Fin février, suite à des années de discussions avec les USA, par l’entremise de Pékin, la Corée du Nord abandonnait ses tests nucléaires et balistiques, moyennant 240.000t d’aide alimentaire.
Puis mi-mars, officiellement pour célébrer le centenaire du père fondateur Kim Il-sung, elle annonce le lancement d’une «fusée» avec «satellite», qui décolle finalement le 13/04. Un échec, la fusée replongeant en mer après à peine deux minutes, sous les yeux de 50 journalistes étrangers invités sur place. Mais durant un mois, tous les voisins de ce petit pays enclavé angoissèrent, soupçonnant un essai de tir balistique longue portée, des tests nucléaires associés : Tokyo, Séoul, Pékin et Shanghai étaient dans le rayon de tir.
Mais si Chine, Corée du Sud et Japon partageaient l’inquiétude, ils ne s’entendirent pas sur la réponse à apporter, lors d’un sommet à Ningbo (08/04), resté sans consensus. Pékin prenait des distances vis-à-vis du «pays du Matin calme», laissant migrer des réfugiés nord-coréens vers Séoul – une 1ère depuis 2007. Mais il refusait de laisser détruire la fusée en vol, ou de couper son cordon ombilical de vivres et de carburants, sans lequel Pyongyang ne peut survivre.
Il l’admet, le petit pays stalinien est aux abois. Kim Jong-un, petit-fils de Kim Il-sung, a besoin d’un geste d’éclat pour asseoir son pouvoir sur le Parti des Travailleurs et l’armée. Mais ce pays est fameux pour ses colères sur les questions de face. Or, en cas d’ «explosion» de Pyongyang, dont la frontière (nord) est ouverte, contrairement à la zone démilitarisée au Sud, infranchissable, la Chine serait aux 1ères loges. Ainsi, pour l’instant, le coup de poker de Kim Jong-un semble payant : le 11/04, il empochait le titre de 1er secrétaire du Parti.
Dernière raison à la passivité chinoise, des concessions de Pyongyang. Pékin dément, mais Séoul parle d’un redéploiement en Zone économique spéciale du port en eaux profondes de Rason : pour 3milliards de US$ d’investissements d’infrastructures, réseau ferré, aéroport et centrale thermique, il ouvrirait à la Chine un stratégique accès direct en mer du Japon -à Shanghai, à la route Arctique…
Les incidents qui suivent ont un lien avec ce souci permanent de la Chine de «
prendre le large ».Le 15/03, en mer de Chine de l’Est, deux garde-côtes de l’armée chinoise (APL), passaient entre les îles Diaoyu/Senkaku, sous contrôle du Japon, qui répliquait en classant « trésor national » un de ces quatre îlots (27/03), et en reportant à l’été la visite du n°3 de l’APL, le général Guo Boxiong.
Même hyperactivité chinoise 1000 km plus au sud, face aux Philippines.
Dans la presse, le 08/04, le bouillant général Luo Yuan ne mâche pas ses mots, menaçant Manille de « dernière chance » pour régler le différend territorial. Coïncidence ? Le même jour, dans ses eaux du banc de Scarborough proche des philippines mais que Pékin revendique, deux patrouilleurs chinois empêchent le navire amiral philippin d’arraisonner une poignée de chalutiers chinois. Puis l’affaire s’envenime : les deux pays se promettent de « préférer la solution diplomatique », mais envoient chacun des renforts navals, la Chine semblant cette fois décidée à faire jouer sa force de frappe supérieure.’ ‘ Pourquoi cette assertivité militaire chinoise en ce moment ? Peut-être est-elle liée à la crise « Bo Xilai » où se débat depuis février la classe politique – les militaires monnayant au prix fort leur ralliement au Président Hu Jintao.
Sommaire N° 14