Argent : Bourse—Effet d’annonce, sans réelles conséquences

« Nous voulons vivre, nous voulons notre santé ! »

On assiste peut-être en Chine, à la naissance d’une action citoyenne, des 10aines de milliers de citadins enrayent des projets publics pour cause écologique.

Les175km de ligne ferroviaire Maglev Shanghai-Hangzhou et leurs 3,5MM² d’investissements (cf, VdlC 18/XII), sont suspendus (26/05). A Shanghai, les riverains du district de Minhang ont signé assez de pétitions pour faire reculer le projet, dénonçant bruit et danger de « radiation ». Une semaine plus tard, la mairie nie toute intention d’abandon, organise d’urgence des séances d’«explication par les cadres et experts».

Plus au sud, le port de Xiamen (Fujian, ville d’1,5M d’habitants) avait donné son accord au groupe Tenglong Aromatic PX, pour une usine pétrochimique de paraxylène à 1,4MM$ à 7km du centre ville, et à deux pas des villas avec vue sur la plage. Ceci déplut aux autochtones, qui réagirent en envoyant des millions de SMS à la mairie, dénonçant la «bombe atomique sur l’île de Xiamen». Le 30/05, après des mois de blocage, l’appel était entendu par Ding Guoyan, le maire-adjoint qui annonçait le « gel » du projet. Concession tardive, qui n’empêcha pas, dès le 1/7, 20.000 manifestants, ruban jaune au bras – salve d’avertissement !

Calamine et effet d’allumage à la bourse

On a bien cru que le remède de cheval infligé aux boursicoteurs chinois aurait raison de leur rage d’achats à Shenzhen et Shanghai.

Rien n’y manquait, pas même la vertueuse assurance de la CSRC (China Securities Regulatory Commission), qu’elle ne toucherait pas au droit de timbre. Avant de tripler son montant le mardi 29/05, de 0,1 à 0,3%, après la fermeture des bureaux. Une recette nouvelle pour l’Etat, équivalente au budget (officiel) de l’armée chinoise. A la réouverture, les deux bourses semblaient chanceler—Shanghai perdait 6,5 points, grillant 1,6MM² dans la journée. 500 titres repassaient le plancher des 10% de perte alloués par jour. C’était mieux que la triple et inutile mesure du 18/05 (Cf, VdlC 19/XII).

Mais qu’importe, quand on aime, on ne compte pas : dès le lendemain, l’abondance des liquidités, la faiblesse relative des taux d’intérêt, un yuan fort, les profits des entreprises, induisaient le rallumage instantané des places. Jouait aussi l’intérêt du pouvoir à ne pas taper trop dur avant le congrès du Parti en octobre : dès le 31/05, l’indice composite de Shanghai clôturait à 4109.65 points (+1.40%). Des acteurs comme la Société Générale n’avaient pas été dupes, qui le soir-même, postulaient pour un doublement de leur quota de 50M$ de parts en QFII, (Qualified Foreign Institutional Investors) pour revendre aux étrangers piaffant au froid dehors…

La Chine, 3ème Miss Monde du fardeau fiscal

Dialogue de sourds, entre Forbes et les impôts chinois (17/5). Selon l’«indice 2007 de la misère fiscale» compilé par la revue américaine, sur 52 pays classés selon leurs appétits en six types de taxe (impôt des sociétés, sur le revenu, charges, TVA, ISF), la Chine avec 152 points, arrive 3ème derrière la France 1ère (166,8 points) suivie de la Belgique (158 points).

En bas de la liste, figurent les Emirats Arabes Unis, avec l’indice 18 -pas d’impôt. «Que nenni ! », s’insurge Shu Qiming, de l’Administration Nationale des Taxes. D’après lui, avec 376MM² d’assiette d’impôt en 2006, la Chine prélevait 18% du PIB, et 0,5% de plus qu’en 2005. Ce chiffre serait 3% plus modeste que la moyenne des Pays en voie de développement, et 12% que celui des pays riches : on aurait donc une Chine, dans le peloton de tête des bas impôts.

Dans ce débat, le plus intéressant, nous semble être l’avis de media tel China Daily (CD) qui donne raison à Forbes, sur le fait que la ponction fiscale va plus vite que la croissance et le revenu individuel. China Daily ajoute à son réquisitoire des récriminations bien connues : l’opacité des dépenses publiques (l’impression de gâchis et d’absence de dépenses dans les domaines où elles sont le plus attendues, en éducation et santé) et l’évasion fiscale des riches. Mais tous s’accordent sur le fait d’une réforme fiscale dynamique en Chine, ayant doublé le seuil d’impôt individuel à 1,600¥, en train de doter les sociétés (chinoises et étrangères) d’un taux d’impôt unique, à 25%. D’ici 2010, il devrait en résulter, pour le contribuable, un allégement de 10MM² /an. Même sur l’échelle Forbes, la Chine est passée depuis 2005, de n°2 à n°3 : la cure de jouvence devrait se poursuivre !

 

 

 

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