Editorial : La course chinoise au Boeing fantôme

Le 08/03, le  vol  MH370 à destination de Pékin, un Boeing de Malaysian Airlines (MAS), disparaît des radars une heure après son décollage de Kuala Lumpur. A son bord, 154 passagers chinois, soit les deux tiers de la population embarquée. Parmi les autres passagers figuraient 4 Français, résidents à Pékin. Le Vent de la Chine adresse ses vœux très sincères de soutien aux familles

L’Etat craignit qu’il ne s’agisse d’une frappe terroriste, surtout quand apparut la revendication d’une « Brigade des martyrs de Chine », et qu’on constata la présence à bord de deux imposteurs voyageant sous passeports volés. Aussi, quand MAS publia la liste des passagers, la presse chinoise tut celui de Memetjan Abra, peintre ouïghour, à bord avec 28 autres artistes chinois. La piste ouïghoure semble pourtant écartée : les clandestins, identifiés, étaient des Iraniens de 19 et 29 ans tentant d’émigrer en Europe. De même, le fameux communiqué a été écarté comme factice, faute de détails qui le valident.

Après 48 heures, Pékin perdant patience, envoya 13 hauts cadres de 4 ministères, pour tenter de participer à l’organisation des recherches.
La Chine vint aussi renforcer significativement l’effort de recherche de 25 nations par moyens satellitaires, maritimes et aérien – sur les zones visées, en mer de Chine du Sud, puis au Nord du Détroit de Malacca, elle affecta 10 satellites, huit avions et huit navires de guerre ou de police, parmi lesquels la frégate Mianyang, le destroyer Haikou, des porte-hélicoptères (Jianggangshan, Kunlunshan), des garde-côtes tels le Haixun 31. 

Pourtant selon des enquêteurs américains, le MH370 aurait volé plus de 7 heures après sa disparition des radars, élargissant au 14/03 la zone de recherche (cf photo). Pourtant, la MAS et son gouvernement faisaient leur possible, envoyant à Pékin plus de cent volontaires, psychologues et assistants, payant hôtels et voyage en Malaisie dès que l’appareil serait localisé. Elle offrait aussi pour chaque disparu 31.000¥ « d’assistance », que nombre de familles refusèrent, furieuses du manque d’informations, souvent contradictoires.

Quoiqu’il en soit, le spectaculaire engagement de la Chine dans les recherches est bien justifié par le fait d’une majorité de ses nationaux parmi les disparus. Toujours en quête de cette légitimité dont elle manque faute du verdict des urnes, Pékin réagit lors de cette crise hors frontières comme en toutes les autres, par un effort très visible pour protéger ses ressortissants. Cette mission lui offre aussi une merveilleuse opportunité d’exercices navals, et de gain d’expérience militaire à l’étranger, dans un espace maritime où la Chine n’est d’ordinaire pas la plus bienvenue… L’amiral Yin Zhuo remarquait qu’il pourrait être utile de construire des bases navales permanentes, un aéroport militaire dans les Spratley « afin de pouvoir effectuer de telles missions de sauvetage en de meilleures conditions à l’avenir »…  

Symptomatiquement, la presse pointe du doigt la Thaïlande, où 60 000 passeports étaient volés en 18 mois (de janvier 2012 à juin 2013), et le  Vietnam, qui au 5ème jour, prétend suspendre sa participation aux recherches. Tout cela pour renforcer sa conviction intime : seule la Chine a les moyens, et la responsabilité pour gérer la mer de Chine du Sud, dans sa totalité !

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