Technologies & Internet : Lapin de Jade, en route vers sa maîtresse lunaire

Nouveau succès pour le programme spatial chinois avec le décollage de Chang’e-3 le 1/12 à 01:30, direction la Lune. 

Chang ’e-3 y emporte un module qui doit alunir le 14/12, pour libérer un char lunaire, « yùtù 玉兔 » (lapin de jade) – le compagnon légendaire de la déesse Chang’e, exilée sur la Lune de temps immémoriaux. Ce tir est une étape d’un plan étalé sur au moins 20 ans : en 2020, la Chine compte rapporter 2kg de roche lunaire, puis en 2030, répéter l’exploit d’Armstrong marchant sur la Lune (juillet 1969). 

D’aucuns ne se privent pas de discréditer ce programme : doté de milliards d’€uros, il ne serait qu’un remake d’aventures ridées, réalisées par les USA ou la défunte URSS (première sortie extravéhiculaire en mars 1965). Ils ont tort : Russie et USA ne sont plus très actifs dans l’espace : l’humanité (à commencer par les 1,3 milliard de Chinois) ne demande qu’à vibrer à un retour sur la Lune, laquelle est toujours méconnue. Or, les instruments à bord de Chang’e sont inédits sur la Lune, caméras panoramiques, radar pour sous-sol, spectromètres à infra-rouges, à rayon «X» par particules alpha… Pour sa part, le char à six roues, sur des côtes de 30°, à 200m à l’heure, dispose d’une caméra à ultraviolets. On attend donc, des scientifiques chinois, des découvertes sur notre satellite. 

Sa mission, une fois sur son nouveau territoire, sera de dresser une carte « d’Etat major » de sites sécuritaires pour des missions futures, relever la structure géomorphologique de différents sites, conduire des relevés astrophysiques et par-dessus tout, rechercher des ressources exploitables.
Ce qui est visé, est l’helium-3, isotope non radioactif dont la molécule (2 protons + 1 neutron) en fait un candidat sérieux à la production d’énergie de demain, par fusion nucléaire à partir de réacteurs Tokamak du type de l’Iter, projet mondial. La Lune, selon les cosmo chimistes, détiendrait 1 à 15 million de tonnes d’helium-3 contre seulement 15 tonnes sur Terre. 

Ici, le programme chinois semble avoir adopté les théories du géo chimiste Ouyang Ziyuan : avec 100 tonnes récoltées par an, la demande énergétique mondiale serait comblée, et la Chine se voit déjà développer des transporteurs d’une capacité de 25 tonnes (contre 4 tonnes aux plus performants actuels) : et se faire donc le fournisseur de la planète. 

NB : Russie et Inde s’intéressent aussi à cette filière d’énergie future, qui reste cependant largement du domaine onirique, vu l’absence actuelle de  technologies matures. 

Chang’e-3 servira aussi à préparer d’autres missions vers Mars, notamment l’usage du télescope à micro-ondes, et la maitrise des communications et du char lunaire. 

A ce niveau, la Chine est en concurrence avec… l’Inde, qui a lancé en octobre sa fusée Mangalyaan et franchi avec succès le 29/11 le second obstacle, à savoir l’adieu à l’orbite terrestre pour rebondir vers l’astre rouge, qu’il atteindra en septembre 2014. Ce qui n’est pas un mince exploit, si l’on se rappelle l’expédition sino-russe de novembre 2011 qui explosa au décollage. A la clé : un marché des opérations spatiales de 3004 milliards de $, dont la majorité reste aux mains des Etats-Unis et de l’Europe. 

Dernier aspect : la Chine ne manque pas de préciser que les fruits de la mission seront partagés « avec l’humanité, surtout les pays en voie de développement ». Ce qu’elle veut dire est qu’en partageant avec les pays défavorisés le prestige de l’aventure spatiale, elle s’appropriera plus facilement leurs ressources minérales.

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  1. Jean

    Un astronaute russe sur la Lune en 1966? Je me disais bien! Je croyais que c’était le capitaine Haddock!

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