Société : Vélos partagés – Un pas vers l’âge adulte ?

Pour le vélo partagé, une page se tourne. Finie l’accumulation aveugle de deux-roues de toutes couleurs sur les trottoirs ! Pékin vient de rejoindre 10 métropoles, pour bannir tout nouvel apport à leur parc existant.

Depuis 2015, 70 groupes dont Mobike (Tencent), Bluegogo et Ofo (Alibaba) bataillaient pour occuper le terrain et s’accaparer les clients. 16 millions de bicyclettes étaient déversées sur les trottoirs de 100 villes. Nombre de ces vélos finissaient selle volée ou pneus crevés, déposés à la sauvage jusqu’au bord des autoroutes. Mais les firmes trouvaient plus facile de les changer que de les entretenir.

Selon le bureau shanghaien I-Media, 2017 sera l’année de l’explosion de ce marché, atteignant 1,58 milliard de $ (+736%), et du nombre des usagers à 200 millions (+646%). L’interdiction d’accroître le nombre de vélos équivaut à admettre que ce modèle anarchique ne peut durer. Cet été, le sabotage mit en faillite trois entreprises du secteur. Les vélos était sabotés par la concurrence, par des riverains excédés, ou bien par l’usager pour se l’approprier.

Désormais Ofo et Mobike, solides avec leur capitalisation de plus d’un milliard de $ chacun, coopèrent activement avec les mairies – après s’être fait confisquer chacune des dizaines de milliers de vélos. Abandonnant le principe du « va n’importe où, gare-toi n’importe où », ils signent des accords d’espaces de parking avec les mairies. Ofo inflige des points négatifs aux usagers abusifs, et nomme des chefs de quartier pour faire la discipline. On voit surgir des comités citoyens bénévoles (cf photo), pour détecter les vélos mal garés ou hors d’usage, prendre sur le fait les délinquants et leur faire la morale. Clairement après un an d’anarchie, la Chine de la rue est prête à accepter des règles pour mieux se conduire à vélo partagé.

Revers de la médaille : à mesure que la petite reine communautaire s’impose, le vélo privé recule. Quoique plus performant et plus sophistiqué, ses ventes ont baissé de 50%, et ses prix du tiers. Nombre d’usines ferment. Le vélo individuel est menacé dans son existence, sauf peut-être le vélo de sport et celui haut de gamme. Mais la messe n’est pas encore dite : tout dépend du gouvernement, qui pourrait vouloir « remettre en selle » le vélo privé, et sauvegarder la coexistence entre ces deux types de bicyclettes.

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