Interview : « Trois questions à… Alicia Veneziani, de Didi Chuxing »

« Trois questions à… Alicia Veneziani, de Didi Chuxing »

Pour cette seconde édition des « French Insiders », l’équipe French Tech Beijing présidée par Jean Dominique Séval, recevait Alicia Veneziani, jusqu’à récemment responsable au sein de l’équipe « International & Growth Strategy » de Didi Chuxing avant de rejoindre Bytedance. Interviewée par Héléna Javitte, vice-présidente de French Tech Beijing, elle a partagé son expérience rare d’une Française plongée au cœur d’un des géants du numérique chinois.

Alicia, comment passe-t-on de brillantes études d’ingénieur en France et au MIT (USA) à une expérience unique chez un géant de la Tech chinoise ?

Je suis arrivée en Chine en 2015, grâce à Air Liquide qui m’a proposé de travailler sur leurs projets environnementaux de pointe, comme les stations de rechargement à hydrogène. Une chance que j’ai saisi sans hésiter, pour découvrir ce pays à travers des projets très innovants. Après une expérience aux États-Unis, c’est une discussion autour d’un café avec un ami travaillant chez Didi et trois entretiens passés dans la journée, qui m’ont propulsé au sein de l’équipe chargée de l’internationalisation de Didi Chuxing. J’ai vite compris que je n’aurais pas de « zone de confort » tant les challenges à relever étaient nombreux : que ce soit de travailler en équipe dans une entreprise chinoise au rythme très soutenu, que d’être en mesure d’obtenir des résultats. Seule employée étrangère au département stratégie, les débuts ont été quelque peu stressants, et j’ai dû sacrifier l’efficacité d’organisation au profit la vitesse d’action.

Quelles sont les réalisations dont vous êtes la plus fière ?

Sans hésitation, l’entrée réussie de Didi en Russie. Un dossier sur lequel j’ai travaillé dès le début lorsqu’il s’agissait de doter le groupe d’une stratégie internationale à la hauteur de ses ambitions. Un travail de ciblage, de récupération des données clés, de définition des objectifs en fonction des revenus générés (le nombre de déplacements moyens) et du nombre de passagers potentiels, et au final, de mise en place d’un plan de marche avec une équipe dédiée. Cela n’a pas été simple, il a fallu garder la tête froide, savoir prendre de recul pour résoudre les nombreux conflits qui surgissent quand les collègues travaillent sous pression. Il a surtout fallu s’adapter, et parfois à des choses toutes simples, comme le fait de ne pas envoyer d’emails. En effet, à votre arrivée chez Didi, on vous donne un code pour accéder aux ressources et aux outils dont vous aurez besoin, et les échanges se font via une messagerie intégrée à une application très bien pensée. Résultat, en un an et demi, j’ai dû écrire quatre emails, en tout et pour tout !

Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui à continuer à travailler pour des employeurs chinois ?

J’ai encore beaucoup à apprendre, et ces expériences pour de tels groupes sont uniques. Avec le recul, je pense qu’il me faudra mieux définir la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Par exemple, Didi va plus loin que ce que proposent certains géants de la tech aux États-Unis, en mettant à disposition pour certains employés (essentiellement les développeurs) des chambres pour faire la sieste et passer la nuit au bureau, des nounous pour garder les enfants, et l’accès – soir compris – au restaurant d’entreprise. Pour l’avenir, Didi m’a proposé de rejoindre leur équipe chargée de l’Europe, mais étant donné que mon mari travaille en Chine et de la difficulté de voyager en période de Covid-19, j’ai décidé de rester ici et de rejoindre les équipes de Bytedance à Shanghai pour une nouvelle aventure !

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