Sans être une surprise, la mauvaise conjoncture de janvier fut douloureuse : coût des 3 semaines de tempête, où l’inflation atteignit 7,1%, plus que toute l’année 2007. Désormais, celle-ci n’est plus circonscrite à un ou deux secteurs, mais généralisée: +30% au pétrole, 17,3% à la sidérurgie, 14,3% au charbon, 10,4% à la nourriture. C’est un record depuis 11 ans, que ne compensent guère d’autres signaux plus positifs, tel le tassement sur la courbe de l’immobilier (« que » +6,8% à Shanghai en 2007, à 19,1MM²), ou sur le surplus commercial à 13,25 MM² en janvier – record depuis mai. Ailleurs, la croissance demeure fulgurante et intenable, comme les 47% de progression des ventes automobiles chez FAW (First Auto Works) en janvier, avec 166.000 véhicules écoulés, dont 146.000 voitures (+58%).
D’autres nuages noirs persistent, maintenant la bourse entre orange et rouge. Ainsi, l’IDE (Investissements directs étrangers) a plus que doublé en janvier, à 109,8% (7,6MM²). D’autres investisseurs frappent aux portes, comme le fonds Blue Ridge qui vient placer 986M² dans des secteurs; tels énergie, commerce, immobilier et technologie… Cet afflux d’argent chaud signifie que les mesures de l’Etat pour prévenir les rachats industriels étrangers ne suffisent plus à contenir l’avalanche de crédits, délogés par les « subprimes » de leurs terrains de chasse traditionnels à l’Ouest.
Dans ce contexte, alors que le RMB monte plus vite que jamais (à 7,14¥/1$ au 21/02), économistes et experts monétaires s’affrontent sur l’hypothèse d’une réévaluation forte et unique (dont l’ampleur pourrait être +20%) sous 60 jours, qui mettrait un terme à la stratégie des petits pas poursuivie depuis deux ans.
Jonathan Anderson, d’UBS, voit à la racine de l’incontrôlable surplus commercial chinois, la distorsion de concurrence due à un yuan sciemment sous évalué afin de promouvoir l’emploi par l’exportation. Aussi pour lui, une méga réévaluation est à exclure, car elle tuerait les PME, coeur de l’export.
Mais Michael Pettis,chef économiste à l’UNDP, (United Nations Development Program) désigne comme source du même surplus, non le cours du yuan, mais la politique systématique de crédit abondant et à bas prix, qui aurait « fait perdre le nord » à la pompe aux investissements. Comme Anderson, Pettis attend d’énormes dégâts comme suite à une réévaluation massive, mais lui croit que Pékin n’aura pas d’autre choix, comme électrochoc aux capitalistes, signal indiscutable que la limite est atteinte.
Le vrai danger d’avenir, selon lui, est de passer d’une forte sous-évaluation du yuan à une forte sur évaluation, sans que le capital ne cesse de s’y déverser, alimentant une croissance sans profits: comme advint au Japon des années ’80!
Sommaire N° 7