Pol : CO² sous cloche : volte-face surprise américaine !

Inde-Chine – un réchauffement semé d’embûches

Le 29/05 en marge du sommet de l’ASEM (Asia-Europe Economic Meeting), les patrons chinois et indien de la diplomatie, Yang Jiechi et Pranab Mukherjee ont eu de quoi discuter.

Notamment du visa que la Chine venait de refuser à un cadre indien : il « n’en avait pas besoin », étant         « citoyen chinois», de la province indienne d’Arunachal Pradesh ! Déjà en novembre, Sun Yuxi, l’ambassadeur à New Delhi avait soulevé un lièvre en réclamant le « retour » de ces 90,000km2 du « Zangnan », « Tibet méridional ». De son coté, Delhi revendique 38,000 km2 de l’Aksai Chin, et la restitution de ses pertes territoriales lors de la guerre de 1962.

Curieusement, presque instantanément, l’affaire fut enterrée en haut lieu, les deux gouvernements annonçant de prochains exercices militaires conjoints. Raison d’Etat, sans doute. Soit au nom des échanges de 25MM$ en 2006, de 11.4MM$ depuis janvier (+56%), et qui visent les 40MM$ d’ici 2010. Soit au nom de la candidature de l’Inde au Conseil de Sécurité (en tant que membre permanent), impensable sans la Chine. Mais même ainsi, l’affaire de l’Arunachal prouve qu’entre ces géants longtemps ennemis, de lourds nuages subsistent. Ils ont trait à l’accès au pétrole mondial, au contrôle des périphéries (Népal, Tibet), et à la stratégie chinoise du « collier de perles » : les comptoirs navals, militaires chinois dans l’océan Indien autour de l’Inde, en Birmanie, au Bengladesh, au Sri Lanka, au Pakistan

Chine, mère nourricière !

En son année d’or (celle de son signe astral optimal, qui revient tous les 60 ans), la viande de porc voit s’envoler ses prix sur les marchés, à 15-20¥/kg, +29% en avril, +43% depuis janvier.

Parmi les causes, comptent la sécheresse, qui limite les récoltes. Le mal des oreilles bleues (le SRRP – syndrome porcin reproductif et respiratoire , cf VdlC n°18) qui força l’abattage de millions de têtes, réduisant le stock de porcelets. La croissance des distilleries, dévoreuses de grain. Peut-être surtout, la mode du « carburant vert », l’éthanol dans lequel tous les groupes « agro » privés et publics investissent, causant un bond de 20% du cours du maïs. Comme toujours en cas de risque alimentaire, Pékin a parfaitement reçu l’alarme. Wen Jiabao, le populaire patron du Conseil d’Etat cultiva sa cote d’amour par une tournée d’inspection dans le Shaanxi. Mais ses options sont limitées : le bonheur des fermiers (les cours élevés) faisant le malheur des citadins. Pour l’heure, Wen évoque des primes aux pauvres, voire la création d’une réserve de porc congelé, clone de la montagne de porc européenne.

NB : Anodine en apparence, l’affaire est à prendre au sérieux pour 3 raisons :

le chinois mange 1,5kg de porc /mois,

cette hausse nourrit celle d’autres produits (oeufs = +20%), et l’inflation (+3%).

Hu Xingdou, de l’université pékinoise de technologie rappelle qu’inflation et hausse du panier alimentaire furent les mamelles du printemps de Pékin, mobilisant des millions de citoyens !

CO² sous cloche : volte-face surprise américaine !

Dans le jeu mondial du réchauffement climatique, l’Amérique tourne casaque.

Jusqu’alors, Bush rejetait tout effort de coupe d’émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre du protocole de Kyoto : tel effort « ne servait à rien », et «de très gros pollueurs en étaient exempts en tant que Pays en voie de développement ».

Or, voilà que tournant bride (31/05), il propose des quotas obligatoires aux émetteurs réels, à savoir, Europe-Japon-Canada, plus les USA, l’Inde et la Chine. 15 pays devraient à l’automne fixer ces engagements à long terme. C’est un « coup » et un geste habile, à six jours du sommet G8 (06-08/06), où la question a été placée au coeur du débat par la chancelière Angela Merkel, après l’échec au sommet de l’ASEM (Asia-Europe Economic Meeting).

Jusqu’alors, les experts croyaient que Pékin allait adhérer en premier, ce qui aurait placé Washington en position d’accusé : c’est l’inverse qui se produit, mettant Pékin et Delhi sur la sellette ! A un détail près : comme pour sauver la face, Bush prétend remplacer la solidarité de la démarche de Kyoto (associant tous les pays sur base volontaire) par son propre élitisme autoritaire (n’imposant d’efforts qu’aux quelques pollueurs réels). D’où les cris de Berlin, qui voit s’envoler toute chance d’accord : il visait la création d’un marché mondial du Co², la réduction de moitié des émissions pour pays riches d’ici 2050… A moins que ces protestations ne soient qu’une position stratégique : car après l’offre américaine, le tapis est plus (ou-)vert que jamais. Un peu trop tard, Pékin promet pour le 04/06 son 1er plan anti-réchauffement climatique, irréaliste à souhait, puisque «national», et «hostile à toute contrainte». A suivre !

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
8 de Votes
Ecrire un commentaire