Agriculture : La fièvre porcine, une opportunité à saisir pour l’hexagone ?

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Au marché du porc breton de Plérin, sous l’effet de la demande chinoise, le cours a grimpé de 1,2 à presque 1,7 € le kilo en quelques mois, une bonne nouvelle pour les éleveurs. Au rythme actuel, les exportations françaises vers la Chine devraient atteindre cette année les 150 000 tonnes (+40%), soit un jour de consommation dans l’Empire du milieu. Traditionnellement, abats, oreilles ou pieds de cochons sont très prisés des Chinois. Désormais, leur intérêt se porte sur des pièces plus nobles, comme le jambon ou l’épaule.

Pour toute la filière, le principal enjeu sera d’être capable de suivre le rythme des commandes, car les capacités de production, de congélation et de stockage sont déjà saturées. En effet, la particularité du marché français est qu’il est proche de l’équilibre entre production et consommation – un choix historique pour privilégier le marché national et européen. C’est ce qui explique que les capacités d’exportations françaises soient plus limitées que celles d’autres voisins européens.

Pour augmenter les volumes à l’export, il faudrait multiplier les élevages, mais dans quelles conditions? Et quelles seraient les conséquences sur l’environnement ? Il serait également nécessaire que tous les acteurs de la filière investissent simultanément pour moderniser l’ensemble de la chaîne de production. Afin de rentabiliser tout nouvel investissement, il est impératif que la demande chinoise se maintienne au niveau actuel pendant plusieurs années. Or, par le passé, les fluctuations de celle-ci ont déjà mis à l’épreuve les filières laitière et vinicole tricolores.

Autre incertitude : la France sera-t-elle à son tour contaminée par la FPA ? Le virus trépigne déjà à la frontière belge depuis un an, ayant contaminé des sangliers. En guise de rempart, 112 km de clôtures ont été installés. Peu avant l’atterrissage sur un vol Paris-Pékin, à la demande des autorités chinoises, l’hôtesse faisait l’annonce suivante : « la fièvre porcine faisant rage en Europe, il est interdit de ramener de la charcuterie dans vos bagages, et de jeter vos déchets alimentaires dans la nature ». C’est dire si la Chine prend des précautions, alors que la France est pour l’instant indemne et que son propre territoire a été décimé par la FPA… N’excluant pas la possibilité d’une apparition du virus dans l’hexagone, le Président Macron négociait lors de sa visite en Chine (4-6 novembre), une feuille de route avec le gouvernement afin qu’il reconnaisse le principe de « zonage géographique », selon la règle de l’Organisation Internationale des Epizooties (OIE). Cet accord « prioritaire » prévu pour 2020 permettrait d’éviter que toutes les exportations françaises vers la Chine soient pénalisées par un embargo national si la maladie était détectée dans une seule région. Un principe qui pourrait être étendu à tous les membres de l’UE, et qui représenterait une garantie importante pour la filière porcine française !

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