A la loupe : Conjoncture : une Chine Dr Jekyll et Mr Hyde

Toujours plus, l’économie chinoise nous offre deux visages opposés, optimiste ou inquiet. Lequel aura le mot de la fin? Les experts en perdent leur latin !

Espoir : le PMI, index des achats des patrons, monte depuis 4 mois, à 53,2 en juin. La production industrielle monte de 8,9% en juin. En mai les 72 principales aciéries font 1,26MM de profit, après 4 mois de coupes sombres (janv-mai : -97,2% de profit du secteur), et Fushan, leader du charbon à coke, hausse de 14% ses tarifs (30/06) sous l’effet de leurs demandes. De janvier à mai, les « électriciens » font 14,6% de profits de plus qu’en même période de 2008 (à 230MM¥). Les ventes auto poursuivent en juin leur chevauchée fantastique à +47% et 829.000 voitures. L’étranger s’arrache à sa léthargie (nouvelle usine Goodrich d’aéronautique à Tianjin). L’Etat édicte sa 2de hausse du carburant, de 11% au 30/06 à 5,71¥, après +8% au 1/06, pour protéger son raffineur Sinopec de la hausse mondiale (70$/baril), pour éduquer le consommateur à l’épargne, et pour casser la déflation. Tous ces chiffres inspirent le choeur des optimistes à chanter l’hymne de la Chine atteignant cette année son chiffre magique de +8% de hausse: la Banque populaire de Chine (son Prsdt Zhou Xiaochuan), l’économiste Fang Gang, JP Morgan, CLSA

Visage d’inquiétude : quoique gâtées par le stimulus de 400MM², les Entreprises d’Etat ont vu depuis janvier leurs profits chuter de 41,5% (à 246MM¥), et les industries, de 22,9%. L’économiste Ha Jiming voit en 2010 l’inflation grimper de 5% sous l’effet du «crédit fou». L’investissement direct étranger poursuit sa chute depuis 8 mois (en mai -17,8%). Les réalisations des invests d’Etat n’apparaissent pas, ce qui laisse Andy Xie croire que bonne part de ces investissements, ont été dans le stockage spéculatif de matières 1ères. L’effet immédiat en est une remontée excessive des cours, intenable pour l’économie globale fragilisée. En 2010, Xie en attend une double rechute, en l’absence de marché pour les absorber, et sous la disparition de la manne du stimulus. Ceci explique les méthodes hasardeuses de Pékin pour sauver ses usines sans marché: le plan «acheter chinois», la hausse de 70% en bourse de Shanghai (autre destination populaire, mais stérile des crédits du stimulus), et la chute des importations de 25% depuis novembre. Ces chiffres prouvent que la Chine ne prend pas sa part de la crise mondiale, et l’exposent par retour de flamme, à une avalanche de plaintes antidumping annoncées, entre autres, par la chambre de commerce européenne.

Dernier risque et non le moindre : celui des banques, affligées de 4,2 trillions $ de dettes d’entreprises publiques. Cet encours devrait monter de 30% dans l’année, dans un marché où les firmes privées sont anesthésiées, et où la spéculation domine…

 

 

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