agression traumatiquement réclamé par Kim Jong-Il, qui en a besoin face à son oligarchie militaire? Sans ce “papier” plus symbolique qu’autre chose, sans doute, pas de paix possible!

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