Argent : L’incendie de la CCTV ‘Vous avez dit bizarre? – comme c’est bizarre !’

Voici un mois que s’est éteint l’incendie, parti d’un feu d’artifice interdit, qui grilla en six heures les 30 étages et 103.000m² d’une tour encore en construction de la CCTV, dite «TVCC». Disparurent ainsi un hôtel 5 étoiles de 241 chambres, un centre logistique et un cinéma. Mais depuis lors, au fil de l’enquête, transpirent d’autres relents et fumées sentant le soufre, dont l’excellent journal Caijing a eu écho.

Directeur des travaux, ancien de la CCTV (20 ans de maison) Xu Wei avait tous pouvoirs sur le «fonds de construction» de 20MM¥. Il avait monté un réseau maximisant ses profits, en faisant transférer des fonds par 3 sociétés-écran, CCTV Gauging, Ying Xiang ou Da Xin Heng Tai. Cette dernière avait changé 3 fois de main en 18 mois (toujours dans le milieu des amis de Xu), et amassé 100M¥ de commissions pour services à la maison mère. De même, la facture du spectacle alignait 1M¥, soit le triple du coût réel, quoique Xu Wei ait déjà touché en tout bien tout honneur, 80.000¥ de commission sur ce contrat confié à une société pyrotechnique. Ces anomalies et d’autres, avaient pulvérisé le budget de construction de la TVCC, agréé quatre ans plus tôt par la tutelle SARFT : de 7,7MM¥, à plus de 12MM¥.

Après le sinistre, très vite, la direction du groupe avait émis deux thèses, d’abord acceptées par la presse comme l’expression de la réalité :  le constructeur et le pyrotechnicien supportaient à deux la responsabilité du désastre, et ‚ la tour était réparable. Les dégâts restaient «limités», la structure étant intacte, comme une bonne part du matériel entreposé. Mais depuis, ces allégations sont mises en doute par la police, dit Caijing. La direction est soupçonnée d’être l’initiateur de l’événement, puisqu’elle avait déployé un réseau de caméras pour le filmer. CCTV Gauging, le bâtisseur a aussi ses torts, pour n’avoir pas bloqué l’initiative dont elle connaissait les risques. Et ici vient s’interposer cette information curieuse et dérangeante : avant l’incendie, les inspecteurs de qualité avaient détecté des vices de forme dans 8 des 26 zones visitées. Autant dire que le partage des responsabilités sera très délicat, dans ce milieu très politique, où  pour 2MM¥ de matériel «flambant neuf» (pour ainsi dire) ont été perdus, ainsi que la vie d’un pompier, par l’obstination d’un décideur.

Quoiqu’en dise la CCTV, les chances de réparer sont minimes: les pompiers estiment la structure affaiblie, vulnérable aux secousses sismiques. Sous de tels aléas, nul ne prendra la responsabilité d’autoriser un bricolage de tous les dangers. L’avenir même de la TVCC est « noir », même si la grande tour, sa voisine, doit être normalement emménagée. Et l’office de télévision du régime, hier critiqué pour l’intérêt et la créativité de ses productions, l’est désormais aussi pour son irrespect des lois !

 

 

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