A la loupe : Match de catch : Canton contre Chongqing

De janvier à décembre, 1000 PME de chaussures ont fermé au Guangdong, tuées par la hausse des matières 1ères, des salaires, la nouvelle loi du travail et la suppression de la restitution à l’ex-port. De même, la montée du ¥ permit à la chaussure vietnamienne de concurrencer la Chinoise, jusqu’à son marché intérieur.

Le mauvais temps aussi, a joué son rôle : suite au déficit électrique (d’1Gw/jour au 18/02, après la destruction jusqu’à fin mars des lignes à haute tension du Hunan et du Guizhou), seules les industries « prioritaires » (moins polluantes et gourmandes en énergie) restent alimentées -moyennant coupure de 30%.

Par ailleurs, selon la FHKI, ‘(Fédération des industries Hongkongaises), d’ici l’été, 14.000 des usines créées par des Hongkongais dans la province fermeront faute de personnel. Durant les fêtes de Nouvel An, les ouvriers migrants ont réfléchi : après le phénoménal engorgement des transports qui vient d’avoir lieu, l’écart salarial entre Guangdong (1000¥ /mois) et les régions du centre (850¥ /mois), ne couvre plus le coût de leur voyage au foyer natal, au demeurant, dangereux et inconfortable !

Seule parade, le Guangdong doit accélérer le passage vers sa prochaine étape de développement, les services. Pour ce faire, il améliore son environnement, à commencer par l’ordre public. A Canton, 420M² (17,8% du budget) iront en 2008 dans la police, l’achat de cameras vidéo (déjà 212.700), pour contenir la délinquance de sa population migrante: Shenzhen compte 11M d’âmes dont 70% de migrants, et 9 fois plus de vols que Shanghai…

C’est évidemment la chance pour le centre et l’Ouest, de se développer enfin, en réorientant vers ses propres villes-satellites et zones industrielles, la fuite de ses bras et cerveaux.

Telle Chongqing, dans ses montagnes, à 2000km de la mer. Municipalité reculée, et en retard d’investissements, elle a pourtant de beaux atouts comme son marché direct de 100M d’âmes ou son énergie abondante, celle des barrages (3 Gorges…), et son GNL, aussi source d’une chimie encore dans les langes.

L’ex-Ministre du commerce Bo Xilai en est le nouveau secrétaire du Parti. Dans ses bagages, il a apporté à la ville un statut de «zone expérimentale» lui permettant d’accélérer le projet de couverture sociale aux migrants, et plus de liberté d’investissement. En ce pays où tout est politique, Bo pourrait être l’atout n°1 de la ville-province : un battant, et « sur la touche », venant de rater un train vers le pouvoir suprême, sa seule chance de rebondir tient dans la réussite du pari qu’il s’est imposé: « inverser d’ici 2020, le rapport entre campagne et ville, aujourd’hui de 70 à 30 ».

Pour ce faire, la crise systémique que traverse la Chine, la fin probable de l’argent facile et du « tout pour la côte », pourrait être sa chance, terrain plus favorable  pour rebrasser les cartes !

 

 

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