A la loupe : Photo de famille du sérail socialiste

Plus que jamais, le pouvoir chinois est entre pénombre et décantation. A défaut de pouvoir en fournir un regard clair, voici un inventaire pointilliste de certains de ses acteurs et actions, en pleine campagne de nominations du prochain leadership de 6ème génération (XVIII Congrès).

Le 22/04, devant son université Tsinghua, l’ex-1er ministre Zhu Rongji (’97-’03), s’exprimait d’humeur vive contre plusieurs choix ou dérives des temps actuels : sub-ventions automobiles, plagiat dans les universités, « m…édiocrité » du journal de la CCTV, la télévision nationale —une revanche sur le temps où il était astreint au devoir de réserve.

Par contraste, pour bloquer tout essor en Chine de la révolution du jasmin, le pouvoir en place n’est pas avare d’initiatives : depuis février, la fleur est classée « produit de contrebande » et les fleuristes doivent rapporter les acheteurs. Depuis, le cours a chuté de deux tiers. Hors du coup, les horticulteurs attribuent cet ostracisme aux fuites nucléaires de Fukushima.

Les initiatives de mini-réforme ne s’arrêtent pas : depuis mai, 98 organes de l’État doivent déclarer leurs dépenses somptuaires, voyages à l’étranger, voitures, banquets, et en obtenir le quitus du parlement local. Les législatives sont en cours : 900millions de votants ruraux, 600 millions en ville, 2 millions d’édiles, dont la moitié de paysans – ce sera une 1ère.

En cas de peine de mort commuée en sursis, celle-ci est désormais assortie d’une obligation de 25 ans de prison, pour satisfaire une opinion inquiète de voir ce type de condamné (souvent fortuné) sortir quelques années après.

La campagne sécuritaire bat son plein.

Chongqing installe 200.000 caméras supplémentaires (510.000 au total) en lieux publics. Canton publie un règlement en 67 articles pour dénoncer tout étranger en situation irrégulière. Pékin prépare un sommier informatisé des citoyens ainsi qu’une carte d’identité à puce, outil essentiel de son programme de «gestion sociale» à l’avenir.

Par contre, tout en étant signalé dans la presse, le privilège salarial de l’administration, payée presque le double du privé, à 37.147¥ en moyenne contre 20.759¥, n’a pas fait pas l’objet d’une réforme.

A 17 mois du XVIII. Congrès qui adoubera le prochain Bureau politique, 6 des 9 postes semblent pourvus : Xi Jinping (futur 1er Secrétaire), Li Keqiang (futur 1er ministre), Li Yuanchao (à la tête du service orchestrant les nominations), Wang Yang (actuel Secrétaire du Parti à Canton), Wang Qishan (qui deviendrait Vice 1er), Bo Xilai (actuel Secrétaire à Chongqing).

Se sont exprimés contre la demande réformatrice de Wen Jiabao : Hu Jintao, Wu Bangguo (n°2, patron du Parlement), Jia Qinglin (n°4, boss de l’assemblée consultative, la CCPPC) et Xi Jinping. Ce dernier l’a-t-il fait par conviction sincère ou pour ne pas inquiéter ses pairs ? Question évidemment cruciale pour l’orientation du pouvoir après le congrès d’octobre 2012.

A noter que dix ans en arrière, avant d’être adoubé, Hu Jintao laissait volontiers ses proches le parer d’un vernis réformateur—pour changer de ligne radicalement ensuite.

Seule la tendance de l’actuel pouvoir est sûre, avérée depuis 2010 : en rupture avec la ligne de Deng, elle pratique toujours plus l’interventionnisme en économie, plus d’affirmation face à l’étranger des intérêts de la nation, et contient la demande intérieure en changement, par un surcroît d’idéologie et de contrôle social.

 

 

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