Agriculture : Feu vert aux maïs et soja OGM

Feu vert aux maïs et soja OGM

Partout au monde, la culture des OGM est un sujet hautement sensible. Par excès de précaution, l’Europe a par exemple rendu leur production sur son territoire extrêmement difficile alors même qu’elle importe du soja transgénique pour nourrir ses élevages. La Chine pour sa part, tout en interdisant la culture des maïs et soja transgéniques, permet aussi depuis 10 ans leur consommation indirecte par ses élevages: elle en importe, principalement d’Amérique du Sud, des volumes colossaux. En 2021, elle faisait venir 100 millions de tonnes de soja et 27 millions de tonnes de maïs, dont plus des trois quarts étaient génétiquement modifiés. La Chine détiendrait, selon la revue CLAL News, 36% des stocks mondiaux de soja et 68% de ceux de maïs.

Or voilà qu’en 2022, après 10 ans d’évaluation n’ayant pas permis de déceler d’effet négatif sur l’environnement et la biodiversité, Pékin s’est décidé à sauter le pas en autorisant la culture de ces deux céréales génétiquement modifiées sur son territoire. 

Cette décision séminale avait eu un précédent dans le domaine du coton : pour lutter contre l’armigère (Helicoverpa armigera), papillon de nuit dont les chenilles consomment les parties aériennes de diverses plantes cultivées, la Chine avait déjà sauvé cette industrie en autorisant la culture de cotonniers génétiquement modifiés sur son territoire. Mais la grosse différence est que le coton OGM s’utilise sans ingestion de graines par l’organisme, contrairement au maïs et au soja OGM, qu’elle se sent désormais assez en confiance pour commencer à produire sur son sol. 

En adoptant ces nouvelles variétés, la Chine espère augmenter ses rendements moyens dans ces deux espèces, jusqu’à 50% de plus, tout en réduisant ses importations. La Chine se félicite simultanément de l’introduction de maïs génétiquement modifiés pour résister à la pyrale (Ostrinia nubilalis), autre lépidoptère qui cause sur le maïs classique une cassure des tiges, une forte verse et donc une chute ravageuse du rendement, notamment dans le nord-est, grenier à maïs du pays. L’introduction de ces souches hybrides OGM permet de diminuer drastiquement les quantités d’insecticides, pour une avancée environnementale et écologique indéniable. 

De cette décision, on peut attendre trois effets bénéfiques :

– Affranchie en partie de l’impératif d’importer, la sécurité alimentaire en Chine sera renforcée;

– D’après un important semencier chinois que nous avons contacté, entre gain de rendement et économie de charges, le revenu des agriculteurs chinois du maïs ou du soja transgéniques sera amélioré en moyenne de 800 CNY/ha (environ 112 €/ha), ce qui est loin d’être négligeable;

– A moyen terme, d’autres zones planétaires tels les pays africains subsahariens aux liens étroits avec la Chine devraient suivre cette mesure, augmentant la part « OGM » de ces plantes, déployant plus largement leur effet bénéfique dans la lutte contre la faim dans le monde.

Par Alain P. Bonjean

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