Petit Peuple : Pékin : la cavale des voleurs malchanceux !

Princes du bonneteau, rois du poker à cartes biseautées, Ding et Jia montèrent le 12 mai à Pékin de leur Anhui  natal, suivis de 5 loubards, pour blouser aux cartes les gogos. Ils visaient les hôtels 5 étoiles, là où se tiennent les conférences, avec les étrangers – de celles où l’on s’ennuie, et où on rêve de choses un peu plus excitantes. C’est alors le bon moment pour plumer les pigeons — tout le monde sait cela !

Malgré la stratégie brillante, nos tricheurs firent chou blanc. Soit qu’en dépit de leurs atours à peu près nets, les chasseurs les fassent déguerpir.

Soit que les clients rétifs aux cartes, refusent l’offre bancale. Le 5ème jour, quand ils désespéraient, les bandits virent à la réception quelques hommes s’enregistrer. A terre, oubliés, traînaient des cartables de cuir, bien lestés: des souvenirs du colloque, forcément, choses de valeur, statuettes, cristal, montres ou cravates : ils en piquèrent un, foncèrent à leur planque, en banlieue. A l’abri de leur gourbi, Ding ouvrit le sac, inspecta le butin. Quelle déception : il ne recelait que 9 lourds ouvrages rébarbatifs, pleins d’équations, courbes et formules ! Pour pouvoir prétendre que leur journée n’était pas un complet désastre, ils les recyclèrent comme oreillers sur leurs paillasses, et s’endormirent.

C’est en cette posture que les agents les surprirent 2 heures plus tard, au terme d’une enquête-éclair. Sans perdre une minute, quelqu’un de haut (très haut)-placé leur avait collé les meilleurs détectives de l’Empire. Trop tard, nos filous réalisaient leur erreur fatale : ils n’avaient rien trouvé de mieux à détrousser, à travers la capitale, que les cerveaux du programme spatial -à peu de chose près, les gens les plus stratégiques de toute la nation !

Confus, menottés, ils partaient en camp pour de longues années. Ils payaient pour leur amateurisme, s’étant attaqués à bien trop élevés pour eux. Le Chinois le sait bien, qui dit que « 丈二和尚,摸不着头脑»

(zhang er he shang, mo bu zhao tou nao),   « à statue de moine de 4 mètres, impossible de tripoter la tête !» 

Notons au passage, les raisons diamétralement opposées du journal et du censeur, à publier une histoire si embarrassante pour la sécurité d’Etat qui s’était couverte de ridicule. Pour le reporter, au-delà de la franche rigolade, la mésaventure montrait que tous protégés qu’ils soient, les savants étaient vulnérables, comme tout le monde. Or, depuis des millénaires, tel constat, pour le pékin moyen, signale chez l’Empereur la perte du mandat du ciel—le temps venu pour une nouvelle dynastie.

Tandis que pour le censeur, la police rapide comme l’éclair avait sauvé la situation. Preuve que le fonctionnaire, le Parti-même était aussi naïf, inconscient que son voleur. Seule l’avait sauvé la bonne vieille police : à l’instar de la censure, une fois de plus, celle-ci démontrait qu’elle restait le rempart ultime, et plus ou moins la seule chose qui ne flanche jamais, en ce pays !

 

 

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