Le Vent de la Chine Numéro 11

du 16 au 22 mars 2014

Editorial : La course chinoise au Boeing fantôme

Le 08/03, le  vol  MH370 à destination de Pékin, un Boeing de Malaysian Airlines (MAS), disparaît des radars une heure après son décollage de Kuala Lumpur. A son bord, 154 passagers chinois, soit les deux tiers de la population embarquée. Parmi les autres passagers figuraient 4 Français, résidents à Pékin. Le Vent de la Chine adresse ses vœux très sincères de soutien aux familles

L’Etat craignit qu’il ne s’agisse d’une frappe terroriste, surtout quand apparut la revendication d’une « Brigade des martyrs de Chine », et qu’on constata la présence à bord de deux imposteurs voyageant sous passeports volés. Aussi, quand MAS publia la liste des passagers, la presse chinoise tut celui de Memetjan Abra, peintre ouïghour, à bord avec 28 autres artistes chinois. La piste ouïghoure semble pourtant écartée : les clandestins, identifiés, étaient des Iraniens de 19 et 29 ans tentant d’émigrer en Europe. De même, le fameux communiqué a été écarté comme factice, faute de détails qui le valident.

Après 48 heures, Pékin perdant patience, envoya 13 hauts cadres de 4 ministères, pour tenter de participer à l’organisation des recherches.
La Chine vint aussi renforcer significativement l’effort de recherche de 25 nations par moyens satellitaires, maritimes et aérien – sur les zones visées, en mer de Chine du Sud, puis au Nord du Détroit de Malacca, elle affecta 10 satellites, huit avions et huit navires de guerre ou de police, parmi lesquels la frégate Mianyang, le destroyer Haikou, des porte-hélicoptères (Jianggangshan, Kunlunshan), des garde-côtes tels le Haixun 31. 

Pourtant selon des enquêteurs américains, le MH370 aurait volé plus de 7 heures après sa disparition des radars, élargissant au 14/03 la zone de recherche (cf photo). Pourtant, la MAS et son gouvernement faisaient leur possible, envoyant à Pékin plus de cent volontaires, psychologues et assistants, payant hôtels et voyage en Malaisie dès que l’appareil serait localisé. Elle offrait aussi pour chaque disparu 31.000¥ « d’assistance », que nombre de familles refusèrent, furieuses du manque d’informations, souvent contradictoires.

Quoiqu’il en soit, le spectaculaire engagement de la Chine dans les recherches est bien justifié par le fait d’une majorité de ses nationaux parmi les disparus. Toujours en quête de cette légitimité dont elle manque faute du verdict des urnes, Pékin réagit lors de cette crise hors frontières comme en toutes les autres, par un effort très visible pour protéger ses ressortissants. Cette mission lui offre aussi une merveilleuse opportunité d’exercices navals, et de gain d’expérience militaire à l’étranger, dans un espace maritime où la Chine n’est d’ordinaire pas la plus bienvenue… L’amiral Yin Zhuo remarquait qu’il pourrait être utile de construire des bases navales permanentes, un aéroport militaire dans les Spratley « afin de pouvoir effectuer de telles missions de sauvetage en de meilleures conditions à l’avenir »…  

Symptomatiquement, la presse pointe du doigt la Thaïlande, où 60 000 passeports étaient volés en 18 mois (de janvier 2012 à juin 2013), et le  Vietnam, qui au 5ème jour, prétend suspendre sa participation aux recherches. Tout cela pour renforcer sa conviction intime : seule la Chine a les moyens, et la responsabilité pour gérer la mer de Chine du Sud, dans sa totalité !


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Vins et spiritueux : Robert Parker, le pape du vin, en Chine
Robert Parker, le pape du vin, en Chine

Le 27/02, un gala unique en son genre en raison du prix (1100$ par convive) et du thème « Pomerol et St Emilion », se tint dans un grand hôtel de Pékin. Ce banquet avait pour vedette le critique américain Robert Parker, l’homme qui fait et défait les réputations des grands crus à travers le monde. 

La mondanité s’insérait dans une série : un Grand World Tour œnologique, en 40 étapes à travers trois continents. Le 02/03, le gala se poursuivait à Shanghai « Grands Médoc 2000 et 2009 », puis ses semaines suivantes à Hong Kong, Kuala Lumpur et Singapour – tous à guichets fermés. 

A ce prix, l’assistance composée de millionnaires et de professionnels chinois et étrangers put déguster «tartare d’agneau», «médaillon de gibier au chocolat et figues» et autre «joue et langue de bœuf Wagyu braisées 36 heures», le tout arrosé des meilleures cuvées des plus prestigieux Bordeaux, les châteaux Hosanna 2005 et Trotanoy 1998, Lafleur Petrus 1998, Cheval Blanc 2000 et Ausone 2005, avant de conclure sur le feu d’artifice d’un admirable Château Yquem 1996. 

Mais qui au juste est Robert Parker? Il est le fondateur de Wine Advocate, lettre bimestrielle qui compte à présent 50.000 abonnés. Son génie, en 1978, fut de deviner le potentiel sans limite du marché des grands crus sur le marché américain, et de comprendre le besoin d’une information neutre au service des amateurs – la presse œnologique étant souvent à la sol-de des groupes producteurs et négociants en vins.

Parker a vendu sa lettre en décembre 2012, pour 14 millions d’€, tout en conservant des parts minoritaires, ainsi que sa propre rubrique de prédilection, l’analyse des crus du Bordelais. L’acheteur est un consortium de « jeunes entrepreneurs de Singapour » mené par Soo Hoo, millionnaire sino-malais d’une quarantaine d’années. Mais l’identité des autres investisseurs reste secrète. Une raison, confie A. Wauthier (Château Ausone), est le souci de préserver l’indépendance de la lettre. C’est pourquoi le négociant B. Pujol (Bordeaux Vins Sélection), qui avait créé sa «caisse Parker» de crus choisis par le maître, en accord avec ce dernier, dut faire retirer sa signature sur le bois de la caisse : pour éviter toute association d’idées. 

Robert Parker ChinoisEn tout cas, les repreneurs voient grand. La lettre a étoffé sa rédaction, passant de 5 à 8 rédacteurs couvrant les 5 continents, et sa base de données contient 250.000 articles. Trois nouvelles éditions se préparent pour 2015, française, italienne et chinoise. Cette dernière sera stratégique, dans un pays qui vient de passer 1er consommateur mondial, devant la France et qui, comme les Etats-Unis il y a 35 ans, a besoin d’un arbitre indépendant. Grâce à sa base de données, on peut accéder aux critiques de chaque domaine, cru et cuvée, et retrouver sur son smartphone au magasin, tous les grands vins, avec rapport qualité-prix évalué sur 100 points (autre système inventé par Parker).

Or, si la lettre revendique ombrageusement son indépendance, les activités annexes elles, n’hésitent pas à s’associer à des intérêts puissants. Ainsi durant la tournée mondiale, l’importateur ASC Fine Wines (Shanghai) offre aux convives ses crus haut de gamme avec 40% de remise (ex., Château Lafite Rothschild 2009 étiqueté à 2726 $ la bouteille, cédé à 1700 $), et c’est American Express qui vend, par carte de crédit. D’autres alliés comme Delta Airlines, Badoit, les verres Riedel ou les montres Audemars Piguet se font ainsi connaître sur ces marchés asiatiques ; et la lettre est offerte aux convives des galas pour un an, pariant qu’un an après, une bonne part de ces nouveaux lecteurs reprendront l’abonnement, cette fois en payant. 

On entrevoit ainsi un business-modèle inédit, groupement de firmes non concurrentes qui « chassent en meute » sur un terrain d’ordinaire difficile, mais dès lors conquis d’avance. Les convives ont payé très cher, sans doute autant pour goûter les crus que pour écouter le maître, lui serrer la main et se faire photographier à ses côtés (cf photo).
C’est la raison secrète de Parker pour se prêter aux fatigues de cette course à travers le monde, telle que résumée par O. Clouet, de Château Cheval Blanc : « c’est pour rester dans la course, et goûter à la gloire tout en faisant ce qu’il aime et a fait toute sa vie : conter le vin ! ». 


Economie : Li Keqiang : « 2014, une partie de billard réformiste »

On croyait le 1er ministre Li Keqiang malheureux du faible rôle que lui laissait le Président Xi Jinping, ayant dû jeter par-dessus bord des pans entiers de son grand plan de transformation sociale. Mais à sa conférence de fin de session du Parlement (ANP), c’est un Li tout sourire qui se présenta aux 1000 journalistes chinois et étrangers. 

Il avait à cela une raison : avec 15 « non » et 5 « nuls » sur 2900 voix, son rapport d’exercice 2013-2014 venait d’obtenir le meilleur score en dix ans. Plus profondément, cette session lui permettait de sauver l’essentiel de son programme : comme si, frappant indistinctement démocrates et corrompus, Xi avait rassuré par sa poigne de fer le corps des décideurs, et l’avait convaincu de prendre des risques. Ils acceptaient donc d’accélérer le rythme d’une réforme de structures financières et administratives favorisant la classe au pouvoir et les consortia, au détriment de la classe moyenne et des PME. Aussi il réalisait quand même des progrès sociaux, mais par la bande, comme au billard, sans prononcer le mot qui fâche, celui de démocratie.

On a déjà évoqué (cf article « Wechat contre Alibaba » ) l’émergence d’impressionnants nouveaux services de placement bancaire privé, sur smartphone. C’est permis, et même encouragé par le Conseil d’Etat, qui veut par ce biais, forcer un rapprochement entre le crédit et le marché – relâcher les liens quasi clientelaires entre les grosses banques et les consortia d’Etat, pour acheminer plus de fonds vers les PME. 

Proche de l’objectif de 2013, Li Keqiang vise un PIB de 7,5% « ou approchant ». En cas de chute trop raide de la croissance, la Banque Centrale aura toujours le levier des réserves bancaires pour raviver la flamme : « hache aiguisée tranche bien le petit bois » glose Li. Notons au passage que pour l’économiste Marc Faber à Hong Kong, le taux de croissance réel actuel est plus proche de 4%, « et c’est suffisant ». ajoute t-il.

Lou Jiwei

Surtout, clé de voûte de 10 ans de politique financière, Lou Jiwei, ministre des Finances (cf photo) promet la liberté des taux d’intérêts pour 2016—et non 2024, comme des analystes l’attendaient ! 2014 devrait aussi voir l’arrivée d’exonérations fiscales pour foyers vulnérables (le plafond imposable reste à 3500¥ par mois), et les 18 taxes actuelles seront refondues et converties en lois – seules trois le sont aujourd’hui, les 15 autres ayant forme de règlements. Une nouvelle taxe pourrait apparaître, si le Parlement insiste dans son projet de rendre les dons aux oeuvres caritatives, obligatoires ! Une approche généreuse, mais maladroite : par définition, la charité part du cœur, et si on l’impose, elle incitera à la triche.
Le secteur des services sera ouvert aux étrangers, rappelle Li, et dérégulé, notamment dans les Zones Economiques Spéciales en cours d’adoption (à commencer par Shanghai). A moyen terme, la vraie révolution proviendra des traités de protection des investissements, en cours de négociation avec l’Union Européenne et avec les Etats-Unis (échanges de 2013, avec ces derniers : 520 milliards de $). 

Ce dernier train de réformes, le plus discret, est peut-être celui susceptible d’avoir le plus d’impact : la réforme judiciaire. Zhou Qiang, le juge suprême, jure d’imposer sous 3 ans la publication de tous les verdicts des tribunaux chinois. D’autre part, en interne, le Parti a émondé les pouvoirs du Comité légal et politique, secrètement présent dans chaque tribunal. Il ne pourra plus « coordonner les verdicts » du juge, y compris (en pratique) en donnant raison au plus offrant, entre défenseur et plaignant. Le Parti se réserverait le droit de verdict sur les affaires graves, de type ethnique ou touchant aux hauts personnages. De la sorte, une cause de colère de la rue disparaîtrait : « Xi Jinping, veut bien tolérer une réforme du système judiciaire, tant que celle-ci ne menace pas le monopole de pouvoir du Parti » résume ce témoin.


Technologies & Internet : WeChat à l’assaut d’Alibaba

Alibaba Wechat.JpgA peine connue, la nouvelle (09/03) fait l’effet d’une bombe : « ce deal va changer la face de l’internet en Chine », disent les internautes…Pourtant, à l’échelle chinoise, le montant de la transaction est « modeste » : pour 215 millions de $, Tencent, créateur de WeChat, reprend 15% du site de ventes en ligne de JD.com, dit Jingdong.

WeChat, c’est l’application mobile qui permet de tout faire gratuitement et instantanément : envoi de texte, son, photos, appels vidéo, rencontrer de nouveaux amis, appel et paiement d’un taxi (avec 10¥ de réduction, service DidiDache), choix et réservation à prix réduit d’un restaurant (via Dianping dont Tencent a racheté 20% en février) … En deux ans, WeChat a attiré 600 millions d’usagers dont 300 quotidiens.

JD, lui, est le n°2 du commerce en ligne (B2C) avec 100 millions d’utilisateurs et 22% du marché, le n°1 étant Alibaba (Taobao, Tmall…) avec 50%. 

Le rapprochement Tencent/JD permet aussi à JD de récupérer toutes les filiales commerciales du partenaire, Tencent Digital, Tencent E-Commerce, Yixun Logistics et Tencent Guangzhou, qui peinent depuis leur création à trouver le succès. La véritable synergie est ici : Tencent va introduire JD dans WeChat, par des services qui restent à inventer, comme permettre aux utilisateurs de WeChat d’échanger leurs points de fidélité JD, ou encore de discuter en ligne des produits achetés. 

Alibaba et Tencent comptent parmi les 5 groupes pressentis pour obtenir en 2014 une licence de banque privée. Le choix de l’Etat apparaît transparent : dans le cadre de son ouverture à des intérêts privés, il autorise une banque privée dans l’internet fixe, une autre dans l’internet mobile. 

D’après Mike Bastin, professeur de marketing à l’UIBE (Pékin), le choc des titans est avant tout un combat d’image. Celle d’Alibaba est faite de « compétence » et «digne de confiance». WeChat par contre, en deux ans d’existence, s’est imposé sur le registre de valeurs « sympa », « ludique », de connotations de « copain » voire, c’est assez rare, dans la « romance », conquête du partenaire parmi un public d’ados et de jeunes adultes. Ceci dénote un passage de génération : nouvelle clientèle d’une jeunesse tournée vers l’émotionnel, prenant la relève d’aînés plus rationnels. 

Weixin Hongbao 1 Yuan

WeChat a investi dans des rendez-vous sociaux comme la St Valentin et le Nouvel an chinois. Alors, la jeunesse urbaine s’est prise au jeu d’envoyer des étrennes à leurs proches, réparties entre eux de façon aléatoire (cf Vent de la Chine n°6). Cela permit à Tencent de susciter un engouement unique, tout en engrangeant, en tout bien tout honneur, données bancaires et carnets d’adresses. Jack Ma, PDG d’Alibaba, ne s’y trompa pas en parlant cette nuit-là d’une « attaque éclair ». 

Mais la riposte de Alibaba au rachat de parts de JD par Tencent ne tarda pas (12/03), avec son entrée dans ChinaVision, pour 804 millions de $, afin de s’assurer une ressource de contenu télévisuel et renforcer sa propre capacité en smartphone ludique.

Tencent dispose d’un coup d’avance sur Alibaba, en technologie et en support social. Il a aussi un atout de plus en se déployant avant le rival à l’international. Pony Ma, PDG de Tencent, n’hésite pas à affirmer que son WeChat serait « LE produit chinois le plus exporté », comptant plus de 100 millions d’usagers hors frontières, alors que Alibaba reste national. 

Mais Tencent prend des risques. Une part de son audacieuse démarche consiste à faire cohabiter sous le logo WeChat, des outils dont la compatibilité est loin d’être évidente, mélangeant chez l’usager les affaires du cœur et celle du porte-monnaie, les choix de communication, de commerce et de banque. On est là en « terra incognita » et Tencent devra avancer avec prudence et doigté ! 


Culture : 7ème art : la Chine et les Etats-Unis refondent leurs studios
7ème art : la Chine et les Etats-Unis refondent leurs studios

Entre les deux rivages du Pacifique se dessine la naissance d’un cinéma sino-américain, fruit d’un mariage de raison entre Hollywood (au savoir-faire et au marché mondial) et un cinéma surtout shanghaïen, aux ambitions illimitées – tout comme ses moyens financiers ! Le marché chinois aide aussi : il promet de passer n°1 mondial sous 10 ans, avec des citoyens rêvant toujours plus d’aventures et de salles obscures – avec des recettes records chaque année.

Plusieurs importantes coopérations se dessinent. La production reste d’abord aux Etats-Unis (pour plus de liberté), mais conçue pour les deux marchés par une équipe mixte : la Chine étant ainsi doublement présente, en financement et en script.
– Avec d’autres investisseurs non spécifiés, Huayi Brothers finance le nouveau studio de Jeff Robinov, l’ex-patron de Warner Bros (2007-2013).
Huayi finance déjà Fury, blockbuster à 75 millions de $ (sortie 2015). 

– Dans son studio financé par TPG (Etats-Unis) et Hony (Chine), Robert Simonds Jr pourra investir 1 milliard de $ sur 5 ans en des films d’un coût moyen de 40 millions de $.
Il s’agit de modules « intermédiaires », conçus pour compléter les programmations en dehors des périodes « chaudes » occupées par les « blockbusters » aux coûts plus élevés. Hony et Shanghai Media Group (SMG) ont envoyé 15 réalisateurs à Hollywood pour aider à rédiger des scripts compatibles avec les attentes du public chinois.
Disney et Shanghai Media Group viennent de signer (07/03) un accord de production à moyen terme de films sous la griffe de Disney, pour divers publics, chinois en tête. 
Shanghai Media Group a déjà une co-JV (« Oriental DreamWorks« ) avec China Media Group et  DreamWorks, qui produit Kung Fu Panda 3—à Shanghai.


Petit Peuple : Los Angeles – Les caprices de Madame la Chef (Partie 2)

Milliardaire PalaceRésumé de la première partie :  À Los Angeles, Jane, guide touristique d’origine chinoise, doit exaucer les souhaits les plus fous d’une milliardaire pékinoise. Durant toute la mission, elle angoisse sur la prochaine tuile qui lui tombera sur la tête…

Une nuit à 22 heures, ayant depuis longtemps pris congé du groupe, Jane reçut l’appel sec d’une assistante : la Chef s’était écorché la main. Il fallait toute affaire cessante fournir des pansements, et pas n’importe lesquels ! « Vous connaissez la Chef…», entendit-elle grésiller dans le combiné… Jane se devait de rapporter une boite de chaque type de pansement qu’elle pourrait trouver ! 

Rhabillée à la diable, Jane avait sauté dans sa voiture pour faire les pharmacies de garde, les supérettes 24h/24. Elle fit une razzia de bandages : normaux, spéciaux, étanches, biodynamiques, antibactériens, «peaux fragiles », couleur peau, et même le spécial « Hello Kitty »…De retour à la suite du palace où elle déposa ses emplettes, Jane attendit, tremblante, le résultat de ses courses. Ce ne fut qu’au bout d’un quart d’heure que s’ouvrit la porte de la chambre, sur un assistant qui lui fournit sans sourire, d’un ton pète-sec, l’inespéré signe de satisfaction : « Ca passe pour cette fois-ci… ». 

Le comble arriva la veille du départ. Pour le dernier après-midi, la Chef avait jeté son dévolu sur le South Coast Plaza, complexe de boutiques de luxe dans le comté d’Orange. Jane et Ben, son collègue, reçurent l’ordre d’arriver deux bonnes heures à l’avance. Ils s’imaginaient qu’ils devraient établir l’itinéraire du lèche-vitrines, négocier avec les managers pour qu’ils fassent le vide des autres chalands sur le passage de leur si précieuse cliente. Ils furent d’autant plus interloqués quand ils découvrirent en quoi consistait la mission du jour : s’assurer la location d’un fauteuil roulant ! La Chef ne s’intéressait qu’à deux bouti-ques espacées de 400 mètres, mais craignait d’être fatiguée et désirait d’être poussée d’un endroit à l’autre…

South Coast Plaza Los AngelesAprès le shopping dans sa chaise à roulettes, la Chef exprima un autre désir : c’est en plein air, à la terrasse du fameux café du South Coast Plaza, qu’elle voulait prendre un verre. Une fois installée dans un confortable fauteuil en rotin, elle commanda un Malibu, la spécialité locale. 

Mais quand arriva le cocktail, elle rougit de colère, à s’en bloquer la respiration. Un de ses secrétaires, qui connaissait le symptôme, se rua vers Jane, le regard noir : « je vous ai pourtant dit que la Chef n’accepte que le verre qu’elle peut boire. Regardez cette coupe, elle est ridiculement grande. Comment voulez-vous qu’elle boive tout ça ? » 

Excédée, Jane faillit exploser : dire qu’en 15 jours, pas une fois cette mégère n’avait daigné l’appeler par son nom ! Et de quel droit humiliait-elle ainsi la Terre entière ? « Vous savez quoi ? J’en ai plus qu’assez de supporter vos caprices d’enfant gâtée. Débrouillez-vous sans moi ! ». Voilà ce qu’elle aurait voulu lui asséner, à elle et à tous ces sbires, les plantant noblement là. Mais alors, elle vit le regard désespéré de Ben. Elle réalisa que toute son équipe avait trop à perdre dans une telle colère. La moitié de leurs gages restait à honorer, avec les derniers frais avancés. Aussi, par solidarité envers les collègues, Jane, une dernière fois, resta coite. 

Quelques heures plus tard laissant le groupe au sas d’embarquement pour Pékin, Jane se dit qu’on ne l’y prendrait plus : « avec assez d’argent, on peut atteler le diable même à son moulin », dit le proverbe ( 有钱能使鬼推磨 », yǒu qián néng shǐ guǐ tuī mó).  « Le Diable peut-être, mais pas moi ! Les milliardaires chinois, maintenant, on ne m’y prendra plus ». 

On l’aura senti, cette tyrannie de la Chef exprimait en fait deux conditions distinctes. Comme chez bien des nouveaux riches, l’argent la faisait se sentir exceptionnelle, « méritant » sa richesse (quoique l’on n’eût rien su de son l’origine de sa fortune) et supérieure au reste, au menu fretin de l’humanité. Mais aussi, l’isolement auquel elle s’astreignait avait fini par étrangler sa santé mentale : schizophrène, elle voyait le monde (l’étranger surtout) comme rempli de menaces, dont elle se protégeait en déployant sa garde rapprochée, petite Grande Muraille. Mais, se demande Jane, en quel lieu sa cliente, avec ses milliards, eût-elle été la plus heureuse : dans un palace, ou enfermée dans un asile ? Seul le ciel le sait !


Rendez-vous : du 17 au 23 mars 2014
du 17 au 23 mars 2014

18-22 mars, Canton : Hometextile & Homedecor, Salons du tissu d’ameublement et de la décoration

19-21 mars, Pékin : China Maritime, Salon des technologies & équipements maritimes

19-21 mars, Pékin : CIOOE, CIPE, CIPEE, Salons du pétrole & gaz offshore, des équipements de stockage & de transport, et des technologies pétrochimiques

19-21 mars, Pékin : EXPEC Salon des équipements contre les risques d’explosion

19-22 mars, Suzhou, Salon industriel

25-27 mars, Shanghai : Domotex Asia, Chinafloor, Salon de revêtement des sols