Société : Une loi du bon samaritain

Comment faire pour secourir son prochain en danger ? La ville de Shanghai propose aujourd’hui une réponse—mais le problème est lourd, la société chinoise revient de loin.

A en croire le sondage d’une ONG américaine à travers les 5 continents, seuls 24% des Chinois admettent avoir assisté récemment un inconnu dans le besoin. C’est l’indice le plus faible au monde.

Une autre enquête de la CCTV en 2014, révèle que dans la rue chinoise, seuls 11,3% des passants sont prêts à intervenir directement pour sauver leur prochain. Pour la plupart des autres, leur devoir se limite à appeler le 120 (le n° d’urgence). 14,4% vont même préciser qu’ils resteront sur place, « pour voir »… Même parmi ceux formés à l’urgence médicale (médecins, secouristes…), les réponses négatives ont de quoi choquer : seuls 36,8% se disent disposés à agir, contrairement aux 58% décidés à ne pas bouger par peur des « suites ». Or, ces derniers n’ont pas tous les torts : les rares « bon samaritains » qui osent s’arrêter pour emmener un blessé à l’hôpital, risquent de voir la victime refusée par les médecins, craignant de ne pas être payés. Et en cas de décès, ils risquent même une attaque en justice par la famille de la victime ! 
Trop souvent, l’internet chinois dévoile des images insoutenables d’un cycliste projeté par un chauffard, qui s’enfuit tandis que les autres témoins vaquent à leurs affaires, faisant semblant de ne rien voir.

Cependant, les sondages sont clairs : les mêmes témoins d’accident étant prêts à appeler les secours, seraient prêts à s’arracher à leur passivité, à 95%, s’ils n’avaient pas sur leur tête cette épée de Damoclès d’ennuis ultérieurs.

C’est pourquoi Shanghai a voté la première loi locale en Chine dite « du bon Samaritain », entrée en vigueur le 1er novembre : face à l’accident, le témoin « sans formation de secouriste » doit appeler le 120, puis porter secours selon les instructions. Par la suite, il sera hors d’atteinte de toute poursuite judiciaire, même si de par son action, la victime décède. Malheureusement, selon Zhu Wei, juriste local, cette loi pleine de bonnes intentions, reste ambiguë dans sa formulation et risque de ne pas changer grand chose : la plupart des gens craindront quand même de prendre la responsabilité d’appeler le numéro d’urgence. De plus, la loi ignore le fond du problème : l’absence de formation, dès le plus jeune âge, aux techniques de premier secours, et d’empathie. Une loi ne peut pas les remplacer…

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