Reportage : Aux frontières du Yunnan

Le Vent de la Chine vous invite à un voyage dans le Sud-Ouest de la Chine, au Yunnan. Connectée  par autoroutes, lignes aériennes et TGV avec le reste du pays et disposant d’une base industrielle solide autour de sa capitale Kunming, la province veut s’imposer en fer de lance national du Sud-Est asiatique. Elle compte particulièrement sur ses préfectures frontalières pour tisser sa toile et déployer ses nouvelles routes de la soie (initiative OBOR).

A l’Ouest du Yunnan s’étend Dehong, riveraine de la Birmanie, peuplée d’1,3 million d’âmes sur 11.500 km² de collines et vallées tropicales humides. 41% de ces Yunnanais sont d’ethnies minoritaires, tels les Bai ou Lisu. Ils sont aussi de fervents  bouddhistes, avec leurs graciles temples de style birman aux dômes dorés à la feuille. « Surtout, selon M. Dao, cadre local, nous sommes la porte de l’Asie du Sud-Est et de l’Inde », par où transitent les camions de textiles, machines, semences et engrais chinois, populaires dans les pays voisins. Indice des ambitions de la région, Ruili Airlines, la compagnie de la ville voisine, vole  depuis 2014 sur Rangoon, Calcutta et New Delhi avec 9 Boeing, pour l’instant au départ de Kunming. Mais d’ici 2022, une fois des travaux d’extension achevés, ce sera depuis Mangshi, le chef-lieu de préfecture.

Toutefois, les 503km de frontière de jungle et de rivières avec la Birmanie n’offrent pas que des avantages. En face, c’est le Triangle d’or, source de 95% de l’héroïne et 97% de l’ice (métamphétamine) consommées en Chine. En dépit d’un discours officiel évoquant une situation « sous contrôle », le trafic de drogue fait rage—les toxicomanes chinois sont estimés à 10 millions au bas mot. Au bord des routes, des panneaux très spéciaux mettent en garde : « une prise d’héroïne, c’est un pas vers la gueule du tigre ». A bon entendeur…

À l’Est du Yunnan, la préfecture de Wenshan et ses 3,6 millions d’habitants, borde le Vietnam. Ici, la spécialité est le ginseng blanc (Panax), plante médicinale renommée pour ses effets bénéfiques sur le système cardio-vasculaire. Cultivée au centre R&D local en des centaines de variations, il alimente en semences des dizaines de milliers de cultivateurs, dont la récolte fait vivre 1260 PME locales de transformation (11,4 milliards de ¥ de ventes par an). Toutefois la majorité de cette récolte part ailleurs, à travers toute la Chine :  les ventes nationales de ginseng non transformé, atteignent 100 milliards de ¥.

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