Pol : Riz : Pékin dépanne Hong Kong et Macao

Mékong : un désenclavement à risques

Sur un bassin du Mékong grand comme 5 fois la France (2,57M km², 320M d’âmes), six pays (Chine, Thaïlande, Birmanie, Vietnam, Laos, Cambodge) veulent dépasser un passé de guerres et de pauvreté.

A Vientiane, les 30-31/03, les 1ers ministre tenaient le 3ème Sommet de la sous-région du Grand Mékong (après Phnom Penh-2002,  Kunming-2005). Ils inaugurèrent la route n°3, reliant sur 220km le Yunnan au nord-Thaïlandais, via le Laos, avant-dernier segment de l’axe Singapour-Pékin, en attendant un pont du Mékong, d’ici 2011. Si cette route et quelques autres vont accélérer le progrès dans les pays les plus pauvres, elles permettent aussi à la Chine d’élargir son hinterland, parc à matières 1ères (bois, caoutchouc, hydroélectricité), et marché de ses produits finis. Elle paie donc un tiers (30M$) de la route n°3, quoique presque toute hors de son sol, une part appréciable du pont déjà cité, et des tronçons encore manquants au chemin de fer Singapour-Pékin (ouverture prévue en 2011).

Le Sommet jeta également les bases du réseau de fibre optique commun. Les observateurs cependant alertent sur le risque d’une autoroute des pirates, mettant en coupe réglée un Laos trop pauvre pour se défendre, et lui léguant en échange la drogue et le sida. Seule prévention possible, selon les observateurs : un projet commun entre les six pays, de développement durable pour le bassin du Mékong (avec des lois, coopérations policières, juridiques, etc !

Riz : Pékin dépanne Hong Kong et Macao

  La pénurie cyclique alimentaire qui affecte la planète depuis l’an dernier s’est élargie en Chine, sous l’effet des tempêtes de janvier qui détruisirent 10Mha de rizières.

La semaine passée, l’effet s’en ressentit entre Hong Kong et Macao, où furent constatés des achats de panique et l’affolement des prix du riz, les plus hauts en 20 ans. De mars à avril, le cours mondial a bondi de 31% à 760$/t, le double du début de l’année. Combinée aux autres produits alimentaires, la crise provoque à Hong Kong une inflation record de 6,3%. Aussi Wen Jiabao, revenant de Vientiane, passa par HK (31/03) pour rassurer, promettant aux deux RAS de les fournir, en puisant dans ses 40 à 50Mt de réserves.

L’an dernier, la Chine au seuil d’autosuffisance, produisait 186Mt. Tout ceci met toutefois Pékin devant une décision difficile : ne pas (trop) augmenter les prix, afin de contenir l’inflation du panier de la ménagère, mais ne pas les geler non plus, ce qui découragerait le paysan de produire plus, alors que ses autres frais, eux, montent inexorablement. L’ordre vient d’être donné aux offices des grains d’augmenter le prix mini de 9% à 1700¥/t, tout en haussant les subventions aux producteurs, visant une inflation de 4,8% dans l’année : but probablement irréaliste, alors que la croissance pour 2008, selon la Banque Mondiale, atteindra tout de même 9,4%.

Une grève inédite – celle de l’atterrissage

   Au fil des ans, la Chine voit s’aggraver son déficit en pilotes, dont les écoles, avec 600 à 800 élèves formés par an, ne suivent pas la demande vertigineuse. Or depuis toujours, ses compagnies paient moins qu’ailleurs – sauf  les pilotes étrangers qu’elles sont obligées de recruter à prix d’or. Tout ceci fait désordre, réunissant les conditions d’un conflit social exceptionnel.

Chez CEYA, la filiale yunnanaise de China Eastern, la contestation vient de prendre un tour rarissime : les 31/03 et 1/04, tous ses pilotes, depuis Kunming allèrent à destination vers 17 villes telles  Simao ou Lijiang, firent deux tours en l’air, puis ramenèrent leurs 1500 passagers (au moins) au point de départ. Ils prétextèrent le mauvais temps -mais les autres vols eux, se posaient sans encombre. Quoique cynique, leur calcul était logique: payés à l’heure, ils recevaient bien moins que leurs collègues des routes internationales, tout en étant taxés davantage, et interdits de passer sous d’autres pavillons. Réunie d’urgence, la tutelle CAAC menaça de révoquer (à vie) leurs licences -tout en priant China Eastern de s’ accorder avec les grévistes, ce que faute d’avoir fait 4 jours plus tard, cette dernière CEYA dut rappeler d’anciens pilotes passés dans les bureaux. La crise dépasse, de loin, la compagnie régionale: le 14/03,  Shanghai Airlines constata l’«indisponibilité de maladie» de 40 pilotes, tandis que le 28/03, 11 hommes de East Star Air, transporteur wuhanais, se mettaient au vert…

Au Nigeria toujours, la course à l’or noir

   La Chine poursuit son OPA sur l’Afrique « noire », entendez celle de l’or noir, et augmente la donne.

Au Nigeria, selon Shamsuddeen Usman, ministre des finances, Sinosure, l’agence chinoise de garantie du crédit-export, viendrait d’octroyer à son pays «40 à 50MM$» de facilités sur 3 ans, afin d’encourager des groupes chinois à investir dans des projets ferroviaires, de télécom (ZTE) ou d’énergie (CNOOC).

Avec 2,1M de baril/jour, le Nigeria est le 1er producteur du continent. L’offre a été formulée en mars, lors du passage d’une délégation industrielle chinoise. Le financement serait remboursé en pétrole. Les deux pays, à ce stade, ont entamé les négociations. Dès le 31/03, Abuja annonçait la signature de plusieurs accords de prêts portant sur plus de 8,6MM$, à long terme et à bas taux.

/dernière minute/ dernière minute/ dernière minute/

Total, le pétrolier français, cède 1,6% de ses parts à CIC (China Investment Corporation), le fonds souverain chinois, pour 1,8MM². « Achat au fil de l’eau » pense cet observateur averti : opération opportuniste, destinée à profiter du bas cours actuel (46,5² contre 64² début 2007) pour réaliser des gains. Peu de chance, à ce stade, de convertir l’achat en positionnement stratégique sur le 4ème pétrolier mondial.

 

 

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