Editorial : Chine—Un paradigme d’isolement

Depuis 25 ans, Pékin tente de bâtir avec l’Ouest un lien partenaire. Or, face à cette ambition, les points d’incompréhension se multiplient ! 

De retour des Etats-Unis, la vice 1er ministre Wu Yi qualifie sa mission un « succès total ». Mais l’exécutif américain parle de semi-échec, et le Congrès brandit le spectre d’une taxe de 20% sur tout export chinois.

Autre tension: le Pentagone dénonce en son dernier rapport le réarmement de la Chine (VdlC 20), sa force de frappe nouvelle, et questionne ses intentions. Autre scandale aux Etats-Unis, contre la Chine : sur la qualité de ses exportations alimentairescf article ci-contre

Mais le plus profond fossé entre la Chine et tout l’Occident, touche au Darfour, région sudiste, non islamique du Soudan, victime d’une guerre ayant causé 2M de déplacés et 200.000 morts, afin d’assurer la mainmise pétrolière à Karthoum, soutenu et armé par la Chine en échange des 2/3 dudit pétrole. Voilà que le 29/05, le Président G.W. Bush hausse la pression en lançant des sanctions unilatérales contre le Soudan, et en brandissant la menace de nouvelles sanctions de l’ONU, co sponsorisées par Londres. Il est vrai que 9 jours avant,  le Président Bashir élevait une énième objection à l’entrée en fonction d’une force d’interposition, mixte ONU-Union Africaine.

Il serait injuste pourtant de ne pas relever tous les efforts que Pékin à déployés pour éviter d’en arriver là : dès octobre, il votait le plan de paix de l’ONU. Puis il offrait 10M$ pour le Darfour, et nommait en mai un émissaire permanent en Afrique, et soutenait la force de paix, par l’envoi de 275 experts du génie militaire.

Mais quand il s’agit de toucher à son protégé, Pékin retombe dans ses réflexes rigides : à Hambourg au sommet de l’ASEMAsia-Europe Economic Meeting – (27Etats européens, 19 asiatiques), Yang Jieshi, ministre des Affaires étrangères, se refusait à toute concession. Il se retrouvait d’ailleurs à dire 不«bu» (non!) sur les autres sujets du jour Iran, Corée du Nord, réchauffement global… Il faisait connaissance avec son nouveau collègue français B. Kouchner, humanitaire déterminé à faire sortir le Soudan de la crise coûte que coûte… Mais Pékin ne peut céder, étant toujours plus dépendant de Karthoum qui depuis janvier, lui a livré 26M barils, 565% de plus qu’un an avant, alors que ses besoins de brut importé montaient de 23%…

Face à ses grands alliés, Pékin ne peut être que mal à l’aise, sentant ces derniers réévaluer leurs options. En filigrane, mais toujours plus net : les Jeux Olympiques, et l’opportunité pour l’Ouest, de faire pression sur la Chine. Ce lobby du boycott n’a sans doute aucune chance d’aboutir,mais Pékin n’a pas non plus les moyens de le faire taire, et sa Realpolitik africaine est toujours moins défendable—y compris, en Afrique-même !

Tout va comme si la Chine se trouvait sommée, plus vite qu’elle ne l’attendait, d’assumer le comportement responsable correspondant à son statut de nouvelle puissance en matière commerciale (qualité des produits), diplomatique (OMC) et politique (Darfour)…

 

 

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