Technologies & Internet : L’industrie chinoise des semi-conducteurs monte en puissance

L’industrie chinoise des semi-conducteurs monte en puissance

La situation a tout de l’arroseur arrosé. En imposant fin 2019 sous l’administration Trump des sanctions contre une poignée d’entreprises technologiques chinoises, comme le géant des télécoms Huawei et le spécialiste de la vidéo-surveillance Hikvision, Washington a paradoxalement encouragé la montée en puissance de la Chine dans l’industrie des semi-conducteurs (半导体, bàndǎotǐ), ces composants indispensables pour la 5G, l’aéronautique, l’automobile, les objets connectés…

Aujourd’hui, d’après un classement Bloomberg, parmi les 20 entreprises mondiales du secteur ayant enregistré la plus forte croissance sur les douze derniers mois, 19 sont chinoises, contre seulement 8 l’année précédente.

Parmi ces sociétés, bon nombre sont relativement méconnues, comme C*Core, Cambricon ou encore Yangtze Memory (YMTC, cf photo), sollicité par Apple pour devenir son fournisseur en mémoire flash.

Surnommés les « Petits Géants », ces groupes bénéficient d’un fort soutien de l’État chinois, bien décidé à se mettre à l’abri des sanctions américaines et à rompre sa dépendance en ce domaine vis-à-vis de l’étranger. En 2021, le pays a encore importé pour 430 milliards de $ de puces. La pandémie et ses perturbations logistiques n’ont fait que renforcer cette quête vers l’auto-suffisance.

En parallèle, les fondeurs chinois déjà bien établis comme le n°1 SMIC et son challenger Hua Hong Semiconductors, mettent les bouchées doubles et augmentent leurs capacités de production (+20% en un an) de manière à être en mesure de répondre à une demande croissante de leurs clients chinois. Cette année encore, le leader shanghaien SMIC va investir 5 milliards de $ dans trois nouvelles usines qui viendront s’ajouter aux six existantes.

Cette tendance se reflète dans les commandes de matériel de production, en hausse de 58% auprès de fournisseurs étrangers en 2021. Au grand dam de certains fondeurs américains qui rapportent que certains clients chinois paient des prix supérieurs à ceux du marché pour sécuriser leurs commandes.

Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant de voir que les ventes des puces « made in China » ont augmenté de 30% et 18% en 2020 et 2021, dépassant ainsi pour la première fois la barre des 1 000 milliards de yuans (environ 150 milliards de $) selon la China Semiconductor Industry Association.

Si la filière chinoise parvient à maintenir un tel rythme de croissance, l’Empire du Milieu pourrait bien devenir dès 2024 le troisième plus grand fabricant mondial de ces microprocesseurs, juste derrière les États-Unis et la Corée du Sud.

Washington peut se consoler du fait que les fondeurs chinois sont encore loin de pouvoir rivaliser sous l’angle technologique avec les leaders mondiaux comme le sud-coréen Samsung et le taïwanais TSMC qui s’apprête à lancer des puces de 3 nanomètres d’ici la fin de l’année contre 14 nanomètres pour celles de SMIC. Néanmoins, la Semiconductor Industry Association (SIA) américaine prédit que la Chine pourrait bien rattraper son retard technologique « au cours de la prochaine décennie ».

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