Technologies & Internet : La Chine, grande prêtresse de l’internet quantique

C’est un pari sur l’inconnu, à grand frais, que la Chine lance avec son réseau informatique quantique. D’ici 2016, Shanghai et Pékin seront reliés par cette technologie d’avenir. Son atout, qui n’est en fait pas démontré : d’être inviolable, car pour accéder aux données, tout hacker doit d’abord « mesurer » le photon qui les transporte, ce qui donne l’alarme. A part cette sécurisation, le système n’a pas que des qualités. Sur 2000km de fibre optique, le réseau exige un relais tous les 100km, laissant l’information circuler à 2 Gigahertz de vitesse (faible). Son prix sera astronomique, 10.000 yuans par usager. A ce tarif, l’ICBC sera le 1er client, pour ses transferts financiers. 

D’ici 2020, selon le professeur Pan Jianwei (expert reconnu à l’international, cf photo), la Chine entière sera équipée. Le réseau mondial est pour 2030. A Hefei (Anhui), à l’Université des Sciences et Technologies, Pan appelle les villes à bâtir leur réseau sur les modèles de Hefei ou Jinan. Le noeud central sera en place fin 2015, permettant l’interconnexion générale. En soutien, un satellite quantique sera en place dès 2016. 

Ces données éclairent la très particulière gouvernance en Chine de ce type de programmes innovants tels l’internet des quanta, la nanotechnologie ou le séquençage ADN d’un génome. Loin de démarrer sur un programme central de la technologie recherchée, Pékin (souvent la Commission nationale de recherche en technologies militaires) distribue de fortes subventions aux universités, avec un « cluster » de savoir de base. Une ou des bases régionales émergent, puis l’Etat fait appel au volontarisme local pour développer des réseaux locaux, ou mettre en commun les résultats engrangés.
Avec cet internet quantique, la Chine a peut-être trouvé son premier champ de compétence où le marché est encore à prendre. 

Le risque est qu’aux Etats-Unis, la NSA parvienne à développer un ordinateur quantique assez rapide pour craquer le cryptage du système… En tout cas, pour reprendre l’avis de R. Laflamme, à la tête d’un centre de recherches en informatique quantique à Waterloo (Canada), « en communication quantique, les Chinois avancent à vitesse incroyable. Aucun pays au monde n’a de programme aussi ambitieux ».

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