A la loupe : Investissements chinois hors Chine—ça passe ou ça casse !

Quand les Chinois investissent hors de leur terrain, c’est parfois en desperados, pour échapper à un marché intérieur où production de masse se conjugue avec guerre des prix, supprimant tous moyens de recherche pour « rester dans le vent ».

C’est ce qu’a tenté en 2003 TCL, le géant de l’électronique, en dévoilant une ambitieuse synergie avec Thomson, n°1 européen du téléviseur, dont il re-prenait la branche cathodique et la marque pour 20 ans. La mariée semblait belle, associant bas coûts chinois aux grands marchés d’Europe et d’Amérique – et à celui d’Asie bien sûr. Dans TTE-Europe, leur JV, TCL-Multimedia empochait 67% et le Français 33%. Dès l’été 2005, Thomson selon le contrat, allait échanger ces parts contre 29,3% du capital de TCL-Corp, la maison mère.

Ce que TCL avait négligé, était la raison pour vendre, de Thomson : ses 93M$ de pertes au 1er semestre précédent. Le téléviseur extraplat, LCD, frappait à la porte. Rien ne pouvait freiner la disparition de la génération obsolète. Aussi bientôt, TCL serait bon pour fermer l’usine européenne, payer les lois sociales, restructurer le réseau TTE qui accumulait 203M² de pertes depuis 2004, et par effet boule de neige, 181M² en 2006 chez TCL Corp.

Un fléau ne vient jamais seul : sur la sellette depuis 2 ans, le régulateur menaçait TCL Corp de la radier de la bourse si elle ne renouait pas avec les bénéfices cette année. Ce qui explique, au 1er semestre, un profit de 1,3M², lié à la perte de TTE déclarée (25/05) en faillite. Tandis que Thomson revendait en douceur ses parts dans TCL, de 29 à 20% en novembre, puis 11% le 17/05, de quoi financer sa part des fermetures de TTE, tout en laissant le dinosaure chinois de retour au bercail, lécher ses blessures !

En un autre coup commercial stratégique digne d’un Napoléon, Pang Yuliang, fondateur propriétaire de LinkGlobal Logistics, groupe de messagerie du Henan, présent dans 200 villes de Chine et 90 pays, reprend pour 100M² (26/05) l’aéroport de Parchim (Allemagne, ex RDA). Il souffle l’affaire à des rivaux prestigieux, tels FedEx, Hambourg Airport et Emirates qui à ce prix-là, préfèrent jeter l’éponge. Vieillot, déficitaire, l’aéroport ne comporte pas moins une piste de 3000 mètres pouvant recevoir les A380, et le droit d’opérer de nuit. Sa région de Mecklembourg-Poméranie est très centrale (entre Berlin et Hambourg), et la plus pauvre d’Allemagne.

Le marché est tout tracé : fret chinois (à partir de compagnies à attirer, voire à créer !) et tourisme low cost-charter dans les deux sens. Pang promet d’investir 20M² d’ici fin 2008. Une banque du Nigéria devrait lui avancer les fonds. Souhaitons lui du courage. A tout le moins, ce deal apparaît taillé dans le bois dont sont faites les faillites fracassantes—ou les coups de génie !

 

 

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