Hong Kong : Sans surprise, Carrie Lam

Comme une horloge helvétique, les élections à Hong Kong le dimanche 26 mars, se sont déroulées selon le scénario prévu : Carrie Lam, la candidate ultra-adoubée par Pékin a remporté le strutin avec une très confortable majorité de 777 sur 1194 grands électeurs.

Vaincu, John Tsang, l’ancien secrétaire aux finances, favori de l’establishment mais aussi de la rue (avec 70% d’opinions favorables), a été terrassé avec 365 voix.

Un 3ème homme, le juge en retraite Woo Kwok-hin, n’avait au départ aucune chance (21 voix). Les jeux étaient donc faits d’avance : la discrète ancienne patronne de l’administration du territoire, s’est faite accepter du pouvoir central par ses qualités de gestionnaire d’hommes, non-confrontationnelle mais efficace, et bien sûr par son absence de toute contestation des ordres du régime. Peu de changement donc, selon le mot du tribun démocrate James Tien.

Et pourtant, à notre sens, cette campagne a marqué des progrès, en terme de maturation, comme la non reconduction de Leung Chun-Ying, l’actuel Chief executive qui s’était fait haïr en prévenant avec trop de zèle tous les désirs de la frange conservatrice du pouvoir. Dégagé en touche par Pékin, nommé vice-Président de l’Assemblée Consultative CCPPC, il est le premier patron de l’ex-colonie de la couronne à ne faire qu’un seul mandat.

Tous les bords, durant cette campagne, ont évolué. Pékin d’abord, en sollicitant à plusieurs reprises des opinions, et agissant très tôt en sous-main pour que tous les candidats soient représentatifs et acceptables – en particulier, Lam est la première patronne de la Région Administrative Spéciale, issue du beau sexe. De même, le collège des grands électeurs, tout en restant manipulé de manière à garantir le choix final au gouvernement, s’est rapproché de la réalité sociale avec 360 voix démocrates contre 180 « pro-pékin ». Et le vote au scrutin secret, sans permettre de pouvoir espérer renverser le choix de la « mère patrie », a effectivement renforcé le score de Tsang.

Enfin, du côté des candidats, le ton n’est plus dans l’argument « pour » ou « contre » Pékin, ce qui est perte de temps et confrontationnel, mais chacun a tenté d’aller à la fois vers les débats pragmatiques de terrain – comment redonner emploi, espoir à la jeunesse, sur quels atouts spécifiques à Hong Kong jouer pour relancer la ville ? Lam par exemple, la veille du vote, se déclarait sur son blog « confiante de pouvoir se connecter avec la ville pour réaliser un avenir meilleur »… Mais pourra-t-elle enrayer la crise de méfiance qui ravage le territoire depuis 5 ans, sous Leung ? Rien n’est dit. Au minimum, c’est une personnalité fraiche et non compromise, la chance d’un nouveau départ.

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