Ce n’était qu’une question de temps. Un an jour pour jour après le confinement de la ville de Wuhan (Hubei) le 23 janvier 2020, son maire Zhou Xianwang (周先旺) prend la porte. Même si son départ n’est pas encore officiel et que la nomination de son successeur devra être approuvée par le parlement local, un communiqué de la municipalité ne le présente déjà plus comme tel, mais comme membre de la Conférence consultative du peuple du Hubei.
Au début de l’épidémie, le maire s’était retrouvé sous le feu des critiques pour avoir tardé à communiquer sur le virus et à décréter des mesures sanitaires, ainsi que pour avoir autorisé une fête de quartier rassemblant 40 000 personnes, ou encore pour avoir mis son masque à l’envers lors d’une conférence de presse…
Le 27 janvier 2020, lors d’une interview à la CCTV qui restera dans les mémoires, il avait déclaré assumer pleinement l’impopulaire mise en quarantaine de la ville et proposait sa démission (d’ailleurs réclamée par des millions d’habitants sur internet) ainsi que celle du secrétaire du Parti de la ville Ma Guoqiang (qui sera lui limogé un mois plus tard et remplacé par Wang Zhonglin). Surtout, Zhou Xianwang avait ajouté : « si nous n’avons pas communiqué plus tôt sur l’épidémie, c’est que nous n’avions pas eu l’autorisation de le faire de la part de notre hiérarchie ». En rejetant ainsi ouvertement la faute sur le gouvernement central, le maire devait savoir que ses jours étaient comptés…
Maintenant que la situation sanitaire est sous contrôle à Wuhan et que le triomphe de la ville sur l’ennemi invisible est célébré, l’heure est donc venue pour Zhou de s’en aller. Un départ qui ne fait ni chaud ni froid aux habitants. « Que Zhou reste ou pas, cela ne change rien pour moi, lâche l’un d’entre eux. J’ai retenu la douloureuse leçon des 76 jours de confinement. Désormais, je n’attendrai plus que les autorités réagissent, j’irai au-devant, j’ai déjà fait des provisions pour m’auto-confiner ». Certains trouvent tout de même des excuses à l’ancien maire, expliquant que Zhou n’avait pas l’autorité nécessaire pour prendre des décisions à l’époque. Pourtant, dans la ville voisine de Qianjiang, les dirigeants avaient pris sur eux-mêmes de fermer la ville, sans attendre l’approbation du Hubei ou de Pékin…
1 Commentaire
severy
27 janvier 2021 à 20:56Voilà qui illustre parfaitement l’expression « payer les pots cassés ».