Pol : Au Parlement, bruits de couloirs, et salle des pas perdus…

Au Parlement, bruits de couloirs

Dans les boyaux du colossal Palais du Peuple, les 3000 édiles, les centaines de diplomates et reporters font plus leur miel dans les couloirs que dans l’hémicycle : à bavarder tout en marchant, ou à avaler un gobelet de thé qu’un huissier leur remplit, main gantée de blanc sur son thermos. Futiles ou profondes, mille rumeurs s’échangent

Président de la division Mer du Sud de la Cnooc, Song Enlai fait son lobbying pour que l’Etat lui donne les moyens de conquérir plus d’espace maritime autour des archipels Spratley et Paracelses, guignés par les pays riverains, Vietnam en tête (29 îles occupées). Song réclame, non la possession militaire des îles, mais plus d’équipements et d’exonérations d’impôts pour permettre à son groupe d’apprendre à maîtriser le forage profond (au-delà de 900m). Le temps presse, avertit-il : « pour occuper le terrain, on est dans les 5 dernières minutes »!

Question sur toutes les lèvres, la crise, sa durée et la justesse du plan de relance. Wu Jinglian, économiste, avoue n’être «pas devin»: aucune idée sur la durée de la crise.

Mais sur la technique du tsunami de subventions, il n’est pas convaincu —à long terme. L’objectif est d’amener les gens à consommer plutôt qu’épargner. Et pour cela, il manque bien des choses, tel le passage à une économie de services, à l’informatisation, à l’initiative privée : évolution incompatible avec un eldorado de crédit aux grands groupes d’État. Ce en quoi il rejoint Steven Green, l’analyste de Standard Chartered : « Placer la barre de la croissance à 8%, ne dit rien sur les créations d’emplois » !

 

Kong Dong, Président d’Air China affirme à qui veut l’entendre, que son groupe ayant perdu déjà 6,8MM¥, n’a pas déposé et ne déposera pas de demande d’argent frais du gouvernement. La presse le citait pourtant depuis un mois comme ayant fait cette démarche -Air China réclamait « davantage » que China Eastern, qui avait reçu 3MM¥. Or, croit savoir Caijing, la réponse serait tombée, c’est Non.

Se pose donc la question du refinancement d’Air China -le dernier des trois grands transporteurs publics à l’avoir pas été renfloué. Mais pour le transporteur pékinois, il s’agit aussi, pour l’heure, de sauver la face.

Plenum ANP—la salle des pas perdus (suite)

     Fan Xiaojian, vice ministre de l’agriculture sonne le tocsin: la lutte contre la pauvreté a perdu en puissance, la misère réapparaît. Sans salaires, des centaines de millions de démunis risquent de ne pouvoir acheter leur pitance -d’où la menace rampante sur la paix sociale.

    Sans  doute mandaté pour redorer l’image de sa maison Bai Yansong, sémillant présentateur à la télévision nationale, CCTV, se répand en sorties médiatiques.    [1] Bai dénonce trop de sondages dans les média et sur la toile. Selon lui, interroger sur mille sujets graves l’homme de la rue, c’est empiéter sur le travail des élus et aussi altérer sa sérénité en créant un climat polémique -«laissons aux élus la charge de penser pour les masses». [2] il milite pour que l’assemblée siège à plein temps et non seulement 8 jours par an. On réglerait ainsi bien des problèmes, car « dans le système socialiste, le législatif est un maillon essentiel ». [3] « pour protéger les étudiants du chômage de la crise, un édile a proposé de les garder en université jusqu’au 3ème cycle : tout le monde a bien ri, car la proposition est absurde. Mais l’idée est originale, et cet élu a eu le courage de la rapporter. Que tout le monde en fasse autant: toutes les idées sont bonnes à prendre».

NB : Bai, ainsi, milite pour la censure : un comble, pour un journaliste. Il se trouve qu’une campagne de nettoyage vient de déferler sur l’internet, éteignant 3000 sites et 270 blogs accusés de pornographie. La jeunesse se défend en créant un calembour, en rebaptisant cette campagne «cheval de boue de prairie» (草泥马 cao ni ma), qui est un mouton du Gobi, mais qui sonne comme une expression très crue exprimant la colère. Très vite, la CCTV a partagé ce sobriquet de «cao ni ma», du fait de son goût pour l’autocensure. Dans ces conditions, les propos de Cai qui ne faisaient que confirmer son image, ont suscité bien des quolibets sur internet !

   Les journalistes se répètent la rumeur en provenance d’Inde, sur l’attaque terroriste du 3/03, contre l’équipe de cricket sri-lankaise en visite à Karachi (Pakistan). Les auteurs seraient proches d’Al Qaeda, et la raison, punir le gouvernement pakistanais pour avoir fourni des armes à Colombo et facilité l’écrasement de la rébellion de la minorité tamoule, à 7% musulmane. Or dans cette guerre civile, Colombo a aussi été équipé par la Chine, qui lui a livré radars, blindés, fusils d’assaut T56, canons anti-aériens et autres missiles. Justement, depuis mi-février, la Chine ne délivre plus aucun visa de tourisme depuis le Pakistan : pour prévenir des attentats du même type, sur son sol…

 

 

 

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