5 : c’est le nombre d’entreprises publiques chinoises qui ont annoncé le 12 août se retirer « volontairement » de la bourse de New York. Il s’agit de l’un des leaders mondiaux de l’aluminium Chalco, de l’assureur China Life, des groupes pétroliers PetroChina et Sinopec ainsi que sa filiale shanghaienne. Ces firmes étaient cotées au NYSE depuis plusieurs décennies, dès 1993 pour Shanghai Petrochemical.
Pour motiver leur décision, elles avancent la lourdeur administrative et les coûts que représentent une cotation aux États-Unis, ainsi que le fait que les bourses de Shanghai et de Hong Kong – où elles sont également cotées – offrent des solutions de financement suffisantes à leurs yeux. Mais la véritable raison tient plutôt aux exigences accrues de Washington, qui veut obliger les entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis à faire preuve de davantage de transparence en matière d’audit et d’actionnariat. Or, Pékin s’y oppose farouchement, les entreprises d’État étant la chasse gardée des familles de l’élite rouge du Parti… Les perspectives d’un accord entre Pékin et Washington divisent les analystes : si certains restent pessimistes, d’autres estiment que le retrait de ces entreprises publiques pourrait au contraire ouvrir la voie à un compromis… Environ 270 entreprises chinoises (publiques et privées) sont actuellement listées aux USA, dont 160 sont dans le viseur du gendarme boursier américain.
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13 : c’est le nombre d’années de prison auxquelles le milliardaire Xiao Jianhua a été condamné à l’issue de son procès pour « collecte illégale de fonds auprès du public, abus de confiance et corruption ». Son groupe financier Tomorrow a lui été frappé d’une amende de 55 milliards de yuans. Le jugement rendu le 16 août peut paraître sévère, mais le tribunal a déclaré avoir fait preuve de clémence vis-à-vis de l’ancien « banquier des princes rouges » qui s’est « rendu » (Xiao a en fait été enlevé à Hong Kong), a reconnu sa culpabilité et coopéré à l’enquête pendant plus de cinq ans. La perspective que Xiao Jianhua ait pu dévoiler des secrets embarrassants sur bon nombre de dirigeants avec qui il était en affaires, pourrait inciter ces derniers à réfléchir à deux fois avant de s’opposer au Président Xi Jinping, à quelques semaines du XXème Congrès.
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10 000 : c’est le nombre de Chinois fortunés qui chercheraient à s’exiler d’ici la fin de l’année, las des contraintes sanitaires qui s’éternisent, d’après le cabinet londonien spécialisé en planification de la citoyenneté Henley & Partners. Ces millionnaires emporteraient avec eux 48 milliards de $. Leurs destinations préférées ? Les États-Unis, le Canada, l’Australie, Singapour et l’Europe (Espagne, Portugal et Irlande notamment). Mais encore faut-il y arriver ! Long délai d’obtention ou de renouvellement de leur passeport, motif valable requis pour quitter le territoire… Les obstacles sont nombreux, tout comme les difficultés pour sortir du pays de larges sommes d’argent, surtout depuis le ban des plateformes d’échanges de crypto-monnaies. Malgré cela, ils sont déjà 4200 à avoir sauté le pas entre janvier et juin.
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1910 milliards de $ : c’est le montant des pertes économiques que Chine et États-Unis, Europe et Japon devraient enregistrer si leurs échanges commerciaux devaient s’interrompre en cas d’invasion de Taïwan, selon les estimations du quotidien nippon Nikkei. En cas d’interruption des exportations vers ces pays, l’économie chinoise pourrait voir son PIB nominal réduit de 7,6%, tandis que le Japon verrait le sien rétrécir de 3,7%, l’Europe de 2,1%, et les USA de 1,3%. Ces données viennent confirmer le fait que décréter des sanctions à l’encontre de la Chine seraient bien plus douloureux que celles qui visent actuellement la Russie. La Chine en est bien consciente : un rapport commandé en avril dernier par le Conseil d’État avertit que « si les États-Unis et leurs alliés décident d’imposer des sanctions, notre pays retournerait à une économie planifiée, fermée sur le reste du monde ». Mais ce qui inquiète le plus Zhongnanhai, c’est le risque d’une crise alimentaire, provoquée par une interruption des importations.
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8 milliards de yuans : c’est le montant de l’amende infligée le 20 juillet par l’administration du cyberespace (CAC) au leader chinois des VTC, Didi Chuxing pour avoir enfreint les règles en matière de sécurité des données personnelles. Cette pénalité, qui représente 4,6% du chiffre d’affaires du groupe en 2021, est l’une des plus importantes jamais infligée à une entreprise en Chine, après celle de 18,2 milliards de yuans ayant frappé Alibaba en 2021. En outre, ses dirigeants, Cheng Wei et Jean Liu Qing (fille du fondateur de Lenovo), ont écopé chacun d’une amende d’un million de yuans. Malgré sa sévérité, la nouvelle a été accueillie avec soulagement par l’entreprise qui y voit l’épilogue d’une saga débutée un an plus tôt avec son introduction en bourse à New York contre l’avis du régulateur qui craignait un transfert de données sensibles vers le sol américain. Cette insubordination a valu à Didi d’être radié des magasins d’applications et contraint de se retirer de Wall Street cinq mois plus tard. Désormais, la firme devrait être à nouveau en mesure d’accepter de nouveaux utilisateurs et pourrait envisager une nouvelle levée de fonds, à Hong Kong cette fois, pour éviter de froisser Pékin.
Sommaire N° 28-29 (2022)